griezmann (antoine) deschamps (didier) (P.Lahalle/L'Equipe)

Danemark-France : Une nouvelle prestation décevante pour Antoine Griezmann qui peine à lancer sa Coupe du monde

Face au Danemark, la France espérait assister au réveil d'Antoine Griezmann, décevant lors des deux premiers matches. Mais l'attaquant de l'Atlético de Madrid est encore passé à côté, sans parvenir à convaincre et enfin lancer sa Coupe du monde.

Mais où est passé Antoine Griezmann ? La star des Bleus vit un début de Mondial très difficile. Et ce n'est pas un but sur penalty contre l'Australie qui va effacer ses deux premiers matches très moyens. Didier Deschamps l'avait d'ailleurs sorti à chaque fois, à la 70e face aux Socceroos et à la 80e contre le Pérou. Comme pour faire comprendre à son joueur phare qu'il n'était pas intouchable. «Je sais que je peux mieux faire et je dois le faire, avait assuré Griezmann, dimanche, sur le plateau de Telefoot. Je vais monter en puissance (...) Si j'ai l'opportunité de jouer le troisième match, je vais essayer de retrouver mon football.» Alors que sa titularisation n'était pas certaine, le sélectionneur français a finalement choisi d'aligner "Grizou" pour la dernière rencontre de la phase de poules contre le Danemark, une finale pour la première place du groupe. L'heure du réveil ? Pas vraiment.

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Perdu dans le collectif

Dans un 4-2-3-1 assez classique - un 4-4-2 sans le ballon -, Griezmann évoluait à priori derrière Olivier Giroud, laissant le soin à Thomas Lemar et Ousmane Dembélé d'occuper les deux ailes. Mais l'attaquant de l'Atlético a été assez libre durant toute la rencontre. S'il a commencé à combiner avec Dembélé sur le côté droit (8e), il a surtout beaucoup joué vers la gauche pour tenter d'établir une connexion avec Lemar. Mais les deux hommes, futurs coéquipiers à l'Atlético, se sont beaucoup marchés dessus en première période, sans réussir à apporter le danger devant le but danois. Ainsi, ils ont échangé leurs premières passes dans le rond central (18e), avant de combiner beaucoup plus souvent ensemble, sans grand succès. Un coup, Griezmann a totalement manqué son centre après un jeu en une touche avec Lemar (29e), un autre, il a raté sa passe dans la surface après un bon relais entre les deux joueurs (45e+1).

En outre, il a été incapable de jouer avec Olivier Giroud, notamment lors du premier acte. Aussi, le buteur de Chelsea est le seul joueur de champ à n'avoir reçu aucune passe de Griezmann dans les quarante-cinq premières minutes. Une statistique aussi édifiante qu'étonnante, les deux hommes avaient déjà montré qu'ils savaient se trouver, le jeu en pivot de Giroud étant souvent utile dans sa relation avec «Grizou». Et face à un bloc danois très bas, laissant très peu d'espaces aux Bleus, cette solution aurait pu être la bonne pour trouver la faille. Finalement, quand Griezmann a réussi à servir Giroud d'une belle remise de la poitrine, le premier cité était finalement signalé en position de hors-jeu (44e). Au retour des vestiaires, le natif de Mâcon a semblé revenir avec d'autres intentions, plus offensives, déterminés à trouver ses partenaires. Mais ça aura duré seulement quelques minutes, le temps de voir Giroud s'effondrer dans la surface sur un centre de Griezmann (48e). Le leader de l'attaque française s'est perdu dans un collectif défaillant, sans pouvoir tirer ses partenaires vers le haut.

Des failles inquiétantes

Collectivement, individuellement, Griezmann a erré sur la pelouse du stade Loujniki. Certes, il a essayé de mettre du rythme dans un match soporifique, décrochant énormément pour aller demander les ballons à N'Golo Kanté ou Steven Nzonzi, des milieux qui ont peiné à se projeter vers l'avant. Mais le Colchonero n'a pas eu sa justesse habituelle dans ses passes (71% réussies) et a souvent manqué de lucidité. Comme sur un ultime contre en première période - après une bonne récupération de sa part dans la surface - où il a tardé à donner son ballon alors qu'il avait des solutions sur les côtés (45e+2). Résultat : une faute provoquée et un carton jaune pour Mathias Jorgensen, mais un arbitre qui a sifflé la mi-temps sans laisser la France jouer le coup franc.

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En plus de ses nombreuses approximations, Griezmann n'a surtout pas réussi à inquiéter la défense danoise, et encore moins Kasper Schmeichel qui a tranquillement capté ses deux frappes (39e, 51e). Dans la surface, il a été parfaitement muselé par Jorgensen et n'a fait aucune différence. Après le repos, ça ne s'est pas amélioré : en trente-huit minutes, Griezmann aura seulement touché onze ballons. Et quand Benjamin Mendy a enfin réussi à le trouver dans les seize mètres, il a été incapable d'enchaîner dos au but, avant de manquer sa passe et de perdre le ballon. Sa dernière action sera finalement le symbole de sa prestation manquée. Sur une longue passe, il s'est effondré dans la surface au milieu des Danois, puis a concédé une faute en rentrant dans un défenseur. Dans la foulée, il a laissé sa place à Nabil Fekir (68e), la tête basse et la mine loin d'être satisfaite. Un visage inquiétant pour le leader de l'attaque des Bleus. Après avoir occupé l'espace médiatique avec son feuilleton autour de sa prolongation à l'Atlético, Griezmann déçoit et sera encore plus scruté en huitièmes de finale.

Clément Gavard