lienard (dimitri) (R.Martin/L'Equipe)

Dimitri Liénard, le retour de «l'âme du Racing»

Confronté à l'Eintracht Francfort en barrage aller de la Ligue Europa, le Racing Club de Strasbourg a pu compter sur le retour en grâce de l'un de ses joueurs majeurs, le milieu Dimitri Liénard.

C'est l'image que la majorité retiendra de la saison 2018-19 de Dimitri Liénard. L'une des seules, tant celle-ci fût, malheureusement, poussive. Finale de la Coupe de la Ligue, séance de tirs au but. Troisième tireur alsacien, le numéro 11 s'élance et bat Marc-Aurèle Caillard d'une Panenka bien sentie. Un geste historique pour une soirée historique, qui a vu Strasbourg ajouter une nouvelle ligne à son palmarès, quatorze ans après son dernier triomphe en coupe nationale.

Doutes et grinta

C'est ça, Dimitri Liénard : un joueur discret, bosseur, parfois dans le dur, mais qui a un sens inné du geste sensationnel, et surtout "clutch". «C'est vrai qu'il a eu du mal à s'installer dans l'équipe type la saison dernière, mais beaucoup de Strasbourgeois retiennent surtout ce penalty», avoue Jeremy Kremser, supporter du Racing. Un autre coup de pied arrêté ancré dans la mémoire du peuple strasbourgeois, comme son coup franc contre Colmar en National, en février 2015, celui contre Brest en Ligue 2, en mars 2017, ou celui contre Lyon, qui assure le maintien en Ligue 1 à Strasbourg lors de la 37e journée de Ligue 1 en mai 2018. «Chaque saison, on a l'impression qu'il peut ne pas être à la hauteur, résume Jeremy. Mais on sait qu'avec lui, il peut toujours se passer quelque chose».

Un constat que partage Liénard. De son propre aveu, «on peut forcément avoir des doutes, moi le premier, sur ma capacité à avoir le niveau», confiait-il à Francefootball.fr en février 2018. Mais au final, rarement a-t-il déçu depuis son arrivée en Alsace, en 2013. «À chaque fois, j'ai réussi à élever mon niveau de jeu, à m'adapter, poursuivait-il. J'ai toujours dû me battre et travailler.» Un fighting spirit qui plaît à une Meinau qui sait apprécier à leur juste valeur ses guerriers. «Il n'y a qu'à voir le nombre de maillots floqués du numéro 11, constate Jean Labroche, un autre supporter strasbourgeois. Je ne suis pas un très grand fan du joueur, je trouve qu'il a du mal, mais il a la grinta et l'amour du maillot. Déjà en Ligue 2 il était en dessous, mais à force de persévérer il est toujours là, et il se bat chaque année pour sa place dans l'équipe.» Une place mise en péril la saison dernière, donc. Maintenu en Ligue 1, le Racing se renforce, accueillant notamment Lionel Carole et Adrien Thomasson sur le flanc. Thierry Laurey instaure alors progressivement un 5-3-2 qui complique la tâche à un Liénard qui, bien que ne comptant pas les kilomètres, n'est pas un joueur programmé pour les tâches défensives. Baladé entre un rôle de piston gauche dans lequel il est moins à l'aise et celui de milieu axial au gré des semaines, Dimitri Liénard, 4e joueur le plus utilisé du RCSA lors de la saison 2017-18 (38 matchs, 2 935 minutes jouées), passe au 14e rang pour la saison 2019-20 (28 matchs, 1 709 minutes jouées).

«Cette nouvelle âme qui ne se résigne jamais»

Avec ce début de saison anticipé, Ligue Europa oblige, Dimitri Liénard a retrouvé du temps de jeu, disputant intégralement trois des cinq matches du Racing jusqu'ici. Mais peut-il redevenir une pièce majeure du système Laurey ? «Il ne combine pas trop mal avec Lionel Carole côté gauche et, comme Kenny Lala n'est pas encore en grande forme, le jeu passe plus à gauche, ça le met en valeur, analyse Jean. L'an passé, Kenny a fait une superbe saison, donc le jeu passait par la droite, c'était dur de se montrer pour le coté Lienard-Carole.» Le dispositif utilisé par l'entraîneur strasbourgeois en ce début de saison, un 5-4-1 en losange, peut en tout cas laisser imaginer un retour à un rôle plus axial pour Liénard, dans lequel il évoluait avec le Racing en Ligue 2 et sans doute plus adapté à ses qualités.

En attendant un éventuel retour au premier plan d'un Kenny Lala sans doute préoccupé par son avenir - il confiait encore récemment qu'il était ouvert à un départ - celui de Liénard arrive en tout cas à point nommé pour Strasbourg. «Son retour en force n'est pour moi pas une surprise, confie Jeremy. Pour beaucoup de supporters, il représente l'âme du Racing, cette nouvelle âme qui ne se résigne jamais.» Une âme qui devra s'exprimer pleinement, dès ce jeudi soir contre Francfort, pour permettre à Strasbourg de réaliser son rêve d'Europe.

Alexandre Aflalo