mendy (ferland) (A.Martin/L'Equipe)

Des anecdotes sur son talent aux gros doutes d'une blessure : retour sur les jeunes années de Ferland Mendy

Après son explosion au Havre puis à l'Olympique Lyonnais, Ferland Mendy vient d'être appelé pour la première fois en équipe de France. Petit, tout aurait pourtant pu s'arrêter, la faute à une blessure. Lui qui a pourtant toujours été habitué à martyriser ses adversaires, sur les terrains de sa ville comme à l'étage supérieur.

«On l'appelle Babal ! (Rires.)» Babal, alors, alias Ferland Mendy, mais personne ne donnera davantage d'explications sur le surnom du nouvel international français. Les souvenirs sont lointains. Mais si le temps a laissé s'échapper l'origine du sobriquet, la petite cité d'Ecquevilly (78), 4000 âmes au compteur, n'a en aucun cas oublié les passements de jambe et les dribbles du petit Ferland. Qui passa deux ans au club, assez pour s'assurer le statut d'attraction. «Il jouait attaquant au début, rien à voir avec son poste aujourd'hui, avant qu'il ne passe ailier gauche puis latéral lorsqu'il était en formation au PSG», soutient Mangane Yaya, l'un de ses amis d'enfance. L'attaque pour premier amour, donc, et l'enfant du coin se découvre un talent certain et une maturité précoce, comme le décrit le vice-président du club local, Yacine Chaouh : «J'ai huit ans de plus que lui, mais il était évidemment au-dessus de la moyenne. Lors des matches avec les plus grands, par exemple... Ce n'est pas tous les petits qui arrivent à se confronter à des mecs plus âgés. Lui le pouvait.» Techniquement doué, il devient rapidement la terreur des pelouses environnantes, son style avec. En effet, le jeune Ferland Mendy a la fâcheuse habitude de parler en pleine action, ce qui tend à faire rire ceux qui tapent le cuir à ses côtés. «Il était encore petit, mais, déjà, il n'aimait jamais perdre, sourit Mangane Yaya. Et ensuite, ce dont je me souviens, c'est qu'à chaque fois qu'il réussissait à passer son adversaire avec un dribble ou un crochet, il disait à haute voix "vitesse, vitesse". C'était marrant, il devait penser que ça le ferait aller plus vite (Rires.)

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«Le terrain de pierre», starting-block parfait

Et, avant d'être accompagné d'Abdoulaye Dembélé, Mangane Yaya et Mahmoud Dembélé, tous d'Ecquevilly, au centre de formation du PSG, où seul Ferland Mendy réussira, le minot des Yvelines a longtemps répété ses gammes "à domicile". Cour de récréation et petit terrain comme lieux de villégiature idéaux, des heures à pousser le ballon et à travailler son ambidextrie. «C'était football football football, martèle son vieux pote Mangane. Il avait quelque chose d'inné, forcément, mais il a aussi progressé à force de répéter. On avait un petit terrain qui n'existe plus aujourd'hui, le "terrain de pierre". C'est là qu'on jouait, et là on a vu qu'il avait une aisance avec son pied droit. On le voyait sur sa conduite de balle, ses jongles... Droite ou gauche, pas de problème !» Celui que l'on pourrait comparer à Tanguy Ndombele, tant la trajectoire s'y apparente, semble aussi avoir les mêmes défauts que son coéquipier lyonnais.

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Nonchalance pour certains - «il est parfois trop sûr de son talent, de ses forces, et on peut croire qu'il est nonchalant», dixit Marc Gomis, cousin du joueur -, mauvaise hygiène de vie pour d'autres, n'empêche qu'il est devenu, en quelques mois l'un des indispensables du onze de Bruno Genesio. À en croire Marc Gomis, c'est entre autres le fruit de sa capacité d'auto-critique : «Il arrive à bien analyser ses matches et à être très critique de ce qu'il fait. Quand on lui parle après une rencontre, il est capable de dire ce qu'il a fait de mal à la minute exacte...» Et pourtant, tout aurait pu ne jamais arriver...

La perte de son père, la peur de devoir arrêter le football...

À peine souffler les dix bougies, le jeune Ferland Mendy est victime d'une vilaine blessure à la hanche. Hôpital Necker, maison de repos, le pronostic est grave. Marc Gomis, cousin de Ferland, raconte : «Quand il se blesse, le corps médical lui expose toutes les options, et il pouvait arrêter le foot... C'était une période vraiment dure, il venait en plus de perdre son papa, avec qui il avait une relation fusionnelle... Ç'a été un moment très très difficile, il était inquiet, même s'il n'a pas vraiment tremblé. Hormis les soirs, ces moments-là où on a des angoisses, et là il pleurait... Sa famille fut très importante, toujours à son chevet. Et il s'est quand même accroché.» S'accrocher malgré la blessure, la déprime et puis le premier échec, alors qu'il n'est pas conservé au PSG à cause d'un organisme toujours un peu convalescent. Un intérim d'un an à Mantes-la-Jolie lui permettra de rebondir au Havre, puis à Lyon. Devenu un des éléments les plus prometteurs du Championnat, à un poste qui ne manque pas aux Bleus (Lucas Hernandez, Benjamin Mendy, Lucas Digne...), Ferland Mendy reste cependant - du moins pour ses amis d'enfance - le même, avec ses qualités comme ses défauts. «Il est très bon aux jeux vidéos, à FIFA, rigole Marc Gomis. Mais il fait trop le malin (Rires.) ! Je le battais avant, hein, mais maintenant... C'est un provocateur en plus, il aime trop chambrer. En cuisine, par contre, c'est pas du tout ça... Il ne sait pas faire à manger ! Il a de la chance d'avoir Madame à la maison... Il doit savoir faire des pâtes, mais franchement, rien de plus...» Ça tombe bien, le quotidien de Clairefontaine ne devrait pas solliciter ses talents de cuisinier...

-Voir : Le bizutage de Ferland Mendy en équipe de France

Antoine Bourlon