pavard (benjamin) (P.Lahalle/L'Equipe)

En fait-on trop avec Benjamin Pavard en équipe de France ?

Son but exceptionnel contre l'Argentine a fait de lui un des chouchous du public français. Pourtant, Benjamin Pavard a affiché en Russie et même contre l'Allemagne, jeudi, des lacunes assez criantes. En fait-on trop avec lui ?

On attendait tout le monde sauf lui pour le rendez-vous crucial en Russie. Sa présence dans la liste des 23 retenus par Didier Deschamps pour le Mondial a même fait parfois grincer des dents. Et pourtant... Profitant de la blessure de Djibril Sidibé, Benjamin Pavard a été propulsé dans le onze de départ des Bleus pour le premier match de la Coupe du monde, contre l'Australie (2-1). Avec, à la clé, un match honnête, sans plus, comme la plupart de ses coéquipiers.

Malgré une performance plutôt décevante face au Pérou pour sa deuxième sortie (1-0), il conservera cette place de titulaire tout au long du tournoi, hormis lors du troisième match de poule contre le Danemark, pour lequel Deschamps avait pas mal fait tourner. S'il a signé quelques performances intéressantes, le défenseur de Stuttgart a surtout inscrit un but crucial d'un bijou de frappe en pleine lucarne contre l'Argentine, en huitièmes, qui a eu le mérite de relancer complètement des Bleus jusqu'alors menés au score. Suffisant ? Pas forcément.

Une hype autour du natif de Maubeuge a eu beau voir le jour, surtout sur les réseaux sociaux, le joueur n'a pas toujours rassuré dans le jeu. Offensif, déjà, où son apport a été souvent limité, en quantité mais aussi en qualité. Mais aussi de l'autre côté du terrain, là où il est censé être le plus à l'aise, lui le défenseur de métier. Parfois brouillon dans ses interventions défensives, il n'a pas non plus forcément brillé dans son placement (cf le deuxième but argentin) ou ses anticipations. Son match assez solide contre l'Uruguay, en quarts, a ainsi contrasté avec ses sorties plus compliquées face à la Belgique, en demies, puis la Croatie, en finale.

Reconduit par son sélectionneur jeudi contre l'Allemagne (0-0), Benjamin Pavard a rendu une copie à peu près semblable : brouillonne. Bien sûr, il n'évolue pas à son poste de prédilection, en défense centrale, et sa tâche est forcément plus compliquée en évoluant derrière un Mbappé dont le repli défensif n'est pas la qualité première. Mais il peut et doit faire mieux. Techniquement, tactiquement, et dans ses choix, offensifs comme défensifs. Il en a les moyens. Et, à 22 ans, il a encore tout le temps de progresser. A condition, peut-être, de le laisser grandir et de ne pas le voir trop haut trop vite.

Bruno Rodrigues