May 11, 2019; Chicago, IL, USA; Chicago Fire midfielder Nicolas Gaitan (20) reacts after scoring a goal against the Minnesota United during the first half at SeatGeek Stadium. Mandatory Credit: Mike DiNovo-USA TODAY Sports (Mike Dinovo/Mike DiNovo-USA TODAY Sports)

De Boca Juniors à Lille, en passant par le Benfica ou la Chine, la story de Nicolas Gaitan

Arrivé à la surprise générale au LOSC en toute fin de mercato, Nicolas Gaitan va tenter de relancer une carrière finalement loin d'être irrégulière. FF vous la retrace.

Boca Juniors, la révélation

Nicolas Gaitan fait ses débuts à Boca Juniors à 21 ans lors d'une victoire 3-1 contre l'Arsenal de Sarandi le 1er juin 2008. Le coach de Boca, Carlos Ischia, a été conquis d'emblée par ce talent particulier qu'il intègre dans l'équipe qui gagnera le tournoi d'ouverture 2008. Après trois premiers mois difficiles, il s'est imposé. Ses modèles sont Zidane et Riquelme. Ce dernier est issu comme lui du Club Parque (vivier dont proviennent notamment Redondo, Cambiasso ou Sorin), et s'est révélé en 2009 grâce à son association fructueuse avec Martin Palermo à la pointe de l'attaque de Boca Juniors. Vendeur de fleurs dans les trains de banlieue pendant son enfance avec ses frères et sœurs, il savait que son avenir s'écrirait en Europe. Après seulement 14 minutes de jeu en première division argentine en juin 2008, il avait été approché par Almeria. Gaitan totalise 13 buts et 12 passes décisives en 79 matches avec Boca en deux saisons. Le gaucher est recruté 8,4 M€ par le Benfica en 2010 pour remplacer un Angel Di Maria transféré au Real Madrid. Ischia relate l'histoire dans L'Equipe du 22 octobre 2014 : «En mars-avril 2010, alors que j'étais entraîneur d'Atlas, au Mexique, les agents qui avaient envoyé Di Maria à Benfica en 2008 m'ont dit qu'il y avait de fortes chances qu'il aille au Real et que Benfica cherchait déjà un joueur avec ses caractéristiques. J'ai répondu immédiatement Nicolas Gaitan. J'ai l'impression que personne n'est déçu...»

Benfica, la confirmation

C'est en Argentine que le club de la capitale portugaise est allé chercher les successeurs de Ramires (parti à Chelsea) et de Di Maria. Eduardo Salvio, Franco Jara et le fameux Nicolas Gaitan sont tous suivis de très près par Sergio Batista, le sélectionneur argentin (de 2010 à 2011), venu à Lisbonne en novembre 2010 pour leur exposer son projet Coupe du monde 2014. En match de poule de Ligue des champions 2011, Manchester United fut malmené par un très bon Benfica (1-1 à l'aller et 2-2 au retour), inspiré par ce petit argentin auteur d'une passe décisive à chaque rencontre. Gaitan est dans la foulée élu meilleur espoir du Championnat portugais, en 2011. Fin 2012, le nom du meneur de jeu circule même chez les Red Devils. Gaitan réalise ses plus belles années au Benfica avec six ans à un très bon niveau. Durant la Ligue Europa 2011, les Aigles remportent le huitième de finale aller 2-1 contre Paris. Au moment de rencontrer le PSG au match retour (1-1), il connaît bien le Parc des Princes : à onze ans, il y a gagné, avec Boca Juniors, face au Bayern Munich (4-0), l'édition 1999 de la Danone Nations Cup. L'Argentin offre à l'époque le but de la qualification à son équipe grâce à une erreur d'appréciation du gardien parisien, Edel. Son équipe atteint cette année-là les demi-finales de la Ligue Europa. Compétition européenne où il sera finaliste en 2013 et 2014.

Nicolas Gaitan au Stade de la Luz en 2015 (Filipe Amorim/CORDON/PRESSE SP/PRESSE SPORTS)

Avec 7 buts en Championnat au cours de la saison 2010-2011, le petit prodige fait déjà mieux que Di Maria lors de sa première saison à Lisbonne (0 but en 26 matches en 2007-2008). «Impliqué dans près de la moitié des buts lisboètes en 2013-2014, le milieu offensif argentin est le digne successeur de Angel Di Maria, même si son physique rappelle plus Lionel Messi» décrit L'Equipe du 22 octobre 2014. Ses grands frères argentins, Pablo Aimar et Javier Saviola, facilitent son adaptation au sein du SLB. «À gauche, dans l'axe ou à droite, le “ wonder gaucher” devient la référence offensive de Benfica. Une vraie perle pour Jorge Jesus, l'entraîneur lisboète, qui a œuvré tout l'été afin de ne pas perdre ce talent capable de déséquilibrer le bloc adverse en une touche de balle» ajoute L'Equipe. Autre avantage, Gaitan ne pose aucun problème en dehors des terrains. «C'est un type très tranquille, très famille» assure, toujours dans L'Equipe, son fidèle agent, José Iribarren. De quoi attirer des acquéreurs potentiels. A l'été 2014, ce sont l'Atlético de Madrid et Monaco qui se sont rapprochés le plus concrètement du milieu offensif. Mais l'ASM a récupéré Bernardo Silva à la place, un joueur qui a justement quitté Benfica parce que l'Argentin lui bouchait l'horizon. Son année la plus prolifique sera sa dernière à Lisbonne, en 2015-2016, avec 11 buts et 20 passes décisives en 37 rencontres toutes compétitions confondues. Gaitan à Benfica, c'est un bilan de 3 Championnats du Portugal consécutifs (2014-2015-2016), 5 Coupes de la Ligue portugaise (2011-2012-2014-2015-2016), 1 Coupe du Portugal et 1 Supercoupe du Portugal en 2014. Remarquable.

L'Atlético de Madrid, de la consécration au banc de touche

Au sommet de son art, le talentueux gaucher de 28 ans arrive finalement à l'Atlético de Madrid pour 25M€ en 2016. La deuxième défaite de l'Atlético en finale de la C1 2016 (1-1, 3-5 aux TAB) face au Real Madrid (après celle de 2014), avait profondément marqué le coach Diego Simeone le soir même et avait laissé planer le doute sur son avenir. «Doute amplifié par l'alléchante proposition du Paris-SG, à laquelle il avait été tout près de céder. Mais l'assurance de garder Antoine Griezmann dans son équipe et la possibilité de recruter de très bons joueurs comme Kevin Gameiro et Nicolas Gaitan avaient aidé le technicien à réviser ses plans de départ» évoquait alors L'Equipe.

Nicolas Gaitan avec l'Atletico Madrid en 2016 (Sonia Canada/CORDON/PRESSE SPO/PRESSE SPORTS)

Le feu follet apporte toute son envie et sa technique lors de sa première saison madrilène même si cela ne se ressent pas tellement au niveau des chiffres. Ce dernier apparait à 32 reprises toutes compétitions confondues pour un total de 4 buts et 3 passes décisives. L'année 2017-2018 est beaucoup plus difficile pour lui. Remplaçant de luxe, sa route est barrée par le Belge Yannick Ferreira Carrasco et il n'apparaît qu'à 13 reprises. «L'Atlético obtient de bons résultats dernièrement, mais il ne pratique pas un style de jeu qui convient à Nicolas. Ce n'est pas un joueur qui se contente de 15 minutes par match. Il veut jouer tous les matches. Le club n'a pas pu lui donner beaucoup de temps de jeu et lui faire comprendre qu'il est important. Nicolas a besoin de se sentir important pour tourner à plein régime» déclare son agent à Foot Mercato, fin décembre 2017.

L'exotisme avant le retour en Europe

En 2018, le natif de San Martin change radicalement de cap. Direction Dalian Professional FC en Chine où il est recruté pour 18M€. Pour sa première apparition dans le club chinois, Gaitan vit un cauchemar aux côtés de... Carrasco en perdant 8-0 contre le Shanghai SIPG d'Hulk et Oscar. Il dispute, en tout, 30 rencontres, marque 2 buts et délivre 7 passes décisives. Une saison terminée à la 11e place pour son club promu. Nouveau défi et nouveau continent seulement 1 an plus tard, le gaucher est transféré gratuitement au Chicago Fire (Etats-Unis). Le milieu de terrain participe à 28 matches avec 4 buts et 11 passes décisives au compteur. Son club finit à la 17e place du classement de la Ligue américaine sur 24. Après ses deux aventures exotiques, l'Argentin, convaincu par José Fonte qui était son coéquipier en Chine mais aussi par le projet lillois, décide de rejoindre librement le LOSC pour six mois.

Gaitan et la sélection nationale, un rêve inachevé

Avec l'Argentine, Gaitan compte 19 sélections. Le milieu offensif réalise un doublé et une passe décisive lors d'un match amical contre Hong Kong en 2014 aux côtés de Messi. La seule grande compétition qu'il joue avec son pays est la Copa America 2016 aux Etats-Unis. Le numéro 20 est titulaire à l'occasion de 2 victoires en phase de groupe (2-1 face au Chili et 5-0 contre le Panama) et du succès en quart-de-finale (4-1 face au Venezuela). L'Albiceleste échoue aux tirs au but contre le Chili (0-0, 2-4 aux TAB) lors d'une finale qu'il ne jouera pas. Après ça, l'Argentin participe à 5 rencontres des éliminatoires de la Coupe du Monde 2018. Depuis, aucune trace de lui en sélection nationale. Le joueur de bientôt 32 ans ambitionne désormais de retrouver son plus haut niveau à Lille et pourquoi pas de reporter un jour le maillot blanc et bleu ciel.

Julien Philipakis