mendy (ferland) fekir (nabil) (A.Reau/L'Equipe)

Donetsk-OL : attendu au tournant, Nabil Fekir a répondu dans un moment chaud

En proie aux critiques sur son niveau de jeu, Nabil Fekir s'est montré décisif dans la qualification de Lyon en huitièmes de finale. De là à lui permettre de trouver un second souffle et de redevenir Fekir royal ?

Un contrôle précis après un bon service de Memphis Depay, un petit décalage pour empêcher Maycon d’intervenir, une frappe puissante et précise dans la lucarne de Pyatov. Il était attendu pour performer dans un tel match si décisif. Il voulait sans aucun doute répondre à ceux qui doutaient de ses capacités et qui auraient même vu d’un bon oeil de le voir débuter sur le banc en Ukraine. Après une heure bien délicate où le déchet était bien trop gros, Nabil Fekir sortait l’exploit qu’attendaient son club et ses supporters. Avec la qualification du club de Jean-Michel Aulas pour les huitièmes de finale de la Ligue des champions.

Du déchet en veux-tu, en voilà

Pourtant, pendant très (trop) longtemps, on se disait que les sceptiques avaient raison. Positionné très haut sur le pré, le numéro 18 des Gones connaissait de trop nombreux mauvais choix dans le jeu. Dès la 2e minute, il préférait par exemple tenter sa chance aux quarante mètres au lieu de lancer un Bertrand Traoré bien placé sur la droite. Au cours de la première demi-heure, Fekir se baladait sur le front de l’attaque, mais en décrochant trop peu. Si Houssem Aouar distillait quelques bons ballons avant de baisser en intensité, on sentait que l’OL avait besoin de son métronome pour perturber un Donetsk bien en place. Et quand Fekir n’était pas à la baguette, ce sont ses coéquipiers qui prenaient à leur tour la mauvaise option comme sur cette action où Traoré choisissait de frapper au lieu de servir un Fekir absolument seul sur sa gauche (31e). Mais le champion du monde français montait en puissance. Sur une touche sur la gauche, il se jouait de son vis-à-vis et avait le coup d’oeil parfait pour alerter Ferland Mendy qui ne cadrait pas dans un flot d’occasions assez dingue côté OL (45e). Avant de la jouer en solo, alors qu’il était entouré juste derrière (45e+1). Le second acte débutait sur le même rythme, Fekir alternant le bon et le moins bon comme sur ces passes mal ajustées (48e et 52e).

«Le fait que ce soit lui qui marque, je trouve que c'est un très beau symbole pour l'équipe»

Jusqu’à donc cette 65e minute pour délivrer les siens. Un but, son troisième dans cette Ligue des champions 2018-19, qui lui a redonné un second souffle. Et peut-être un peu trop d’envie puisqu’il récoltait un carton jaune dans la foulée. Un avertissement synonyme de suspension lors du huitième de finale aller en février au Parc OL, un gros coup dur, déjà... «On savait que ça n’allait pas être facile avec la neige et le terrain gras, avouait Fekir sur RMC Sport après la rencontre. On a persisté et on a été récompensés. Le héros ? Toute l’équipe a été le héros. Il y a des périodes où ça va un peu moins bien. Ce soir, il fallait être présent.» «Il a été pas mal remis en question. Le fait que ce soit lui qui marque, je trouve que c'est un très beau symbole pour l'équipe», se félicitait ensuite son entraîneur Bruno Genesio sur RMC Sport. Ce but si important pour lui et son club peut-il le relancer alors que certains bruits font état d’un transfert dès le mois de janvier ? Il faudra en tout cas bien réfléchir côté OL, même si Jean-Michel Aulas l’a assuré sur RMC Sport : «Il n’y a pas de volonté de faire partir des joueurs.» Car oui, son meneur de jeu est sûrement moins explosif qu’avant sa grave blessure au genou, mais il semble tout de même conserver ce côté si indispensable qu’il serait dommage de s’en passer dès janvier. Car un départ anticipé nécessiterait de voir un remplaçant arriver. Et dans ce mercato, on ne sait jamais trop ce que l'on gagne au change. Laissons donc du temps à Nabil Fekir. Il l'a prouvé en Ukraine : il est loin d'être mort.

Timothé Crépin