aubameyang (pierre emerick) (D. Fevre/L'Equipe)

Du Milan AC au Borussia Dortmund, les six vies d'Aubameyang (1/2)

A vingt-sept ans, Pierre-Emerick Aubameyang fait le bonheur de Dortmund. Son avènement s'est longtemps fait désirer, tant le Gabonais a multiplié les prêts sans faire l'unanimité. France Football retrace le parcours du buteur masqué.

La carrière de Pierre-Emerick Aubameyang n’a pas été un long fleuve tranquille. Mais si ce dernier a souvent navigué à vue, ses qualités mentales, louées par la plupart de ses entraîneurs, lui ont toujours permis d’envisager des jours meilleurs. Pour celui qui a baigné dans le football dès son plus jeune âge, les oscillations de son parcours n’ont jamais été une fatalité. Encore aujourd’hui, l’attaquant espère gravir la marche qui le sépare du top mondial.

Le foot, une histoire de famille

Petit, Pierre-Emerick Aubameyang aspire à marcher dans les pas de son père éponyme - le «Emerick» en moins -, international gabonais aux 80 sélections. Sa jeunesse va au grès de la carrière de la figure paternelle, de Toulouse à Nice, en passant par Trieste, en Italie, et Barranquilla, en Colombie.

Au moment de lancer le fiston dans le grand bain, Pierre Aubameyang lui promet le centre de formation du grand Milan AC, club dans lequel l’aîné de la famille, Catilina, dispute quelques matches au début des années 2000. Après un bref passage au Havre, puis à Bastia, la descendance intègre finalement le Milanello, centre d'entraînement et de formation du club lombard. Mais son seul fait d’armes avec l'équipe rossonero se résume à un tournoi de Champions Youth Cup en Malaisie, où il inscrit sept buts, portant son équipe à la quatrième place de la compétition.



L’équipe première, elle, ne fait pas une seule fois appel à lui. Alors le jeune Aubameyang aurait-il voulu tout faire trop vite en signant son premier contrat professionnel avec la formation italienne ? Le Milan d’aujourd’hui, au sein duquel il aurait probablement eu sa chance, n’est pas le Milan d’hier, fort de ses Ronaldo, Kaka, Seedorf et Pato. Et si son deuxième frère, Willy, a la chance d’hériter de 45 minutes de jeu en Coupe d’Italie, Pierre-Emerick se voit contraint de ronger son frein chez les U19. Alors quand le Milan lui propose un prêt, Aubam’ saute sur l’occasion.

De belles promesses à Dijon

«On a tout de suite remarqué la gentillesse et l’éducation du garçon. Ce n’est pas parce qu’il venait du Milan qu’il avait la grosse tête», se souvient Faruk Hadzibegic, son entraîneur à Dijon, lorsque le Gabonais débarque dans le club bourguignon, en 2008. Pierre-Emerick Aubameyang, qui revient sur la pointe des pieds dans l’Hexagone, fait ses débuts en Ligue 2 face au RC Lens (3-1).

Le staff dijonnais apprécie son profil d’attaquant polyvalent, capable d’évoluer sur les ailes comme en pointe, associé ou non. Au total, il dispute 37 matches et inscrit 8 buts, finissant deuxième meilleur buteur du club derrière Sebastian Ribas (9).


«Il avait déjà un talent certain à cette période», se rappelle Hadzibegic, pas étonné par l’explosion au plus haut niveau de son ancien poulain. A l’époque déjà, la pointe de vitesse d’Aubameyang impressionne. Plus étonnant pour un attaquant, le staff loue son travail défensif : «Il avait une discipline très intéressante pour un attaquant évoluant sur les côtés», poursuit son ancien entraîneur.

Mais à Milan, sa belle saison passe inaperçue. La Serie A, encore inconditionnelle des attaques à deux pointes et des milieux de terrain denses, n’a pas encore intégré la possibilité de voir des ailiers fleurir sur ses feuilles de match. Aubameyang fait l’amère expérience d’une autre définition du catenaccio, ce satané verrou, apposé sur les portes de l’équipe première.

Une confirmation qui se fait attendre

Après la saison 2008-09, Aubam’ repart en prêt. En France, sa saison à Dijon et ses débuts avec l’équipe de France espoirs, puis avec la sélection gabonaise, sont remarqués dans l’élite. A seulement vingt ans, il atterrit à Lille, où le club joue le haut de tableau et la Ligue Europa. Le jeune attaquant, qui alterne entre l’aile gauche et l’aile droite, est d’ailleurs l’auteur d’une performance remarquée contre Genk lors du match retour du tour préliminaire de C3 grâce à ses deux passes décisives (4-2).

En 2010, Aubameyang dispute 32 minutes de jeu lors de la double confrontation contre Liverpool en huitièmes de finale de Ligue Europa.

Seulement voilà, Aubameyang se retrouve rapidement sur le banc. En cause, le rendement exceptionnel du trio Gervinho-Hazard-Sow, qui mènera le LOSC au titre, un an plus tard, et le jeu prôné par Rudi Garcia basé sur la possession, qui ne colle pas avec les qualités du nouvel arrivant. Après quatorze petits matches en Ligue 1, le natif de Laval repart aussi discrètement qu’il est arrivé. Peu aigri sur son expérience lilloise, Aubameyang reviendra avec humilité sur son passage chez le futur champion en 2009-10, dans les colonnes de la Voix du Nord, plaidant «sa jeunesse et son manque d’expérience». 

De son côté, le Milan se retrouve bien embarrassé de voir revenir son jeune joueur, prêté avec option d’achat. Et ce n’est pas cette saison lilloise qui va convaincre le club lombard de lui laisser sa chance. L’éclosion de Pierre-Emerick Aubameyang tarde, alors que les critiques sur son manque de qualités intrinsèques, en dehors de sa vélocité, se font plus insistantes. 

Mercredi, découvrez le deuxième volet des six vies de Pierre-Emerick Aubameyang.

Antonin Deslandes