(L'Equipe)

Dennis Bergkamp (Pays-Bas), nouvel épisode de nos 100 joueurs qui ont marqué l'histoire de la Coupe du monde

16 mars - 14 juin : dans exactement 90 jours débutera le Mondial 2018 en Russie. Jusqu'au coup d'envoi, FF vous livre, par ordre alphabétique, sa liste des 100 joueurs qui ont marqué l'histoire de la Coupe du monde. Onzième épisode avec Dennis Bergkamp.

Son histoire avec la Coupe du monde

Il débute son aventure avec les Pays-Bas juste après le Mondial 1990. C’est en pleine force de l’âge (25 ans) et avec un statut de titulaire que Dennis Bergkamp aborde sa première Coupe du monde aux États-Unis en 1994. L’attaquant ouvre son compteur lors du dernier match de poules face au Maroc (2-1), avant d’enchaîner en huitième devant l’Irlande (2-0, un but). Mais l’équipe entraînée par Dick Advocaat va ensuite buter sur le Brésil, futur champion du monde. La faute au duo Romario-Bebeto (2-0 après l’heure de jeu). Pourtant, Bergkamp, encore, puis Winter remettent les deux équipes à égalité à un quart d’heure de la fin. Finalement, la Seleçao prend son ticket pour les demies en fin de match grâce à Branco. Un premier Mondial frustrant, avant une quatrième place en 1998. Buteur face à la Corée du Sud au premier tour (5-0), Bergkamp ouvre le score en huitièmes avant d’écrire sa légende en quarts (voir ci-dessous). Et c’est encore le Brésil qui sera le bourreau dans le dernier carré. Si Bergkamp inscrit son tir au but, il voit Cocu et De Boer échouer. Les Pays-Bas seront ensuite battus par la surprenante Croatie pour la troisième place (2-1). Dommage, malgré le potentiel assez exceptionnel des Pays-Bas en 1994 et 1998, Bergkamp n'aura jamais réussi à atteindre la finale.

Bergkamp face à l'Argentine en 1998. (BARDOU/L'Equipe)

Le moment marquant

Chaude après-midi à Marseille en ce 4 juillet 1998. Après avoir respectivement éliminé la Yougoslavie et l’Angleterre, Néerlandais et Argentins ont rendez-vous au Vélodrome pour se disputer le dernier carré. Après un début de rencontre à cent à l’heure (Kluivert ouvrait la marque avant que Claudio Lopez n’égalise moins de cinq minutes plus tard alors qu'on ne jouait pas depuis vingt minutes), les deux sélections semblent se diriger vers la prolongation. Surtout après ce poteau signé Batistuta d’une lourde frappe du gauche. Action qui ressemble à un tournant. 90e minute : Frank De Boer s’avance tranquillement vers la ligne médiane. Pas attaqué, le joueur de l’Ajax voit Dennis Bergkamp, son ancien coéquipier, faire l’appel dans la profondeur. Le contrôle dans la surface est magique, la petite pichenette pour éliminer Ayala l’est tout autant. Et que dire de la finition, de l’extérieur du droit hors de portée de Carlos Roa. Une réalisation qui lui permet de devenir le meilleur réalisateur de l’histoire de la sélection des Pays-Bas. Les Bataves filent en demies. Ce but, qu’il décrira comme «le plus beau de (s)a carrière» entre dans la légende.

Le chiffre : 6

Son nombre de buts dans l’histoire de la Coupe du monde. En douze rencontres. Quatre de ces réalisations ont été inscrites en match à élimination directe.

L'archive de FF

Trois jours après le coup de génie de Bergkamp devant l’Argentine, FF écrit : «Tout à coup, son muscle était devenu le bien le plus précieux de tous les Pays-Bas. Aucun trésor du royaume batave ne suscitait alors autant de soins et d'attention. Pourvu qu'il guérisse ! Les plus bigots ont joint les mains pour une prière légèrement païenne, celle qui devait permettre à Dennis Bergkamp de guérir à temps pour la Coupe du monde. Une contracture subie fin avril l'avait déjà privé de l'apothéose de sa saison anglaise : Arsenal avait bouclé son doublé sans lui. Il aurait trop souffert de subir pareille frustration en sélection. Aujourd'hui, de Maastricht à La Haye, d'Amsterdam à Entschede, le peuple respire. Il a même exulté samedi quand, à l'ultime minute, le magique Dennis a mystifié Roberto Ayala avant de battre Carlos Roa d'un tir cinglant de l'extérieur du pied droit (…) Le génie de cette action se décline tel un ralenti hypnotique, éclairant comme l'appel offert à l'ouverture de Frank de Boer, velouté comme ce contrôle bout du pied qui domestique la balle, ébouriffant comme sa volte-face et ce dribble inventé pour l'occasion. Et puis la frappe, rectiligne, maîtrisée, simplement fatale. Dans la chaleur de l'action, le buste n'a jamais perdu sa noble raideur, cet équilibre faussement fragile. Dennis Bergkamp, une nouvelle fois, a atteint l'élégance suprême du footballeur.»

Timothé Crépin