Soccer Football - World Cup - Group G - Belgium vs Tunisia - Spartak Stadium, Moscow, Russia - June 23, 2018 Belgium's Romelu Lukaku celebrates scoring their second goal REUTERS/Kai Pfaffenbach (Reuters)

De sa Belgique natale à la Russie, la vie de Romelu Lukaku retracée en vingt anecdotes

Attaquant star de la Belgique lors de cette Coupe du monde 2018, Romelu Lukaku sera l'une des armes des Diables Rouges face à la France en demi-finale mardi. Pourtant, le joueur vient de loin, et FF retrace sa carrière en 20 anecdotes.

Il a viré Raiola... pour Jay-Z

C’est une situation qui n’a pas dû lui arriver souvent. Mino Raiola, perdre un joueur ? Pourtant, Romelu Lukaku n’a pas hésité à quitter le super-agent italo-néerlandais en avril dernier. Un choix surprenant, après son transfert à Manchester United négocié par Raiola, afin de rejoindre la société américaine Roc Nation Sports. Cette dernière, fondée par le rappeur américain Jay-Z, avait déjà récupéré les droits du basketteur des Golden State Warriors Kevin Durant et du défenseur du Bayern Munich Jérôme Boateng. Et avec Romelu Lukaku, elle a mis la main sur une des vedettes de Premier League.

Un marabout pour Lukaku ?

«Son agent s’est rendu à Finch Farm (siège d’Everton, ndlr) pour signer le contrat. Puis soudain, durant la réunion, Romelu a appelé sa mère et a dit qu’elle était en pèlerinage en Afrique, qu’elle avait vu une sorte de vaudou qui disait qu’il devait signer en faveur de Chelsea.» Cette phrase, c’est celle de Farhad Moshiri, actionnaire majoritaire d’Everton, l’ancien club de Lukaku. Et si le clan de l’attaquant a par la suite démenti, assurant à la BBC que «le vaudou ne fait pas partie de sa vie ni de ses croyances», l’anecdote prête à rire.

Une famille de footballeurs

Romelu Lukaku et le foot, c’est un peu comme Obélix et la marmite de potion magique, il est tombé dedans quand il était petit. Fils de Roger, ex-joueur d’Ostende, de Seraing ou de Gençlerbirligi en Turquie et international pour le Zaïre - aujourd’hui RD Congo - et frère de Jordan, latéral de la Lazio et international belge, Romelu Lukaku a en effet baigné dans une famille de football. De quoi démarrer du bon pied une carrière de footballeur, alors que son père  s’est aussi consacré à la création d’un club à Kinshasa, au Congo : l’AS Rojolu (Ro pour Romelu, Jo pour Jordan, Lu pour Lukaku).

Zlatan et l'anecdote du numéro 9

L’histoire sort de la bouche de Zlatan Ibrahimovic himself à l’occasion d’une interview accordée à ESPN, alors que Romelu Lukaku, tout juste arrivé à Manchester United, souhaitait prendre le maillot floqué du numéro 9, propriété du Z : «Lukaku m’a appelé et m’a dit : "Bro, est-ce que je peux avoir le numéro 9 ?" J’ai répondu : "Ecoute, je ne veux pas rendre les choses compliquées. Je veux que tu sois heureux et que tu te sentes bien accueilli. Je te donne le numéro 9, mais je prends le 10. C’est comme ça que cela se passe. Je ne suis pas parti, j’ai juste amélioré mon numéro.» Un récit à la hauteur du personnage alors que Lukaku, lui, jouit toujours du 9. Qui lui réussit plutôt bien… 

Une enfance modeste et difficile

On dit souvent que la force de caractère des joueurs vient de leur enfance, de leur milieu social ou de leur processus de formation. Romelu Lukaku, lui, le tient sûrement du premier. Comme il le raconte dans un article pour The Player’s Tribune, le buteur des Diables Rouges a connu la pauvreté et les difficultés financières : «Ma mère ajoutait de l’eau dans le lait. Nous n’avions plus assez d’argent pour avoir du lait pour toute la semaine. Nous étions fauchés. Pas seulement pauvres, totalement fauchés.» Depuis tout a changé, et Romelu a tenu la promesse qu’il avait faite à son grand-père : celle de s’occuper de la mère de famille.

Le trio insaisissable des Diables... déjà à Chelsea

De Bruyne-Lukaku-Hazard. Le trio magique des Diables Rouges fait des merveilles en Russie. Pourtant, quelques années plus tôt, les trois phénomènes de la Belgique avaient déjà porté le même maillot, celui de Chelsea. En effet, entre 2012 et 2014, entre les prêts de Kevin De Bruyne à Genk et Brême et ceux de Romelu Lukaku à West Brom et Everton, les trois stars de la sélection belge ont évolué sous les couleurs des Blues, malgré le peu de temps de jeu offert aux deux prêtés. L’occasion de retrouver de belles images et d’inévitablement penser que Roman Abramovitch peut nourrir des regrets. Lui qui avait également laissé partir Mo Salah.

Lukaku le polyglotte

«Welcome, bienvenue, bienvenido, bem-vindo, welkom et karibu.» C’est ainsi que commence le portrait de Romelu Lukaku dans le Birmingham Mail, en août 2012. Pas sans raison, évidemment, car le géant belge peut se targuer de parler six langues. Deux maternelles, d’abord, le français et le néerlandais, lui qui a vécu à Anvers, région flamande de la Belgique. Puis l’espagnol, l’anglais, le portugais et enfin le lingala, un dialecte congolais, pays d’origine de ses parents. Un sacré atout pour un joueur de football, et pour Romelu Lukaku, qui peut désormais voyager sans problème, alors qu’il semble s’être bien acclimaté à la Russie.

Fan de Franck Lampard

Alors qu’il vient de signer un quadruplé en février 2017, Romelu Lukaku est interrogé par le média belge La Dernière Heure. C’est l’occasion de donner son cinq de légende. Et aux côtés de Thibaut Courtois, John Terry, Vincent Kompany et Didier Drogba, on retrouve Franck Lampard. Rien d’hasardeux, comme le raconte Romelu Lukaku : «C’est le meilleur joueur que j’ai vu évoluer en Angleterre. Il réalisait des trucs où je me disais "Oh mon Dieu !". Il prenait de son temps pour m’aider à travailler ma finition. Et il a été là pour moi, donc je ne l’oublierai jamais.»

Meilleur buteur de l'histoire de la Belgique

37. C’est le nombre de buts inscrits par Romelu Lukaku, à ce jour, avec l’équipe nationale de Belgique. Une statistique qui fait de lui le meilleur buteur de l’histoire des Diables Rouges, et le place devant Bernard Voorhoof (30), Paul Van Himst (30) ou Marc Wilmots (29). Le 31e, inscrit face à l’Egypte le 6 juin dernier, plaçait Lukaku au panthéon du football belge. Et la route est loin d’être terminée, alors qu’il est déjà à quatre réalisations lors du Mondial 2018 et qu’il n’a que 25 ans.

Des doutes sur son âge et un acte de naissance indispensable

Précoce d’un point de vue technique et monstrueux physiquement dès le plus jeune âge, Romelu Lukaku a dû faire avec ceux qui ont longtemps voulu lui coller l’étiquette de présu. Et pour y remédier, la maman du petit Romelu (uniquement par l’âge, à l’époque) avait trouvé la solution, comme le racontait l'ex-agent du joueur Mino Raiola au journal suédois Expressen : «La maman de Romelu m’a raconté qu’elle apportait l’acte de naissance de son fils lors des matches de jeunes. Les gens ne croyaient pas que Romelu avait 12 ou 14 ans.» Cela avait le mérite d’être clair et efficace…

Avec Thierry Henry, des débats passionnés

Dans le même entretien accordé à The Player’s Tribune (voir plus haut), Romelu Lukaku revient aussi sur sa relation spéciale avec le nouvel entraîneur adjoint de la Belgique, un certain Thierry Henry. «Il est peut-être le seul mec au monde à regarder plus de foot que moi, narre Lukaku. Nous discutons de tout. Nous nous asseyons et avons des débats sur la deuxième division allemande. Je suis genre : "as-tu vu l’organisation du Fortuna Dusseldorf ?" Il me répond : "Ne sois pas stupide. Oui bien sûr". C’est la chose la plus cool du monde pour moi.» Et en termes de passion, il a dû trouver, avec Thierry Henry, du répondant.

Il aurait pu jouer en Ligue 1

Et oui, la Ligue 1 a laissé passer un grand attaquant. Comme le racontait Jean Kindermans, directeur du centre de formation d’Anderlecht, au Het Laatste Nieuws, «Romelu Lukaku est devenu célèbre et a suscité beaucoup d’intérêts venant de clubs étrangers. Son père m’a dit : "Lille, Lens, Auxerre et Saint-Etienne étaient tous intéressés par mon fils et tous ces clubs étaient en mesure de lui proposer un lycée, un hébergement et une formation de football".» De quoi alimenter les regrets de ces clubs-là, qui ont été proches de recruter l’un des futurs grands buteurs de Premier League.

Un crack sportif dès l'école

La Dernière Heure, média belge, a remonté toute l’histoire de Romelu Lukaku. De son enfance à ses réussites sportives, en passant par son éducation et sa scolarité. «Il était le meilleur dans presque toutes les disciplines, témoigne Nicole Maes, sa prof de gym. Lors des concours de saut en longueur, je plaçais généralement deux tapis en mousse par terre, pour que les élèves ne se fassent pas mal. Romelu, lui, atterrissait nettement plus loin.» Alors que Ivo Marnef, le chef d’établissement, se souvient quant à lui d’un exemple : «Il encourageait les autres à faire du sport. Romelu participait à tout : les cross, la natation, les matches de basket… Et il était le meilleur.»

Première sélection à 16 ans

Alors qu’il n’est qu’une promesse du Championnat belge, Romelu Lukaku est convoqué, à tout juste 16 ans, chez les Diables Rouges. Phénomène de précocité, il jouera au printemps 2010 ses premières minutes au Stade du Roi Baudouin, face à la Croatie. Et inscrit même quelques mois plus tard, alors qu’il a fêté entre-temps son 17e anniversaire, un premier doublé face à la Russie. Depuis, il n’a jamais vraiment quitté les Diables Rouges, et la Coupe du monde en Russie pourrait bien être le théâtre de son apothéose.

Des chaussures pour adulte... à 9 ans

Erwin Wosky est le premier entraîneur de Romelu Lukaku. Dans un entretien accordé au Daily Mail, il raconte l’histoire de son protégé, monstre physique dès l’enfance : «Alors qu’il n’avait que neuf ans, il avait déjà des chaussures d’adulte. Les entraîneurs ne croyaient pas qu’il était aussi jeune. […] Les autres enfants se mettaient littéralement à pleurer quand ils le voyaient arriver. C’était un monstre.» Des chaussures XXL, des doutes sur son âge et quelques péripéties plus tard, Lukaku est pourtant bien l’attaquant numéro un de la Belgique. Et s’est fait un nom, chez lui comme dans le monde.

Un all-star game version Premier League ?

On ne sait pas d’où lui est venue l’idée, mais Lukaku a peut-être flairé le bon coup. Celui d’organiser un all-star game, comme en NBA, mais version Premier League ! Un découpage Nord/Sud du pays, et des équipes totalement utopiques, que s’est amusé à imaginer ESPN. On retrouve ainsi De Gea, Valencia, Van Dijk, Bailly, Robertson, De Bruyne, Pogba, Silva, Salah, Aguero et Lukaku au Nord. Puis Courtois, Azpilicueta, Alderweireld, Verthongen, Alonso, Eriksen, Kanté, Alli, Ozil, Hazard et Kane au Sud. Ne manquent plus que les coaches. Duel d’Espagnols entre Guardiola et Emery ?

Lukaku pèlerin à Lourdes

Que Romelu Lukaku soit très croyant, bouquinant la Bible régulièrement, ce n’est un secret pour personne. Par contre, peu savent que l’attaquant des Red Devils a aussi réalisé un pèlerinage à Lourdes, dans le Sud de la France, en 2014. Un voyage spirituel pour le buffle belge qui a peut-être fait des miracles. «La croyance a toujours été importante pour moi. En direct de Lourdes. Dieu est grand», écrivait en tout cas Romelu Lukaku sur son compte Instagram. Depuis, tout va bien pour lui.

Il attend toujours la consécration

Si Romelu Lukaku brille en Premier League et avec sa sélection, son armoire à trophées ne peut, pour le moment, compter que sur un Championnat belge glané en 2010. Depuis, pas le moindre titre pour Lukaku, qui vient de terminer vice-champion d’Angleterre et de s’incliner en finale de la Coupe d’Angleterre face au Chelsea de N’Golo Kanté et Eden Hazard. La Coupe du monde pourrait cependant être la meilleure manière d’étoffer son palmarès. Les Bleus sont prévenus.

L'importance des études

C’est une anecdote racontée par Ariel Jacobs, entraîneur d’Anderlecht à l’époque Lukaku. «Quand il avait 16 ans, je lui ai souligné l’importance d’une carrière, se souvient le coach pour Het Laaste Nieuws. Ce fut après le match Standard-Anderlecht, Wasilewski s’était fracturé la jambe. Romelu était le dernier dans le vestiaire, et nous sommes allés sur le terrain. Juste une minute. Il était l’étoile montante du club mais je lui ai dit de continuer à aller à l’école pour avoir son diplôme, car une carrière pouvait être terminée en un éclair de seconde.»

Il a gâché la der de Sir Alex Ferguson

19 mai 2013. La fête se doit d’être belle pour le dernier match du légendaire Sir Alex Ferguson sur le banc de Manchester United. Pourtant, Romelu Lukaku, quasiment inconnu à l’époque, éclipse quelque peu la fête dans un match à rebondissements. Prêté à West Brom, le Belge inscrit ce jour-là un triplé, dont deux buts dans les dix dernières minutes, et permet aux Baggies d’arracher le point du match nul. 5-5 score final, une orgie de buts et Sir Alex termine sur un petit point. Cette fois-ci, le Fergie Time est devenu le Romelu Time.

Antoine Bourlon