bronn (dylan) (R. Perrocheau/L'Equipe)

Dylan Bronn (Niort), Chamois d'or

Passé en un an de la DH à la sélection tunisienne et aux portes de la L1, le défenseur de Niort (L2) Dylan Bronn connaît une ascension fulgurante et méritée.

Il dit lui-même que «ce genre de choses n'arrivent pas souvent». Et c'est vrai que la trajectoire de Dylan Bronn n'a franchement pas épousé la ligne droite généralement empruntée par adversaires et coéquipiers, suivant le chemin balisé détection-centre de formation-contrat pro. Lui n'a rien fait de tout cela et pourtant, il pourrait rapidement croiser dans l'élite tous ceux qui ont emprunté depuis l'enfance la voie royale. La sienne a été accidentée, mais c'est la vocation d'un club comme Niort de rattraper les injustices de la vie de footballeur et les oublis des recruteurs.

Bronn en est certain, «jamais un fax n'est arrivé pour moi au bureau de l'AS Cannes», son club de quatre à vingt ans, avant que le destin et un bon samaritain ne se chargent d'actionner l'aiguillage. Cette «personne qui a changé (sa) vie», c'est Cédric Lubasa, ancien attaquant de L2 passé par Clermont et le Gazélec, venu prendre du plaisir et le soleil à Cannes la saison passée. Il repère immédiatement la stature, le sens du timing, la vitesse de ce môme de tout juste vingt ans à l'époque, en parle à son ami d'enfance, Eddy Torest, devenu agent. Les deux comparses ont le même avis: le gamin peut aller aussi loin qu'il saute haut. Torest lui trouve un essai aux Chamois Niortais. La providence semble vouloir se racheter, elle qui, jusqu'à présent, avait snobé Bronn. «100% Cannois», comme il dit, même si son père est originaire de l'est et sa maman de Tunisie (on en reparlera), le défenseur a subi les soubresauts de son club de coeur, tombé en DHR il y a trois ans et ses ambitions avec. «Quand le club s'est écroulé, ça m'a mis un coup, reconnaît-il. Au fond de moi, j'ai continué à rêver devenir pro un jour, mais ça devenait compliqué. Et comme je ne voulais pas abandonner mon club, je suis allé en DHR

La L1 dès cet été

C'est une division plus haut, une accession plus tard, que Lubasa et Torest viennent le récupérer pour l'emmener quatre marches encore au-dessus, destination L2. Au départ, pour une petite semaine d'essai. Et une place en réserve une fois qu'il a convaincu les entraîneurs de l'époque (Carl Tourenne et Jean-Philippe Faure), il y a pile un an. Mais, décidément, le sort est bien décidé à se rattraper. Un titulaire, Mathieu Sans, se blesse au tout début de la préparation. Le nouveau coach Denis Renaud doit combler le trou dans son groupe pour un match amical face aux Herbiers (National). A la recherche d'un joueur pour dépanner, il sonde le staff de la réserve.

«On m'a dit qu'un défenseur devait arriver quelques jours plus tard pour la CFA2, se souvient Renaud. J'ai demandé à ce qu'il vienne plus tôt, juste pour faire le nombre pour le match. Mais, très vite, j'ai été séduit par Dylan. Il était haut dans le jeu aérien, il allait assez vite, il avait d'entrée des qualités de relance, ce qui est rare pour quelqu'un qui vient d'arriver.» Plus que ses qualités, c'est son attitude qui marque et convainc l'entraîneur. «Il arrivait le premier pour faire du gainage, il en faisait aussi après, ça m'a surpris pour quelqu'un qui arrivait de DH», poursuit Renaud, qui connaît ce monde amateur pour l'avoir côtoyé à Carquefou. La suite est une fulgurance. Titularisé dès la première journée, à Lens, Bronn s'aménage une place dans cette surprenante équipe niortaise, partie pour finir dans les dix premiers, ainsi que dans les listes des recruteurs... et des sélectionneurs. Devenu international tunisien à sa grande surprise («il y avait Abdennour, des gens comme ça, ça me semblait inaccessible»), Bronn a vu sa cote grimper, grimper, jusqu'à envisager de franchir un nouveau palier cet été. Finalement, c'est sans doute Denis Renaud qui a raison: «tout ça, c'est quand même une belle histoire».

Arnaud Tulipier