21st October 2020 - UEFA Champions League - Group C - Manchester City v FC Porto - Moussa Marega of Porto - Photo: Simon Stacpoole / Offside. (Simon Stacpoole/OFFSIDE/PRESSE/PRESSE SPORTS)

Des Ulis à Amiens en passant par Evry, Issy-les-Moulineaux ou le Poiré-sur-Vie : aux origines du parcours hors du commun de Moussa Marega (Porto)

Le foot professionnel français l'a manqué au moment où il était en train d'exploser : aujourd'hui attaquant star du FC Porto, Moussa Marega a connu un chemin loin d'être des plus simples pour rêver en grand. Ceux qui l'ont accompagné dans son parcours français témoignent.

Quand on prend connaissance du parcours de Moussa Marega, on peut aisément le ranger dans une catégorie à part. Pas de centre de formation, encore en Division d'Honneur alors que la vingtaine est passée, un profil loin de plaire aux recruteurs. Et pourtant. De la persuasion, du travail et toujours l'envie de croire en ses qualités. Avant qu'il ne signe au Maritimo Funchal en début d'année 2015 après une galère vécue en Tunisie et avant d'atteindre les sommets avec le FC Porto, Marega a grandi en Ile-de-France. Né aux Ulis, lui qui adore l'AS Monaco et notamment Patrice Evra et Thierry Henry, deux anciens des Ulis et de l'ASM, Marega a déménagé à Evry dans son adolescence. Une ville qui l'adoptera pour toujours. Anciens entraîneurs et anciens coéquipiers content comment l'attaquant s'est forgé pour atteindre ses rêves.

Khalid Mahroug* : «A Evry, tous les petits ont un maillot de Marega»
«Il était aux Ulis. Il a déménagé avec sa famille à Evry et il a signé chez nous. Je l'ai récupéré en moins de 13 ans. Très timide, très respectueux, très à l'écoute. Ce n'était pas quelqu'un qui faisait beaucoup de bruit. Il avait déjà ce petit truc. Il en demandait, il voulait beaucoup apprendre. Il avait un truc de plus que les autres : il ne rechignait pas à l'effort, il était déjà très athlétique. Je le faisais évoluer latéral droit, ailier droit et parfois numéro 6. Quand on jouait face à des équipes avec des mecs qui allaient à deux mille à l'heure sur le côté, il était capable de les contrer, il savait défendre sur eux et les faire défendre. Il avait déjà une grosse caisse. Sur le terrain, c'était un meneur d'hommes. Il est rapidement devenu capitaine de l'équipe. On jouait en excellence, pas un gros niveau. On est montés en PH derrière. C'était un gros, gros travailleur. Toujours à l'heure aux entraînements, et même en avance : quand on arrivait, il était déjà là, habillé, prêt. Aux entraînements, s'il pouvait travailler un petit peu plus pendant que les autres rangeaient le matériel, il allait le faire. S'il jouait le samedi, le dimanche, il venait donner un coup de main au club sur les autres catégories en arbitrant par exemple. C'est un mec qui aime sa ville. Aujourd'hui, quand il est dans les parages, il vient nous voir. Il est très apprécié par le club et les gamins. Ici, les petits ont tous un maillot de Marega.»

*Son entraîneur en moins de 13 ans à Evry.

Bruno Bellemare* : «Sur le terrain, il fallait se le coltiner»
«Je l'emmenais à un tournoi, et, au retour, j'ai dit à l'entraîneur en chef : "C'est un extraterrestre !" Enfin... C'est un attaquant ! Je lui en ai parlé. A l'intersaison, il a débuté avec moi en DH. Il nous a aidé à nous sauver. Il avait marqué pas mal de buts. C'est quelqu'un qui est capable de rater dix fois mais qui ne se démoralise pas. La onzième fois, il va mettre ce but. Il est fort dans sa tête, et c'est pour ça qu'il a réussi. Ce n'était pas un technicien, il ne sautait pas aux yeux. Et sa dégaine... Il ne ressemblait à rien (Il explose de rires.). Il ne payait pas de mine, mais sur le terrain, il fallait se le coltiner. Il faisait mal. Il allait vite, avait une grosse frappe, était très puissant. C'est une force de la nature. Je ne sais pas si lui-même était conscient de ses possibilités. Mais je ne pense pas qu'il se posait des questions. Son seul truc, c'était de mettre des buts. Au-delà de tout ça, il est attachant. Ici, on s'en rend compte car toute la ville porte son maillot ! Je l'ai vu cet été, je lui ai demandé s'il avait assuré ses arrières pour plus tard. Il m'a dit qu'il avait acheté une maison à sa maman et qu'il avait fait le nécessaire pour l'après. Il a vraiment la tête sur les épaules.»

*Son entraîneur à Evry, en DH, avant qu'il ne parte à Issy-les-Moulineaux.

Rahavi Kifouéti* : «Arriver en National, vu son parcours, pour lui, c'était déjà beaucoup»
«J'ai entendu parler de lui, il était encore à Issy-les-Moulineaux. Cela parlait d'un bon joueur, surtout un buteur, qu'il déménageait toutes les défenses. Au Poiré-sur-Vie, il n'était pas le premier choix. Mais avec ses qualités, il l'est devenu. Moussa, c'est un travailleur. Il aime beaucoup, beaucoup, beaucoup rigoler. Il avait aussi un problème de poids : lui et la nutrition, ce n'était pas ça du tout. Il avait du mal à gérer. Le coach le reprenait beaucoup. On faisait des pesées chaque semaine et il était souvent au-dessus. Mais c'est vrai qu'il ne faisait pas très attention... Il n'avait pas l'habitude de ça. Il ne vient pas d'un centre de formation donc faire attention à son hygiène de vie et à ce qu'il mange... Ce qui est sûr, c'est qu'avec le coach (Oswald Tanchot), il a beaucoup appris. Mais sur le terrain, il a vite fait ses preuves. Aller plus haut ? Il avait ça dans un coin de sa tête, mais il n'en parlait pas tant que ça. Le fait d'arriver en National, vu son parcours, pour lui, c'était déjà beaucoup. Il avait vraiment l'esprit buteur. Des fois, avec les pieds, c'était compliqué mais devant les buts, cela ne pardonnait pas. A chaque face-à-face, c'était dedans. C'était un tueur.»

*Son ancien coéquipier au Poiré-sur-Vie.

Oswald Tanchot* : «Dans les standards des joueurs recherchés, il était hors format»
«Il est arrivé lors d'un essai. Joseph Mohan (NDLR : un agent) me l'avait signalé. Il m'avait dit qu'il allait me plaire. On l'a fait signer. De mémoire, il arrivait de DH mais il ne s'entraînait presque plus puisqu'il arrivait d'un club qui n'avait pas trop de résultats. Ce qui m'avait plu, c'était son profil athlétique et son profil psychologique. Un garçon qui était très frais, qui avait beaucoup d'aptitudes à répéter les efforts à haute intensité. On sentait une vraie envie de réussir. Dans les standards des joueurs recherchés, il était hors format. C'est ce qui me plaisait chez lui : il était complètement différent dans son approche du football, de son métier. Il avait beaucoup de choses à apprendre d'un point de vue professionnel puisqu'il n'avait pas les bases de l'hygiène de vie, de ces choses-là. Mais il était tellement hors norme en terme de puissance et de capacité à prendre les espaces... Il était vraiment très, très généreux. Il pouvait avoir des problèmes de poids. Quand il avait faim, il mangeait ; quand il avait envie de dormir, il dormait. Quelle que soit l'heure, quel que soit le moment. Il était très instinctif dans tout ce qu'il faisait. Cela lui convenait très bien.

Après, pour atteindre le haut niveau, il était obligé de se structurer et d'apprendre à mieux gérer son corps. Mais, franchement, à l'époque, cela ne lui portait pas préjudice. Il avait une telle soif de jouer, de réussir, d'apprendre. Il avait aussi une force naturelle qui était incroyable. J'ai été très exigeant avec lui. Pour son bien. Mais il a toujours été très respectueux par rapport à ça, très à l'écoute. Parfois, il n'en pensait pas moins, mais il savait que c'était pour son bien. Il était déterminé, il avait une fraîcheur et une spontanéité qui dénotaient. C'est facile d'entraîner des joueurs comme lui car la relation se construit dans la confiance, et c'était facile d'avoir confiance avec lui. Je n'ai que des bons souvenirs. Des anecdotes, avec lui, il y en a beaucoup. Exemple ? On faisait des défis et le joueur qui perdait allait dans le but et on faisait un "cul rouge". Et lui avait un tel fessier que c'était très facile de le viser. Je me rappelle aussi qu'on le charriait souvent parce qu'il était supporter de Monaco (Il sourit.). Au Poiré, il est tombé au bon endroit, au bon moment, avec les bonnes personnes autour de lui pour lui faire prendre conscience de ses qualités.
 
J'ai été très vite l'un de ceux qui disaient que ce joueur-là évoluerait en Ligue 1. Cela m'embêtait qu'il parte en National (NDLR : A Amiens). Je ne comprends pas que les clubs ne soient pas venus. Pour moi, c'est une anomalie que ce garçon n'a pas été recruté. A chaque fois, c'était "Il est trop ceci", "Il est trop cela". Il avait une telle capacité à bouger les défenses... Ce qui freinait ? Vous savez, le scouting, en France, il y aurait beaucoup à dire. Je ne sais pas si les gens regardaient vraiment les matches. Il y avait beaucoup d'a priori. Il n'était plus très jeune, il devait avoir 22 ou 23 ans. Un joueur qui avait peut-être un côté rustre au niveau technique, mais c'était son allure qui donnait ça. Cela n'a jamais été un joueur qui allait faire des roulettes et des passements de jambes. Il avait une très bonne frappe du pied droit. Il avait un sens inné des déplacements dans la profondeur...»

*Son entraîneur au Poiré-sur-Vie.

«Quand il avait faim, il mangeait ; quand il avait envie de dormir, il dormait. Quelque soit l'heure, quel que soit le moment. Il était très instinctif dans tout ce qu'il faisait.»

Moussa Marega, époque Maritino Funchal, qu'il rejoint alors qu'il va sur ses 24 ans. (Filipe Amorim/CORDON/PRESSE SP/PRESSE SPORTS)

Il découvrait entre guillemets le monde semi-pro. Sur le terrain, à tout moment, il était capable de faire une différence dans un match. Au fur et à mesure de la saison, ça allait de plus en plus vite. Parce qu'il était quand même adroit ! Et pas avare d'efforts. Même s'il ratait, il continuait à persévérer. Il était costaud, mais aussi réservé. Un peu timide. Mais entier. Il ne faisait pas un coup à l'envers, c'était une personne assez franche. On pouvait compter sur lui à tout moment. Il était prêt à entendre quelque chose même si on le critiquait. Un surnom ? (Il rit.) Avec les anciens, vu qu'il est assez grand et qu'il a des grandes mains, on l'appelait la mante religieuse.»

*Son coéquipier au Poiré-sur-Vie.

Emmanuel Bourgaud* : «Le paquet de bonbons en déplacement»
«Techniquement, il cafouillait, mais on sentait une grosse, grosse marge de progression. Avec son grand corps longiligne, il faisait beaucoup de fautes avec ses mains. Mais ce qui me choquait, c'est qu'il avait toujours les contres favorables ! Des fois, son dribble n'était pas clair, mais il avait le contre qui lui permettait de s'en sortir dans les bonnes conditions. On pouvait facilement le chambrer. Et même si on le chambrait, il rigolait. Au niveau de son poids, vu qu'il arrivait d'un niveau plus bas, il mangeait un peu n'importe quoi on va dire. En déplacement, il sortait toujours un petit paquet de bonbons du sac à dos. Et, juste avant, il surveillait si le coach le regardait.

«Avec les anciens, vu qu'il est assez grand et qu'il a des grandes mains, on l'appelait la mante religieuse.»

Ernest Seka* : «Il avait la dalle, il avait faim de prouver»
«Moussa, c'est un rigolo (Il sourit.). J'ai passé de bons moments avec lui. A l'époque, il venait de Paris. Moi aussi. On s'est retrouvés au Poiré-sur-Vie. On s'est rapidement entendus. J'appréciais sa manière d'être. Il était simple, naturel. On n'était qu'en National mais on ne vivait que du foot. C'est là qu'on a commencé à apprendre le métier. Lui et moi, on avait le même problème au niveau du poids. On était assez grands, costauds, lourds. Mais comme quoi c'est la corpulence : on n'a jamais changé ! On n'avait pas encore la notion de comment s'alimenter. On découvrait tout. Vivre seul, ça n'aidait pas. Se faire à manger... Cela pouvait être compliqué pour quelqu'un qui n'avait pas l'habitude. Oui, il aimait bien tout ce qui est fast-food. Oswald (Tanchot) était exigeant avec lui. Il avait détecté son potentiel. C'était déjà une force de la nature. C'était compliqué pour lui prendre le ballon. Quand je l'avais au marquage, je me demandais comment je pouvais faire... Physiquement, c'était une machine. Je pense ensuite qu'il a franchi un cap à Amiens, où on s'est retrouvés encore ensemble. Il a eu un petit litige : il avait changé d'agent et ça lui a sûrement fait du bien. En décembre, il a décidé d'arrêter avec lui et, à partir de là, il est devenu un autre joueur. Il pouvait rater beaucoup d'occasions, mais on était en confiance avec lui devant. Il avait la dalle, il avait faim de prouver.»

*Son coéquipier au Poiré-sur-Vie et à l'Amiens SC

Mais c'était l'insouciance et le franc-parler de Moussa. Il ne pensait pas mal dire et mal faire. Il a fallu lui expliquer. Il aimait bien les bonnes choses ! Cela a été dur, au début, par rapport à son poids. Il avait du mal à faire les séances physiques, à doubler les entraînements. Il arrivait de la région parisienne où il devait faire deux ou trois séances par semaine. Là, c'était cinq ou six. Quand on rentrait, il était vraiment cuit, il avait tout le temps des crampes et avait du mal à récupérer. Au fur et à mesure, on a senti une évolution. Il était plus frais. Lors des travaux physiques, au début, il était avec les gardiens, pour, au final, finir dans le deuxième ou le troisième groupe. C'était vraiment bien, et c'est là qu'il a démontré toutes ses qualités sur le terrain. Ça l'a forgé. Ça l'a mis dans le bain. Nous, on avait fait des centres de formation donc on était un peu rôdé. Lui était un peu en retard, même s'il avait ses qualités. Mais il n'en souffrait pas du tout. Ce qu'il disait, c'est qu'il voulait montrer aux gens que même sans centre, il pouvait percer. Il sait qu'il est issu d'une famille nombreuse, que pendant son enfance, ça n'a pas toujours été tout beau, tout rose. Au début de la saison, c'est moi qui l'emmenais au foot et ensuite il est revenu de Paris avec sa voiture. Il avait ramené une Twingo noire toute cabossée. On en rigolait. On était fiers de venir avec ça à l'entraînement ! On était les plus jeunes de l'équipe, on n'était pas bling-bling. Quand tu voyais les autres arriver en Audi ou en Mercedes... On était les foufous du vestiaire.»

*Son coéquipier au Poiré-sur-Vie.

Moussa Marega à Porto, ce sont 47 buts inscrits en 100 apparitions en Championnat, ainsi que six pions en Ligue des champions. (S.Mantey/L'Equipe)

Bilel El-Hamzaoui* : «Il a dit au coach : "Je mange des kebabs et des pizzas."»
«La première fois que je l'ai vu, il sortait de la région parisienne, il était assez réservé malgré son grand gabarit. Il était très rigolo et un peu maladroit dans certaines discussions. Il avait une façon de parler assez atypique, assez "quartier". On était voisin. Il était au premier étage de notre résidence. J'étais au deuxième. On mangeait ensemble les soirs après les entraînements, on faisait pratiquement tout ensemble. On regardait toujours du foot. Il a toujours été à fond pour Monaco. Ses idoles, c'étaient Thierry Henry et Patrice Evra. A son arrivée, on voyait que c'était la première année qu'il partait du cocon familial. Il découvrait un peu tout. Sur le terrain, tu sentais qu'il avait beaucoup de potentiel et qu'il pouvait aller vraiment loin s'il était sérieux. En dehors du terrain, il fallait un peu tout lui expliquer. Comment il fallait faire certains papiers, comment il fallait arriver en avance pour aller à l'entraînement. Un peu les codes du professionnalisme... La nourriture aussi. C'était la première ou la deuxième semaine d'entraînement. Le coach (Oswald Tanchot) a convoqué les jeunes. Il nous a demandé ce qu'on mangeait. Moi j'ai répondu que je mangeais des légumes, beaucoup de féculents. C'était plutôt pâtes, riz, steaks et cordons bleus (Il sourit.). Moussa dit lui aussi qu'il mange des légumes, mais il a ajouté : "Je mange des kebabs et des pizzas." Le coach, choqué, lui dit : "Comment ça des pizzas ?" Il rétorque que dans les kebabs et les pizzas, il y a des légumes (Il explose de rires.). Il n'avait pas tort !

«Au début de la saison, c'est moi qui l'emmenais au foot et ensuite il est revenu de Paris avec sa voiture. Il avait ramené une Twingo noire toute cabossée. On en rigolait. On était fiers de venir avec ça à l'entraînement ! On était les plus jeunes de l'équipe, on n'était pas bling-bling.»

Hervé Lybohy* : «Ce sont toutes ses valeurs qui l'ont amené là où il est aujourd'hui»
«J'aime le joueur, et j'aime la personne. Quand je pense à Moussa, je pense à quelqu'un de bien, qui a du cœur, des valeurs. Ce sont toutes ses valeurs qui l'ont amené là où il est aujourd'hui, avec ses qualités. Il sait d'où il vient, il sait par où il est passé pour en arriver là. Quand je vois tout ce qu'il fait pour les jeunes d'Evry... Il les invite régulièrement à Porto pour voir des matches, il prend tout en charge. Tout cela montre l'état d'esprit de la personne. La première fois que je l'ai vu, j'étais à Amiens. Le club avait organisé un match de détection. Moussa y est allé. A la fin de l'essai, je me souviens avoir fait un peu le forcing auprès du directeur sportif pour qu'il le recrute. Moussa sortait de la région parisienne, de DH. Malheureusement, cela n'a pas pu se faire. Il a donc refait une saison à Issy-les-Moulineaux, avant d'aller au Poiré-sur-Vie. Et on a fini par se retrouver à Amiens : j'étais capitaine, Monsieur De Taddeo, notre entraîneur, refaisait l'équipe et m'avait consulté. Je lui avais parlé d'Ernest Seka et de Moussa Marega. Les deux étaient au Poiré-sur-Vie et les deux sont venus à l'Amiens SC. Quand il est arrivé, on sentait qu'il avait de grosses qualités, mais il était brut dans l'approche de son métier : il aimait encore manger les kebabs ! Je me souviens encore lui avoir dit : "Mais arrête ça ! Si tu veux jouer plus haut, si tu veux changer le cours de ta vie, arrête-moi tout ça !" Il me disait qu'il aimait trop ça, mais qu'il comptait arrêter. Et je me souviens aussi qu'Ernest Seka me disait qu'il n'allait jamais arrêter (Il sourit.). A un moment, il a dû prendre conscience de ça. Il était puissant, rapide, buteur. Impressionnant ! Lors de ses six derniers mois à Amiens, Moussa a vraiment monté le curseur. Il s'est retrouvé en Tunisie (NDLR : A l'Espérance de Tunis, où il ne restera même pas six mois), mais j'espérais vraiment mieux pour lui. Il avait largement les qualités pour jouer au moins en Ligue 2 en France. J'étais très étonné qu'il n'y ait pas eu une offre pour lui, même en Ligue 1. Il aurait fait le boulot très rapidement. Son parcours est plus qu'honorable : il est parti de la DH pour jouer la Ligue des champions avec Porto. Si j'ai un exemple à donner à beaucoup de jeunes de région parisienne, je donne celui de Moussa sans hésiter.»

*Son coéquipier à l'Amiens SC.

Timothé Crépin