(L'Equipe)

Dans la tête de Raphaël Varane : le dernier tacle à retardement de Julien Cazarre à lire en intégralité

Pendant la Coupe du monde, Julien Cazarre se met à la place d'un acteur de la compétition. Cette semaine, place à Raphaël Varane.

Quel pied, quel pied, ah putain !!! Oui, je sais, cette phrase un peu triviale, je l’ai piquée à Thierry Roland à la finale de 1998, mais je suis à peu près dans le même état de délivrance que lui et je me dis qu’après ça je peux mourir tranquille... Le plus tard possible, mais je peux. Enfin, quand je dis quel pied, je devrais dire quelle tête! Ça fait quatre ans qu’on me bassine avec ce foutu duel perdu face à l’autre bouffeur de strudel de Mats Hummels en quarts de finale de la Coupe du monde 2014. Hé, oh, ça va ! C’est juste un duel comme y en a dix dans un match. Le mec arrive lancé, il me la prend de trois centimètres en fermant les yeux, il a un coup de chatte à faire pâlir DD, ça part en lucarne... Clap, clap, clap, merci messieurs, fin du monde. Ça va, faut pas déconner, ça valait vraiment d’en faire un calendos pendant quatre ans? On dirait que je me suis fait gauler dans un troisième sous-sol de backroom de Mykonos avec l’équipe des All Blacks qui joue au bilboquet avec mon cul... Oui, je sais, ça fait deux fois que je m’emporte, mais là, le petit Varane tout gentil qui dit merci quand on lui met un taquet derrière l’oreille c’est fini, terminos, terminares. Surtout qu’on dit quoi de Fernandinho, du coup ? Le mec, c’est sûr que lui il a gagné son duel, il s’est catapulté la balle direct dans son propre but, ce cake... Depuis, au Brésil, on l’appellerait Fernandelinho. Maintenant, va falloir commencer à me respecter, je suis un warrior, un mangeur de frelons, un aigle royal de Madagascar. T’as vu ce coup de boule que je t’ai envoyé ? Ha, ha, ha, ça calme ! On l’a pas vu Godin sur ce coup-là, elle était où la meilleure charnière du monde ? Le père Godin ressemblait plus à Jean-Claude qu’à Diego ce soir-là.

J’ai parfois l’impression que j’ai gagné quatre Ligues des champions en portant les clubs de golf de Sergio Ramos. J’ai vraiment la gueule d’un caddie ? D’ailleurs, parlons-en de Ramos, il est où, vous avez des nouvelles ? Moi, ça fait une semaine que je le cherche entre Sotchi et Moscou et rien, peau de balle. Ah, lui, c’est un vrai bonhomme ; lui, c’est un vrai taulier... Pourtant, c’est bizarre, le gars qui chialait comme une première communiante devant le poster des BB Brunes, il ressemblait vachement au guerrier de la Casa roja (qui, depuis le 1 er juillet, peut officiellement s’appeler la Casa de papel). C’est fou comme ça peut chouiner dans ce Mondial : entre Neymar, Ramos et Gimenez, t’avais l’impression que Poutine brumisait les stades à la bombe lacrymo. Tiens, parlons-en justement de Gimenez, le deuxième pilier de la Celeste, le prince de la garra charrua, il pleurait déjà à la 87e alors qu’il pouvait encore se qualifier. Tu m’excuseras, mais je préfère partir à la guerre avec Vianney, je serais plus rassuré. Bon, c’est pas tout ça, mais moi j’vais aller me faire une pinte de Vertonghen... Cul sec!

Le petit Varane tout gentil qui dit merci quand on lui met un taquet derrière l'oreille c'est fini.

Julien Cazarre

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