Yunis Abdelhamid (L'Equipe)

D'autres extraits inédits de l'interview de Yunis Abdelhamid dans France Football : «Je ne me mets pas dans le top 3 des meilleurs défenseurs de L1»

Si son interview est à retrouver dans le numéro de France Football actuellement disponible, Yunis Abdelhamid s'est très longuement confié pendant 1h15. FF.fr vous livre ici des extraits inédits de cet entretien.

Ses premiers pas dans le foot dans le quartier Paul-Valéry de Montpellier
«C'est ce qui a fait toute mon enfance, toute ma jeunesse. On jouait après l'école, tous les week-ends. C'est un terrain où Abdelhamid El Kaoutari et Adrien Regattin sont passés. Un terrain avec beaucoup de souvenirs. J'étais loin d'être le plus fort ! C'est là que la passion du foot a commencé.»
 
Quand il repense à sa jeunesse et ses saisons en DH
«Dès que j'ai un de mes amis au téléphone... Récemment, j'ai eu un attaquant contre qui j'ai joué. Il me disait "A l'époque, je te faisais galérer à me prendre au marquage. Maintenant, les attaquants, en Ligue 1, tu les mets dans ta poche." (il rit.). A l'époque, c'était un joueur réputé en DH. Il me donnait du fil à retordre. J'ai un pote aussi qui s'appelle Jawad, on a tapé des galères à Marseille, on allait jusqu’à Aurillac pour faire des essais, et quand on voit tout ça, quand on en reparle, ce sont des bons souvenirs.»
 
Mustapha Zagar, un ami de Yunis Abdelhamid, nous a affirmé être fier d'avoir vu son compère percer, tant tellement de talents de la région de Montpellier sont restés dans l’inconnu
«C'est vrai. Quand on joue en DH, on se connait tous plus ou moins. Il y avait tellement de bons joueurs que c'était déjà pas facile d'être vu. C'est une grande fierté, surtout pour mes collègues et amis. Quand ils voient ce parcours, ils sont fiers. Et c'est une des raisons pour lesquelles je donne tout. Quand je vois tout ceux avec qui j'ai évolué et qui sont encore en DH ou en N3 en train de jouer, je n'ai pas le droit d'arriver ici, de faire la gueule ou de ne pas tout donner, de ne pas m'investir à 200%, c'est inconcevable.»

«Le futsal, je me suis éclaté»

Son souvenir d'un 32e de finale de Coupe de France joué avec son équipe de Lattes (DH), face à Angers (L1)
«Jouer contre une équipe pro, c'est tout ce qu'un joueur amateur rêve. Les conditions n'étaient pas idéales, c'était un terrain enneigé. En termes de performances, ça ne restera pas un bon souvenir (NDLR : Élimination 0-1) mais c'était une super expérience. Mais, oui, ça booste, surtout qu'en face, devant, il y avait Anthony Modeste et Gaëtan Charbonnier. C'était encourageant pour moi dans mes objectifs.»
 
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Le futsal, une discipline qui lui a beaucoup apporté
«Après mes études, j'avais des potes qui avaient une équipe à la Paillade. Ça s'appelait Montpellier Agglomération. Ils avaient besoin d'un défenseur, d'un pivot. Ils m'ont demandé de venir. J'ai essayé. Je me suis éclaté. L'entraîneur n'était pas chaud pour que je vienne mais, au final, je suis resté et sur cette saison, j'étais le seul joueur qui ne sortait jamais. C'était une super expérience. J'ai progressé, pas forcément techniquement parce que je ne suis pas un dribbleur, mais en terme de vitesse d'exécution, dans les contrôles-passes, mais aussi pour défendre. J'ai vraiment kiffé. Les tacles étaient interdits, on était obligé de défendre debout et ça m'aide aujourd'hui. Défensivement, on peut remarquer que je tacle très rarement sur le terrain, j'essaie toujours d'anticiper. C'est une chose qui m'a fait progresser.»
 
S'il a certaines attitudes de futsal encore aujourd'hui ?
«Honnêtement, je ne m'en rends pas compte. Ça m'arrive des fois de dribbler, de me lancer dans des petites folies. J'ai des petites folies sur le terrain. Je ne sais pas si ce sont les réflexes de futsal ou simplement moi qui m'amuse, qui prend du plaisir sur le terrain.»

«Avec ma femme, on aime bien la séance de cinéma à 11 heures le lundi»

Le moment où il sent que le foot pro va pouvoir s'ouvrir à lui un jour
«Peut-être que j'ai commencé à y croire en moins de 18 ans où mon entraîneur dit devant tout le vestiaire, s'il y en a peut-être deux qui peuvent réussir, c'est Yunis et un autre, qui s'appelait Kévin. Là, je me suis dit qu'il peut y avoir une possibilité un jour. Mais sans que ça devienne un objectif.»
Le foot pro et son exposition
«Je m'y fais parce que ça fait partie du foot. Je n'ai pas le choix. Je suis quand même un peu en retrait par rapport à ça. Je ne suis pas sur les réseaux sociaux. Je n'ai pas de compte Instagram, Twitter. Il y a une page fan Facebook tenue par une personne que je connais. Je suis à l'écart de ça. A part ce qu'il se dit dans les journaux, le reste, je ne le vois pas.»
L'importance qu'il donne aux moments hors foot
«J'essaie de passer du temps avec ma femme et mes enfants. Quand il n'y a pas les enfants comme hier (NDLR : Jeudi dernier, l'interview ayant été réalisée le vendredi 17 janvier), on en a profité avec ma femme pour aller en ville, faire un petit resto, faire du shopping, un cinéma... Des choses simples. On aime bien la séance de 11 heures avec ma femme, le lundi, quand on n'a pas entraînement. Profiter, tout simplement parce que c'est la vie. Quand je suis ici, je suis à fond dans le foot, je donne tout, je mets tout. Même si, chez moi, le métier aussi prend pas mal de temps. Mais il faut aussi savoir se faire plaisir.»

«Le livre sur la montée ? J'ai lâché l'affaire»

Lors de la saison record du Stade de Reims en Ligue 2 en 2017-18, Yunis Abdelhamid avait commencé à écrire un livre...
«J'ai lâché l'affaire. C'était trop dur, j'étais trop seul. Mais pourquoi pas, dans dix ans, si on reparle de la montée. C'est vraiment une saison où j'ai kiffé à fond, j'ai pris du plaisir, je me suis éclaté et je pense qu'on s'est tous éclatés, les joueurs, le staff, les dirigeants. C'était vraiment exceptionnel. Les joueurs qu'il y avait à cette période, quand je pense à eux, ils me manquent vraiment. Pourtant, dans le foot, ça vient, ça part. Là, ce groupe compte énormément pour moi. Ça restera toujours gravé.»
 
Ressent-il l'âge avancé sur son corps ?
«Non. Jusqu'au moins 35-36 ans, je pense qu'on peut être au top de sa forme. Au-delà, tout dépendra de ce qu'on aura fait de notre corps, de l'hygiène de vie. Les blessures entrent aussi en compte. Je ne me fixe pas de limites. Tant qu'on me fera confiance et qu'on croira en moi...»
 
Quand on lui dit qu'il fait partie du Top 3 des meilleurs défenseurs centraux de L1
«Ça, ça ne sort pas de moi ! Si on me le dit, ça fait plaisir d'avoir cette reconnaissance. Il y a de très bons défenseurs. Moi, je ne me mets pas dans le top 3. Qu'on me mette parmi les meilleurs, c'est toujours une fierté. Ça me motive. Quand on me complimente, ça me booste pour devenir encore meilleur.»

«Je travaille, je bosse, j'ai envie de progresser»

Pour lui, c'est quoi la suite ? Il est en fin de contrat dans six mois à Reims
«Dans mon esprit, j'ai envie de progresser et d'aller le plus haut possible. Je ne me suis pas fixé de limites. A 23 ans, quand j'ai intégré Arles-Avignon, ça paraissait peut être un peu tard d'intégrer le monde pro pour un joueur, mais je ne me fixais pas de limites. J'ai gardé la même ligne de conduite. Je ne me fixe pas de limite. Je travaille, je bosse, j'ai envie de progresser. Et tant que je continuerai d'être performant, bien sûr que je vais essayer d'aller le plus haut possible.»
Abdelhamid n'a plus loupé un match de Championnat depuis avril 2018. David Guion, son entraîneur, est-il déjà venu le voir pour savoir s'il voulait souffler ?
«Non, ce n'est jamais arrivé. Mais je pense que le coach pense la même chose que moi. On est footballeur professionnel. On doit tout mettre en oeuvre pour récupérer, faire attention à la nutrition, au sommeil, pleins de petits détails qui nous permettent d'être bien physiquement. Et je pense qu'enchaîner les matches, pour tout joueur, même tous les trois jours, c'est une bonne chose. On préfère tous jouer que s'entraîner.»

Timothé Crépin