(L-R) Hakim Ziyech of Ajax, Noussair Mazraoui of Ajax during the Dutch Eredivisie match between Feyenoord Rotterdam and Ajax Amsterdam at the Kuip on January 27, 2019 in Rotterdam, The Netherlands *** Local Caption *** (L'Equipe)

Dix choses à savoir sur Noussair Mazraoui, le latéral du Maroc et de l'Ajax Amsterdam

Impressionnant cette saison avec l'Ajax, Noussair Mazraoui peut confirmer son potentiel lors de cette CAN, qu'il dispute avec le Maroc. Le bonhomme, lui, est plutôt atypique. La preuve avec dix choses à savoir à son sujet.

Il aurait pu jouer pour les Pays-Bas

Comme Mbark Boussoufa, Ibrahim Affelay, Nordin Amrabat ou Abdelhak Nouri, Noussair Mazraoui est issu de la diaspora marocaine aux Pays-Bas. Né de parents marocains, l’arrière droit de l’Ajax a donc eu, comme beaucoup de footballeurs avant lui, un choix à faire entre la sélection hollandaise, celle de son pays natal, et celle du Maroc, son pays d’origine. International hollandais chez les moins de 15 ans, Mazraoui a finalement rejoint les Lions de l’Atlas qu’il a représenté en U20 et en Espoirs, avant d’être appelé une première fois chez les A en mai 2018 et de figurer dans la liste des réservistes pour le Mondial. Quelques semaines après la Coupe du monde, le sélectionneur des Oranje Ronald Koeman a bien tenté de le persuader de rejoindre les Pays-Bas. Une intervention qui a d'ailleurs fait douter Mazraoui : «Avant de parler à Koeman, j’ai toujours pensé que je savais que je voulais jouer pour le Maroc», a-t-il déclaré à NOS. Mais il optera finalement pour le Maroc. «Depuis trois ans que je joue pour le Maroc, les Pays-Bas ne s’étaient jamais manifestés. Si on me mettait un fusil sur la tempe et qu’on me demandait de choisir, je dirais le Maroc.» Au moins, c’est clair. Quelques semaines plus tard, le 8 septembre 2018, il honorera sa première sélection avec le Maroc d’Hervé Renard en éliminatoires de la CAN, contre le Malawi (3-0). 

Il est né à Leiderdorp, comme Matthijs De Ligt

Noussair Mazraoui est né le 14 novembre 1997. Mais il est surtout né à Leiderdorp, une ville d’un peu moins de 30 000 âmes située dans le Sud des Pays-Bas, dans la province de Hollande-Méridionale. Il n’y restera pas très longtemps, puisqu’il grandira à Alphen-sur-le-Rhin, à quelques kilomètres de là, mais il partage ce lieu de naissance avec un autre joueur de la «Class of 2019» de l’Ajax : son partenaire en défense Matthijs De Ligt. Plus vieux de deux ans, Mazraoui a fait son entrée au centre de formation de l’Ajax en 2006, contre 2009 pour De Ligt.

Plus jeune, il était très timide sur le terrain

«Quand tu passes ta jeunesse assis sur le banc, tu commences à douter de toi» : s’il faut beaucoup d’assurance pour être footballeur professionnel, plus jeune, Noussair Mazraoui a connu une période de doute intense lors de sa formation à l’Ajax. «Ma formation s’est bien déroulée, j’ai toujours fait de mon mieux, mais je ne pensais pas que c’était vu ou apprécié, a-t-il confié au Telegraaf. Trop d’attention était accordée au négatif, et pas assez aux choses que je faisais bien.» Résultat, quand Mazraoui jouait, c’était la peur au ventre, anxieux de remettre en cause sa place à la Jong Ajax à chaque ballon touché : «Je n’osais presque rien pendant les matches. Quand j’avais le ballon, je voulais m’en débarrasser le plus vite possible. C’est même allé si loin qu’une fois, après une bonne première période, j’aurais préféré rester dans le vestiaire de peur de mal jouer après la pause

Il a cassé le jeûne du ramadan en pleine demi-finale de Ligue des champions

De confession musulmane, Noussair Mazraoui a dû concilier cette année les demi-finales de Ligue des champions et son jeûne. Certains sportifs décident de ne pas le faire les jours de match, puis de les rattraper par la suite. Pas Noussair Mazraoui. Le 8 mai 2019, à la 25e de la demi-finale retour de Ligue des champions contre Tottenham, Mazraoui et Ziyech ont ainsi cassé le jeûne sur le terrain en allant chercher du gel alimentaire sur la touche. Une décision critiquée par le préparateur physique de l’Ajax Raymond Verheijen : «Ce serait irresponsable, a-t-il averti avant le match dans le Mirror. Leur corps sera dérégulé, puisqu’ils vont brutalement changer leur façon de s’entraîner et de s’alimenter. Leur niveau de sucre dans le sang sera plus faible, et ça veut dire beaucoup moins d’énergie. Non seulement cela rend les joueurs moins alerte, mais ça affaiblit aussi musculairement.» Mazraoui s’était justifié de sa décision de faire le jeûne malgré tout dans un entretien accordé à Het Parool : «J’ai l’habitude. Je me sens assez énergique pendant le Ramadan, je ne remarque aucun changement. C’est mon choix.» Preuve en est, il a joué l’intégralité du match.

Il a été élu meilleur jeune talent de la saison par l'Ajax

Noussair Mazraoui a reçu cette saison l’un des deux titres individuels remis par l’Ajax Amsterdam à ses joueurs : celui de «Talent de l’année», remis au meilleur jeune joueur et décerné par le staff technique du club. Erik ten Hag et son équipe ont choisi l’arrière droit marocain après avoir récompensé Matthijs De Ligt la saison passée. «Nous avons choisi un joueur qui s’est révélé cette année, et qui a grandement contribué à notre succès», a justifié l’entraîneur de l’Ajax au moment d’annoncer le lauréat, lors de la célébration du 34e titre de champion des Pays-Bas de l’Ajax.

Il peut aussi jouer au milieu de terrain

Si sa position préférée est celle d’arrière droit, Noussair Mazraoui est un joueur polyvalent. Cette saison, il a joué une fois côté gauche, et six fois au milieu de terrain, dans un rôle défensif ou de relayeur. Il est notamment entré en jeu à ce poste en demi-finale aller de la Ligue des champions contre Tottenham en remplaçant Lasse Schöne peu après l’heure de jeu. 

Il vient de prolonger son contrat

En plein coeur de la belle aventure ajacide en Ligue des champions, Noussair Mazraoui a prolongé son contrat avec le club néerlandais. Le latéral est désormais lié à l’Ajax jusqu’en 2022. «Avant de signer, j’ai discuté avec mon agent qui m’a informé de l’intérêt de nombreux clubs, mais il est préférable pour moi de rester ici dans ce superbe club… surtout que cette saison est riche en réalisations européennes», a déclaré “Nous’” à Voetbal Primeur. Le Lancier, qui a pris part à 48 matches cette saison (pour quatre buts et cinq passes décisives), était pisté par plusieurs grosses écuries européennes selon la presse néerlandaise.

Il avait commencé des études pour devenir avocat

Le destin de Noussair Mazraoui était loin d’être tracé. Lorsqu’il évoluait dans les catégories de jeunes de l’Ajax, le latéral polyvalent n’était pas souvent titulaire. Pire, avec la Jong Ajax (le réserve du club ajacide), il était le seul joueur sans contrat. Mazraoui s’est alors demandé s’il ne valait pas mieux abandonner le football et se concentrer sur ses études… d’avocat. «J’aimais débattre, alors au fond de moi, l’idée d’étudier le droit et de devenir avocat a fait son chemin», déclarait l’intéressé à Algemeen Dagblad. S’il a débuté sa formation à 17 ans, il y a mis un terme dès lors qu’il a fait ses débuts professionnels avec l’Ajax en 2016.

Il avait pour habitude de regarder ce que les médias écrivait sur lui

Sa timide entrée dans le monde professionnel n’a pas été simple à gérer pour l’international marocain. Du jour au lendemain, les articles de journaux ont commencé à fleurir, les chaînes de télévision ont évoqué son nom et débriefé ses matches. Une situation que Mazraoui a mal vécue au début. «Personne ne me connaissait et en peu de temps, toute le monde avait une opinion sur moi, confiait l’intéressé sur le site officiel de l’Ajax. J’ai beaucoup consulté les sites de football pour lire ce qui était écrit sur moi. Cela ne m’a pas rendu plus heureux et j’ai commencé à douter de moi-même, donc j’ai décidé d’arrêter de regarder car tous ces avis ne m’aidaient pas.»

Son père et Hakim Ziyech sont ses deux mentors

Mustafa Mazraoui, le père de Noussair, l’a accompagné dès son plus jeune âge et l’a considérablement aidé dans son développement en tant que joueur. Présent à quasiment tous les matches, il a pour habitude de débriefer chaque rencontre avec son fils après la partie. Une coutume qui date et qui n'a pas toujours été simple à gérer, comme le révélait le latéral à Algemeen Dagblad : «Quand tu es un jeune garçon, ça fait parfois mal. Je pensais que je jouais bien, mais il me critiquait. Mais au final, c’était quelque chose de positif.» Par la suite, c’est Hakim Ziyech qui a repris le flambeau, encadrant Mazraoui à l’Ajax. «Je vois Hakim comme un grand frère. Il m’a appris à gérer mes déceptions. Contre Feyenoord par exemple (défaite 6-2 en janvier dernier, NDLR), j’ai reçu pas mal de critiques et je me sentais mal par rapport à ça. Hakim m’a pris à part et m’a dit : “Reste calme, lors du prochain match, tu retourneras tout”.»

Alexandre Aflalo  et Antonin Deslandes