(S.Mantey/L'Equipe)

Devant le Parc des Princes, les supporters soufflent le chaud et le froid sur Neymar : «Il peut se rattraper, à lui de jouer»

Come-back tendu, maillots en berne et rage intérieure : les supporters du Paris Saint-Germain nourrissent le clivage des opinions autour de Neymar Jr. Avant la rencontre, FF.fr est allé prendre la température.

La boutique des supporters est une institution. À quelques décimètres du Parc des Princes, on vient chercher goodies, casquettes, tee-shirts ou écharpes non officielles ; les plus stylées, surtout. Ici, en ce samedi de match et de retrouvailles, pas de Neymar. Du Mbappé, en vitrine comme en file d'attente, du Leonardo - voir ci-dessous -, mais pas de trace du numéro 10 brésilien. La tension n'est pas palpable mais elle existe, et la maigre nombre de maillots floqués «Neymar Jr», qui semble avoir un lien avec la recrudescence de maillots vintage, ne doit rien au hasard. «C'est mort, c'est fini», assène Guillaume, le regard droit vers la tribune Auteuil où il s'assoira quelques minutes plus tard aux côtés du Collectif Ultras Paris. Son collègue Nico, une bière Desperados flanquée à la main en cet après-midi de beau temps, enchérit le ton moins déterminé : «Le CUP a eu raison en communiquant comme il l'a fait, c'est la bonne méthode. Là, il prend une bronca, des sifflets, il ne s'est pas excusé. Le reste de la saison, ça sera de l'indifférence.»

À la boutique des supporters, une écharpe en honneur du directeur sportif Leonardo. (crédit : DR)

Neymar et le CUP de feu

De paroles de supporters de la tribune Auteuil, on ne s'attarde pas sur les actes et les manoeuvres à venir. On l'a compris : même au CUP, il y a des divergences. «Certains disaient qu'il fallait le caillasser au poteau de corner, rigole un autre fan, qui souligne davantage la métaphore que les envies sporadiques de dérapage. Des fous ! Mais on verra bien. Il peut se rattraper, à lui de jouer.» Se rattraper, peu au goût de quelques autres des aficionados présents. Certains y croient un peu, d'autres pas du tout. «J'ai pas trop envie d'en parler, lance à la volée un fidèle parmi les fidèles, supporter depuis 30 ans et venu de Province. Je pourrais avoir des mots... Bref, vous avez compris...» La nouvelle fresque inaugurée ce samedi, affichant façon graffiti les emblématiques Susic, Dalheb, Pilorget, Pauleta et Cie, n'aura sans doute jamais de place pour Ney. Peu importe. «De toute façon, il s'en fout du club, et ça, rien n'y changera», rappelle Nicolas.

Des maillots et des sourires

L'atmosphère n'a pourtant pas effacé les sourires. Il fait beau. «Ça fait de l'animation ces journées-là», rigole une mamie depuis son balcon, interpellée par trois jeunes fans bienveillants. Eux, en tout cas, n'ont pas perdu l'envie de ce PSG-Strasbourg de fin d'été, dernier test avant la Ligue des champions et le match face au Real Madrid. Comme d'autres, surtout des enfants, Christophe a choisi un maillot du numéro 10. «J'en ai d'autres, mais j'ai choisi celui-là même si je ne suis pas en accord avec ce qu'il a fait, explique-t-il en marchant vers la tribune Paris. Il va passer un sale quart d'heure, les gens sont réticents, c'est bien normal, mais c'est un des tout meilleurs joueurs du monde. Et puis mon maillot, ça reste un maillot du PSG plus qu'un maillot Neymar.» Quelques secondes plus tard, deux touristes anglo-saxons se questionnent sur leur joueur favori : «Cavani or Mbappé ?» Drôle de situation. Personne n'avait pensé un jour à oublier le troisième larron de la MCN. Neymar est plus que jamais clivant, polarisant l'attention à lui tout seul. Comme à Santos avant, comme à Barcelone. A-t-il vraiment changé ?

Antoine Bourlon, au Parc des Princes