06.10.2018, Allianz Arena, Muenchen, GER, 1. FBL, FC Bayern Muenchen vs Borussia Moenchengladbach, 7. Runde, im Bild Thomas Müller FC Bayern München Gestik, Geste // during the German Bundesliga 7th round match between FC Bayern Munich and Borussia Moenchengladbach at the Allianz Arena in Muenchen, Germany on 2018/10/06. EXPA Pictures © 2018, PhotoCredit: EXPA/ Eibner-Pressefoto/ Michael Weber *****ATTENTION - OUT of GER***** (L'Equipe)

Décevant depuis de nombreux mois, Thomas Müller semble avoir perdu son totem d'immunité au Bayern Munich

Une Coupe du monde cataclysmique, un début de saison sur la même dynamique, et Thomas Müller a pris place sur le banc des remplaçants, en club comme en sélection.

La sentence n'est pas encore irrévocable, mais il fallait bien que ça arrive. Auteur de prestations insipides depuis de trop nombreux mois, il a fallu attendre les dernières semaines pour que Thomas Müller prenne place de façon assez régulière sur le banc des remplaçants, en club comme en sélection. La faute à une qualité de jeu bien en deçà de ses capacités et à des statistiques en berne, l'attaquant n'ayant pas été décisif en Championnat depuis le 1er septembre. Ainsi, il n'a été titulaire que deux fois lors des cinq derniers matches de Bundesliga : contre Mönchengladbach (0-3) et Mayence (2-1). Lors du premier, il est même sorti dès la mi-temps alors que son équipe était menée 2-0. En Ligue des champions également, l'Allemand n'a débuté que deux des quatre rencontres, se montrant encore décevant mercredi contre Athènes (2-0). On est loin des 90 minutes disputées à chaque match lors de la phase finale la saison passée.

Des performances individuelles qui suivent les performances collectives

Mais dès cette période-là, Müller semblait déjà en-dessous du niveau auquel il nous avait habitué pendant de nombreuses années. Brillant au cours du huitième de finale tranquille contre Besiktas (5-0 ; 3-1) avec deux buts et deux passes décisives, l'Allemand a ensuite disparu de la circulation quand son équipe comptait sur lui. Sans qu'il ne s'illustre, le Bayern avait passé l'obstacle sévillan (2-1 ; 0-0), mais ses prestations décevantes contre le Real Madrid en demi-finales (1-2 ; 2-2) ont été rédhibitoires.

Ces piètres performances se sont alors répétées au fil des semaines et ont atteint leur paroxysme lors de la Coupe du monde. Incapable de créer du danger alors que la Nationalmannschaft était en manque d'avant-centre, Müller n'a tiré que trois fois en trois matches, dont un seul cadré ! Une statistique terrible pour celui qui avait marqué cinq buts lors de chacune de ses deux premières Coupes du monde. En Russie, l'attaquant n'a pas non plus réussi à effectuer le travail défensif qu'on lui connaît habituellement. Des performances insipides qui avaient amené Joachim Löw à le mettre sur le banc lors du troisième match, le Bavarois n'entrant en jeu qu'à une demi-heure de la fin. Sans que cela ne change quoi que ce soit.

Mais il faut bien le dire : Thomas Müller n'est pas responsable de tous les maux. Et cela vaut en club comme en sélection. Brillant quand le Bayern régnait sur la Bundesliga, excellentissime avec l'Allemagne quand elle dominait la planète football, le natif de Weilheim souffre aussi du fait que Munich comme la Nationalmannschaft vivent une période compliquée. On en vient alors à penser que Müller est plus un joueur porté par le collectif plutôt qu'un joueur qui porte le collectif. Si l'équipe tourne, il va rayonner, si c'est l'inverse, il s'éteindra... Mais rien d'étonnant ici : malgré ses très bonnes saisons depuis le début de sa carrière, avec généralement une régularité remarquable, le joueur de 29 ans n'est jamais apparu en tête d'affiche, ni en club, ni en sélection. Toujours placé parmi les joueurs importants, jamais comme la star incontestée. En témoigne la course au Ballon d'Or France Football 2014, quand les Allemands ont préféré ériger Manuel Neuer en tête d'affiche pour le conquérir. Malgré cette absence de reconnaissance, aujourd'hui que tout va moins bien, l'attaquant est en première ligne pour récolter les critiques.

Critiqué et défendu, puis finalement mis de côté

Celles-ci se multiplient, non pas depuis la Coupe du monde, mais depuis l'Euro 2016, que Thomas Müller avait déjà traversé comme un fantôme malgré une saison plus que réussie en club (32 buts, 12 passes décisives). Et si beaucoup voient cet Euro français comme le commencement de la descente aux enfers pour l'attaquant, il atteignait encore un niveau plus que satisfaisant. Moins de buts certes lors de l'exercice 2016-2017 (9), mais un total de passes décisives plus élevé (17). Et la saison suivante avait un temps suscité l'espoir d'un retour au sommet, avec un brassard de capitaine conquis au Bayern et 15 buts pour 18 passes décisives. Jusqu'à la fin de saison en eau de boudin donc.

Certains défendent corps et âme le joueur, préférant blâmer ses entraîneurs qui l'utiliseraient mal. C'est le cas de Lothar Matthäus, ancienne gloire du football allemand et Ballon d'Or France Football 1990. En septembre dernier, il demandait dans Bild de trouver la bonne position pour Müller et de s'y tenir, plutôt que de le balader sur le terrain. Des déclarations faisant écho aux propos du même Matthäus un an plus tôt, blâmant Carlo Ancelotti qui l'utilisait trop peu à son goût.

Mais peu importe les entraîneurs, nombreux depuis quelques années au Bayern (Heynckes, Guardiola, Ancelotti, Heynckes encore puis Kovac), le totem d'immunité n'a pas quitté les bras de Thomas Müller malgré un niveau déclinant. Pourquoi ? Un manque de concurrence ? Ribéry et Robben vieillissent et ne jouent plus 50 matches par saison, d'autant que les pépins physiques se multiplient pour eux, comme pour Kingsley Coman. En sélection, la prime à l'ancienneté a joué en sa faveur. Jusqu'à l'automne donc. Quelques espoirs de relève, Serge Gnabry en tête, l'ont pour l'instant mis sur le banc, en club comme avec la Nationalmannschaft. Nul doute que Thomas Müller aura encore sa chance. Mais si tout est mis en place dans Koh Lanta pour aider les héros à revenir dans le jeu, le monde du football n'est pas toujours aussi généreux. Et comme Denis Brogniart a déjà cédé le collier d'immunité à Adil Rami, le flambeau de Thomas Müller n'est désormais plus très loin d'être éteint.

Florent Le Marquis