Eder a donné le titre au Portugal face à la France. (R. Martin/L'Equipe)

Eder, Will Grigg, Gabor Kiraly : que sont devenus les héros de l'Euro 2016 ?

En 2016, la France accueillait l'Euro. Près de quatre ans plus tard, alors que la prochaine édition a été reportée à 2021 en raison de la pandémie du coronavirus, quel a été le destin de quelques-unes des figures qui avaient animé la compétition ?

On devra donc patienter une année supplémentaire pour connaître le successeur du Portugal, vainqueur du dernier Euro, en 2016, en raison de la pandémie du coronavirus. Il y a près de quatre ans, la compétition, ouverte pour la première fois à 24 nations, mettait en lumière de nouveaux visages, en révélait d'autres. Beaucoup d'entre eux ont connu des lendemains difficiles, du moins pas aussi radieux que ce que pouvait laisser espérer leur performance dans la compétition.

Eder, un moment de gloire sans lendemain

On n'ira pas jusqu'à affirmer qu'il a volé la vedette à Cristiano Ronaldo, qui a profité de cet Euro pour notamment égaler le nombre de buts inscrits dans cette compétition, soit 9. Comme Michel Platini qui, lui, avait réussi cette performance en une seule phase finale, en 1984. Mais, en finale face à la France (1-0, a.p.), c'est bien le Lillois de l'époque qui est décisif. Entré en jeu à la 79e minute, il a marqué durant la prolongation (109e). De retour au LOSC (6 buts en 31 matches de L 1), le longiligne attaquant a signé au Lokomotiv Moscou, un an plus tard.

Seulement, malgré un temps de jeu régulier, une nouvelle efficacité (5 buts en 16 matches de Championnat de Russie) et une participation à la Ligue des champions, il n'a joué qu'à six reprises avec la Seleçao depuis juillet 2016, rappelé à l'automne dernier (sans jouer), après une longue période de désert. À 32 ans, avec entre autres l'avènement de Joao Félix (Atlético de Madrid), il n'est clairement pas l'avenir de l'équipe du Portugal, dont le bilan s'élève à 5 buts en 35 sélections.

Will Grigg n'est plus « en feu »

Durant l'Euro 2016, on l'a plus chanté qu'on l'a vu jouer. S'il n'a pas disputé une seule minute des quatre rencontres de l'Irlande du Nord, éliminée en huitièmes de finale par le pays de Galles (0-1), Will Grigg a été la star de son équipe. L'une des stars de la compétition, même, puisque le chant des supporters britanniques à sa gloire, le fameux Will Grigg's On Fire, la reprise du tube de la chanteuse Gala Freed from Desire, a résonné dans toute la France.

Buteur alors de Wigan, qu'il a contribué à faire de remonter de D3 à la D2 anglaise, l'attaquant n'est pas un pilier de la sélection, dont il va longtemps être écarté (sportivement), avant d'être rappelé, à l'automne 2018, pour la dernière fois. Il ne compte ainsi que cinq capes depuis l'Euro. Durant cette période, peinant à se montrer efficace en Championship, il s'est engagé, l'été dernier, avec Sunderland, relégué au niveau en dessous (Ligue One). À bientôt 29 ans, il a même fini par perdre sa place chez les Black Cats, auteur d'un seul but en Championnat cette saison (20 apparitions).

Grigg sous le maillot de Wigan en 2017. (S. Stacpoole/Offside/Presse Sports)

Graziano Pellè et l'exil en Chine

C'est un attaquant qui ne s'est encore jamais imposé en Serie A, après des passages furtifs à Lecce et à Parme, qui est titularisé à la pointe de la Nazionale pour l'Euro 2016, appelé pour la première fois lors des qualifications. Alors qu'il flirte avec les 31 ans, le grand (1,93 m) avant-centre de Southampton (Premier League) se montre indispensable, marquant contre la Belgique (2-0), au premier tour, et l'Espagne (2-0), en huitièmes de finale.

Mais, en quarts face à l'Allemagne (1-1, 5-6 aux t.a.b.), il manque sa tentative lors de l'interminable séance de tirs au but. À l'issue de la compétition, l'âge avançant, il part pour la Chine et un contrat lucratif au Shandong Luneng, où il va se distinguer jusqu'en décembre dernier (45 buts en 88 matches de Championnat). Mais c'est un exil qui met aussi un terme à sa carrière en sélection, dont il avait fortement compromis l'avenir en refusant de serrer la main de Gian Piero Ventura, qui l'avait remplacé lors d'un match contre l'Espagne (1-1), le 6 octobre 2016. Sa dernière cape.

Pellè lors des quarts de finale de l'Euro 2016 contre l'Allemagne. (R. Martin/L'Équipe)

Kolbeinn Sigthorsson, pas un grand souvenir à Nantes

Sujet de railleries des supporters du FC Nantes, pour ne pas dire de ses propres coéquipiers, lors d'un passage chez les Canaris (2015-2019) surtout marqué par les blessures (genou), l'attaquant islandais est toujours resté un élément incontournable de la sélection islandaise. L'ancien joueur de l'Ajax Amsterdam est donc bien titulaire chez les « Vikings », qui vont ravir leurs 30 000 supporters présents en France jusqu'aux quarts de finale et une défaite face aux Bleus (2-5).

Ce jour-là, son deuxième but dans la compétition est honorifique, à la différence de celui inscrit en huitièmes, contre l'Angleterre (2-1), synonyme d'une qualification historique. Quelques mois plus tard, il est prêté prêt à Galatasaray (août-décembre 2016), où il ne jouera pas, et devra patienter jusqu'en mars 2019 pour quitter, définitivement, la Loire-Atlantique, alors qu'il était laissé à la disposition de l'équipe réserve. Libéré de son contrat, il rebondit à Solna, en D1 suédoise (3 buts en 17 matches). À 30 ans, il comptabilise 26 buts en 58 sélections islandaise.

Sigthorsson face à l'Angleterre en 8es de finale de l'Euro. (A. Mounic/L'Équipe)

Gabor Kiraly, la retraite à 43 ans

Disposant du physique du gardien moderne, du haut de son 1,90 mètre, il n'en avait pourtant pas la tenue. Reconnaissable entre tous grâce à son accoutrement composé d'un bas de survêtement gris, en coton, le Hongrois a été, en France, le joueur le plus vieux à disputer un Euro, à 40 ans et 86 jours. Et, pour sa première grande compétition internationale, lui qui fut un solide portier en Allemagne (Hertha Berlin, Munich 1860), mais aussi en Angleterre (Crystal Palace, surtout, Burnley, Aston Villa, Fulham), fut l'un des acteurs majeurs de la bonne tenue de la formation magyare (éliminée en 8es de finale), avec notamment 17 arrêts en 4 matches.

Dans la foulée, il annonce sa retraite internationale, qui ne sera finalement scellée quelques mois plus tard (108 capes), ce qui ne l'empêchera pas de poursuivre sa carrière en club, de retour au pays en 2015, au Szombathelyi Haladas (D1 hongroise), le club de ses débuts professionnels, jusqu'en mai 2019... à l'âge de 43 ans !

Kiraly dans les airs contre la Belgique lors de l'Euro. (R. Martin/L'Équipe)

Emre Mor, l'espoir déchu

Alors qu'il n'avait pas encore 19 ans quand il a été retenu pour l'Euro, ce petit attaquant de côté possède une histoire singulière. Élevé au Danemark, le pays de sa maman dont il a porté les couleurs en jeunes, il n'obtient la nationalité turque, celle de son papa, que quelques mois avant la compétition, par l'entremise, notamment, de Fatih Terim, le sélectionneur. En France, alors que le Borussia Dortmund vient de l'acheter au Randers FC (contrat de 5 ans), il va confirmer les attentes placées en lui (une passe décisive), même si son pays sera éliminé dès le premier tour.

Celui qui est, parfois, surnommé le « Messi turc » est retenu dans l'équipe type des joueurs de moins de 21 ans. Mais, depuis, c'est plus compliqué pour lui. Un an après son arrivée en Allemagne, il signe pour cinq saisons en Espagne, au Celta Vigo, avant un prêt à Galatasaray à l'été 2019, sans s'imposer, puis un autre à l'Olympiakos, en janvier dernier, où il n'a pas joué, avant la pandémie du coronavirus. Messi ? Mais non...

Emre Mor en action contre la République tchèque lors de l'Euro. (P. Lahalle/L'Équipe)

Chris Coleman, les échecs après l'embellie

Le sélectionneur gallois, qui a tenu près de six ans à son poste (janvier 2012-novembre 2017), est l'un des deux seuls coachs des Dragons à les avoir menés en phase finale d'un grand tournoi, après Jimmy Murphy, cinquante-huit ans plus tôt (Coupe du monde 1958, quarts de finale). Et le parcours, en France, s'est terminé sur une demi-finale historique, perdue face au Portugal (0-2), le futur vainqueur.

Seulement, les Gallois ne confirmeront pas, échouant à se qualifier à la Coupe du monde 2018 et en novembre 2017, l'ancien technicien de Fulham (2003-2007) part entraîner Sunderland (Championship). Ce sera un échec puisque, avant même la fin de la saison, il est licencié, les Black Cats étant relégués en D3 anglaise, à l'opposé de l'objectif de la remontée en Premier League. Alors, le technicien est parti en Chine, au Hebei China Fortune... sans davantage de réussite, puisqu'il a été écarté, en mai 2019, onze mois après son arrivée. À bientôt 50 ans, il est, aujourd'hui, sans club.

Coleman (à gauche) sur le banc du pays de Galles lors de l'Euro. (R. Martin/L'Équipe)