govou (sidney) benzema (karim) (L'Equipe)

Dix histoires de numéros dix

Vendredi, c'était le 10/10, donc la journée des dix sur Francefootball.fr L'occasion de revenir sur quelques passages de l'histoire du foot où ce mythique numéro fut l'objet de surprises, débats et discordes. Top 10, évidemment.

Benzema spolie Govou sans fair-play

Malgré son Euro 2008 raté, Karim Benzema se voit déjà comme un pilier des Bleus. En septembre 2008, avant les rencontres en Autriche et face à la Serbie, le jeune Lyonnais utilise un subterfuge pas très sport pour obtenir le numéro 10 en sélection. Pendant le rassemblement précédant le match du 6 septembre, en Autriche donc, l’attaquant va voir le chargé des équipements, Manu De Faria, et lui explique de floquer le numéro 10 de son nom.

Lorsque De Faria lui explique qu’il faut d’abord en référer à son actuel détenteur, Sidney Govou, Karim Benzema répond que c’est déjà chose faite, personnellement. Et que l’ailier droit est, bien sûr, d’accord. Sauf que c’était un mensonge et que le joueur de 29 ans apprend la nouvelle en découvrant sa tenue quelques minutes avant la photo officielle. Sympa, surtout entre coéquipiers lyonnais…
 

Ibra insiste, Nene disparaît

Le Paris Saint-Germain confirme son entrée dans la cour des grands à l’été 2012. Comment ? En arrachant Thiago Silva et Zlatan Ibrahimovic au Milan AC. Le Suédois affirme d’ailleurs aux médias : «J’espère que le club saura me faire plaisir.» En gros, lui donner le numéro 10. Problème, son détenteur, Nene, ne veut pas le lâcher.
 
Le Brésilien a de quoi faire niveau ego et sort d’une saison réussie où il termine meilleur buteur de Ligue 1, à égalité avec Olivier Giroud (21 buts). Bizarrement (ou pas), le milieu offensif disparaîtra au fur et à mesure du onze parisien, avant de plier bagage en janvier 2013 vers Al Gharafa. Ibra abandonne aussitôt son numéro 18 et enfile le 10 avec joie. Mais seulement en Championnat, le changement n’étant pas autorisé en Ligue des Champions. À noter que les deux joueurs sauront mettre leurs différends passés de côté afin de poser ensemble après la belle qualification à Chelsea la saison dernière.
 

Ibra arrivera rapidement à ses fins pour récupérer le 10 de Nene. (L'Equipe)

Platini fait preuve de respect envers Guillou

Michel Platini n’a pas toujours eu tout ce qu’il voulait tout de suite. Lors de la Coupe du monde 1978, en Argentine, le fameux numéro 10 est alors porté par Jean-Marc Guillou. Les quatre bonnes saisons consécutives en D1 du Nancéien n’y font rien, ni même ses deux années convaincantes en sélection. Le respect des anciens et la patience faisaient apparemment partie des qualités du futur triple Ballon d’Or. Une patience que d’autres jeunes Français ne feront pas preuve par la suite…

Gallas, sas de décompression après Bergkamp

En septembre 2006, personne n’ose y croire parmi les supporters des Gunners. Et pourtant… Dennis Bergkamp («Thenon-flying Dutchman») vient de raccrocher et de disputer son jubilé en août. Son numéro 10 cherche donc preneur. Et ce sera William Gallas, le stoppeur français. Cette nouvelle étonne tant les qualités techniques du défenseur étaient loin d'être prouvées. Une explication sera donnée plus tard : éviter une trop grande pression au joueur (offensif) reprenant le flambeau. C’est sûr qu’après Gallas, la comparaison fera moins mal.

Faubert, Zidane d'un soir

L’après Mondial 2006 est rude. Non seulement la France a perdu en finale face à l’Italie, mais elle doit définitivement apprendre à vivre sans Zinédine Zidane. Le meneur de jeu des Bleus prend sa retraite et laisse vacant le numéro 10. Personne n’osant prendre sa suite, Julien Faubert, fraîchement appelé et promu des Espoirs, se dévoue. Avec bonheur, puisqu’il marque un but pour sa première sélection (contre la Bosnie-Herzégovine, le 9 août 2006). Laquelle restera sa seule et unique cape avec les Bleus.

Julien Faubert, ici avec Gaël Givet, pour sa seule sélection chez les Bleus. Avec le 10. (L'Equipe)

Zizou laisse ego et numéro à Figo

Numéro 10 depuis belle lurette en équipe de France, Zidane n’a pas encore eu cette chance en club. Le 7 à Bordeaux, le 21 à la Juventus. Le meneur de jeu espère mettre fin à cette incongruité lorsqu’il signe au Real Madrid, à l’été 2001. Hélas, son détenteur, Luis Figo, refusa de le lui léguer. Bien que son numéro favori soit le 7, alors pris par Raul. Car oui, personne ne veut participer à ce jeu de chaises musicales où le prix ne fait rêver personne : récupérer le 5, libre après la retraite de Manuel Sanchis. Diplomate, Zizou accepte que ce numéro de stoppeur lui échoie. Mais dans l’esprit de beaucoup, le meilleur, c’est lui et personne d’autre.

Lassana Diarra ne rate pas une occasion

Le revenant des Bleus ne le dit pas mais il aime beaucoup le numéro 10. Et Lass’ est un récidiviste ! Aujourd’hui, le milieu récupérateur porte fièrement le 10, suite au départ de Florian Thauvin vers Newcastle. Cabella, lui, s’est contenté du 13, fier de représenter les Bouches-du-Rhône. Mais revenons six ans en arrière…
Voilà que Lassana Diarra fait partie de l’effectif du Real Madrid, depuis janvier 2009. Le détenteur du fameux 10 n’est autre que Wesley Sneijder, lequel quitte la capitale espagnole. Une occasion que ne manque pas le Français. C’est quand même la classe, 10 au Real ! Même Zizou n’a pas eu cette chance. Mais cela n’aura duré qu’un an. À l’été 2010, Mesut Özil, tout juste recruté, prend la relève. Logiquement.

Lass' Diarra, numéro 10 du Real Madrid. (L'Equipe)

Un an à blanc entre Özil et James Rodriguez

Après trois ans au stade Santiago-Bernabeu, l’Allemand quitte soudainement les lieux. Le dernier jour du mercato d’été 2013, l’élégant meneur de jeu s’engage avec Arsenal et le numéro 10 se retrouve sans propriétaire pour la saison 2013-14. Un comble pour le mythique club madrilène qui remporte sa Decima (dixième Ligue des champions) en fin de saison.
L’anomalie sera réparée l’été suivant. Auteur d’une excellente Coupe du monde 2014 (six buts et deux passes décisives), James Rodriguez fait craquer le président Florentino Perez, toujours avide de «crack». Alors que Luka Modric commençait à lorgner sur le fameux numéro libre, ce dernier est réservé au Colombien. Et depuis, James le porte bien.

Pogba, choix par défaut ?

Carlos Tevez n’a pris personne en traître. Dès sa signature, en 2013, à la Juventus, l’attaquant émettait déjà ses envies de rentrer rapidement dans son pays, pour se rapprocher de sa famille. Malgré cela, Carlos Tevez récupérait le numéro 10, orphelin depuis le départ de Del Piero, un an auparavant (2012).
L’expérience fut courte, intense et réussie. La Vecchia Signora continue d’engranger les titres de champion d’Italie et Carlitos plante pas mal de buts. Le sentiment du devoir accompli, et une irrépressible envie de rentrer à la maison, le pousse à partir à l’été 2015. Seulement deux ans après son arrivée. La Juventus cherche alors son nouveau numéro dix. En termes de jeu, d’apport à l’équipe, elle n’en trouvera pas. Alors elle le confie à celui qui a le statut de «star», le plus bankable de l’effectif : Paul Pogba. Une erreur, pensent beaucoup. Et, pour l’instant, ce n’est pas le début de saison raté du Français qui les contredira.

Ben Arfa use ses droits et son aura

L’actuel Niçois aura tout connu avec Newcastle. De la joie, de la peine, des honneurs, des rancoeurs, de la confiance, de la défiance. Lorsqu’il arrive en prêt à l’été 2010, les numéros sont déjà attribués, dont le 10 à Wayne Routledge. Hatem Ben Arfa hérite donc du 37. Quatre rencontres suffiront à convaincre les dirigeants de son talent, avant d’être mis hors des terrains pour de longs mois, suite à l’agression de Nigel de Jong le 7 octobre 2010. À l’été 2011, Newcastle lève l’option d’achat et fait signer définitivement le milieu offensif.
Le dribbleur récupère alors le numéro 10. Nouvelle star du club, adoré des supporters, leader technique, ce numéro lui revient de droit. Et le club lui rend tous les honneurs possibles pour le mettre en confiance. Le natif de Clamart ne change pas, hélas. Il fait toujours preuve d’irrégularité et les Magpies se lassent. Surtout l’entraîneur Alan Pardew. La rupture a lieu à l’été 2014. Le club lui retire son numéro et le place en réserve, afin de le pousser à partir. Objectif accompli, Ben Arfa rejoint Hull City en prêt. Avant de résilier son contrat six mois plus tard et de se retrouver au chômage.

Maxime Lavoine