dante (NEGREL CHRISTOPHE/L'Equipe)

Dante (Nice) sur la Ligue des champions : «Cette saveur, tu ne peux pas la décrire»

Le capitaine et défenseur de l'OGC Nice, vainqueur de la Ligue des champions 2013 avec le Bayern, est l'un des invités de notre Champions week. Avec passion, et comme s'il avait encore des étoiles dans les yeux, Dante raconte son attachement à cette compétition.

«Si on vous dit Ligue des champions...
C'est du rêve, de l'émotion, de la passion, de l'adrénaline. Parce que même la musique nous transmet tout ça. Le charme de cette musique touche n'importe qui. Quand j'étais plus jeune, je disais à des amis que même les morts ouvrent les yeux quand ils entendent la musique, tellement c'est beau, que c'est quelque chose de vraiment extraordinaire. C'est une compétition jouée dans la haute catégorie, au très haut niveau. Il n'y a pas de hasard. Tu ne peux pas dire : "Ils ont eu de la chance d'arriver là." Non. En Ligue des champions, tu n'as pas ça. C'est à part. Elle a un parfum à part. Tu te dois d'être au niveau physiquement, tactiquement, techniquement. Si vous êtes très fort en Championnat, c'est bien beau, mais la Ligue des champions c'est là que ça se passe entre guillemets. C'est là où tu vois vraiment ton niveau mondial, où tu es et jusqu'où tu peux aller. Parfois, certaines personnes ne se rendent pas compte de la vitesse de jeu, l'intelligence, la pression, c'est tout à fait différent. C'est là que ça me faisait "bander". Déjà, la veille, tu vas reconnaître le terrain chez l'adversaire, tu as plein de journalistes, tu sens la pression, tu sens que tout le monde t'attend. Il n'y a pas d'argent pour acheter ça. Si tu me donnes un camion d'argent pour ne pas la jouer ou rien pour te permettre de la jouer, je veux la jouer ! Et je disais ça même quand je n'avais rien. Car cette saveur, tu ne peux pas la décrire.

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«Le but de Zidane c'était vraiment, vraiment beau»

Qu'est-ce que cette compétition pouvait signifier au jeune Dante dans votre enfance ?
C'était forcément retransmis au Brésil et on regardait. C'était chouette de voir des équipes de pays différents s'affronter. Tu vois un Barça-United, par exemple, c'est du régal. On voyait les meilleurs s'affronter. On était obligé de les regarder. Je n'étais pas trop petit, mais je me rappelle de la finale Real Madrid - Bayer Leverkusen (NDLR : En 2002), avec Zidane qui fait sa reprise. J'avais 18-19 ans, mais ça m'a vraiment "flashé". A Leverkusen, il y avait pas mal de bons Brésiliens, Lucio, Ze Roberto. Et le but de Zidane... Quand tu le vois, tu te dis que c'est magnifique, que c'est incroyable. C'était vraiment, vraiment, vraiment beau. Cela donnait envie de la jouer, parce que ça voudrait dire que tu joues et affrontes des grands joueurs. Tous les jeunes qui veulent devenir footballeur, leur rêve le plus grand doit être de dire "Je vais jouer un jour la Ligue des champions." C'est le Championnat de l'excellence.

Quel souvenir gardez-vous de votre premier match ?
J'ai joué un tour préliminaire avec le Standard de Liège contre Liverpool, en 2008. Dès que j'ai écouté la musique, je me suis dit : "Voilà, c'est maintenant, ce que tu as toujours rêvé commence." Ce n'est pas : "Ah, ça y est, j'y suis arrivé, c'est bon." Non, c'est : "Ça commence." Je ne vais pas te mentir que j'ai loupé un penalty, mais ça, ne le met pas sur l'interview (Il rit.). C'était à Liège. On a fait un très, très gros match (NDLR : 0-0 à l'aller, avant une défaite 1-0 au bout de la prolongation au match retour). Et, à 28 ans, tu débarques au Bayern. Ta première saison complète de Ligue des champions, tu la gagnes (NDLR : 2013, 2-1 en finale contre Dortmund) ! Tu te dis que ce n'est pas possible. Même dans tes meilleurs rêves, tu ne peux pas t'imaginer ça. Lors des premiers matches, je voulais tout donner, être 100% concentré pour apporter à l'équipe et profiter. Cela a duré jusqu'au bout. On a gagné.

Avant de parler de la finale, il y a déjà cette demi-finale contre Barcelone (4-0 à l'aller, 3-0 au retour)...
J'avais tellement envie de jouer contre (Lionel) Messi. Je suis un fan, un fou du Barça depuis petit. J'adore comment ils jouent, leur philosophie de jeu. C'était là qu'il fallait que je me montre à moi-même où j'en étais. C'était un challenge avec moi-même. On gagne 4-0. On s'est dit : "Putain, c'est beau." Je n'arrivais pas à dormir. Le lendemain, tu vois comment les gens sont heureux. Tu te dis : "Tu imagines comment tu as rendu les gens heureux avec un match ?" Il y a des personnes qui m'ont dit que c'était le plus beau jour de leur vie. Et je me dis : "Mais merde, moi, j'ai participé à ça ! C'est beau !" Je trouve que c'est ça qui est beau dans la Ligue des champions : cette transmission de passion, d'amour, de challenge, de rêve, de tout ! Et ensuite, il y a la finale... Tu la gagnes contre Dortmund. Je suis rentré dans cette finale en me disant qu'on allait la gagner. On était tellement concentrés, tellement sereins, tellement respectueux. Je sentais l'équipe qui avait beaucoup d'humilité. C'était le point le plus fort.

«J'avais tellement envie de jouer contre (Lionel) Messi. Je suis un fan, un fou du Barça depuis petit.»

Un soir de 2013, avec la coupe aux grandes oreilles... (Marc Atkins/OFFSIDE/PRESSE SPO/PRESSE SPORTS)

On a l'impression que vous en avez encore des étoiles dans les yeux...
Bien sûr. J'ai vraiment un énorme amour pour cette compétition. Mon dernier rêve en tant que joueur, ce serait de participer de nouveau à cette compétition, avec l'OGC Nice. A chaque fois que tu joues, c'est une nouvelle histoire, une nouvelle saveur, un nouveau parfum. C'est incroyable. Tu as des frissons. A Nice, on a joué contre Naples, ce n'était que le tour préliminaire, mais c'est spécial. (Il insiste) C'est spécial. Tu vis des moments inoubliables. Quand tu t'arrêtes et que tu réfléchis, tu rigoles tout seul, tu te dis : "C'est pas possible." Tu es fier du chemin.»

«Et Platini me sert la main et me dit "félicitations"»

Vous n'étiez pas encore au Bayern mais, un an plus tôt, certains avaient été énormément marqués par la défaite en finale, à la maison, aux tirs au but, face à Chelsea (1-1 a.p., 4 t.a.b. à 3)... Avec cette victoire, vous mettiez fin à une malédiction.
Oui. Tu doutes. Et, là, tu mets fin à la malédiction comme vous dites. Le fait que certains joueurs soient là la saison précédente a aidé. Ils ont compris, ils étaient beaucoup moins anxieux, ils étaient plus forts mentalement et tu sentais que le plan était clair.

Qu'aviez-vous ressenti au moment de soulever la coupe ?
Je me suis vraiment rendu compte de tout un mois et demi après. Quand je suis revenu au Brésil et que les gens me racontaient. Sur le moment, je pensais à mes parents, aux gens très proches dans les tribunes, mes enfants, mon cousin, ma cousine. Je pensais à leur émotion en me regardant. C'était quelque chose d'inoubliable. Il y avait de grandes personnes qui étaient là. Platini était là. Je l'admirais beaucoup, je regardais ses buts avant, c'était incroyable : quel joueur ! Et le gars me sert la main et me dit félicitations ! Je me suis dit : "Mais on est où là ? On est dans un film !" Platini qui te regarde comme ça ! Tu vois aussi l'émotion des gens qui pleurent. C'est magique.

«Mon dernier rêve en tant que joueur, ce serait de participer de nouveau à cette compétition, avec l'OGC Nice.»

Timothé Crépin