delort (andy) (L. Nicolas/L'Equipe)

D'Ajaccio à Montpellier en passant par le Mexique, la carrière tourmentée d'Andy Delort en sept étapes

Auteur de sept buts depuis le début de la saison, Andy Delort a retrouvé son meilleur niveau à Montpellier. Pourtant, tout n'a pas été rose pour le joueur prêté par Toulouse. Retour sur sa carrière en montagnes russes.

Ajaccio, Nîmes, Metz : triplette perdante (2008-2013)

Des tests concluants à Dortmund. Non, vous ne rêvez pas, Andy Delort aurait pu rejoindre le Borussia à 17 ans. Mais le jeune gamin de Sète prend finalement son temps, étape par étape. Les premières ne sont guère enthousiasmantes. D'abord, il rejoint le Nîmes Olympique après avoir quitté Ajaccio pour raisons personnelles. En une saison, il joue trop peu pour montrer son talent. L'international français de beach soccer retourne finalement en Corse pour y signer son premier contrat professionnel en 2011. Mais là aussi, le Sétois ne performe pas. On découvre un Delort nerveux, qui dégoupille après une bagarre générale contre Nantes. À l'issue de la saison, l'ACA monte en Ligue 1 mais prête Delort à Metz pour quatre mois. L'attaquant ne sait plus où donner de la tête. À son retour à Ajaccio, il joue le rôle du joker. Et, comme un symbole, il inscrit son premier but en Ligue 1 contre... Montpellier. Le jeune joueur décide de partir de Corse pour rejoindre Tours. C'est là-bas qu'il connaîtra ses premiers jours de gloire.

Tours : la (re)naissance d'Andy Delort (2013-2014)

C'est certainement jusqu'à présent l'une des plus belles pages de la carrière d'Andy Delort. L'Ajaccien rejoint Tours durant le mercato estival de 2013, où il retrouve son ancien entraîneur Olivier Pantaloni. Cette saison, c'est la bonne : le natif de Sète termine co-meilleur buteur de Ligue 2 avec vingt-quatre buts et huit passes décisives. Il est élu par France Football meilleur joueur de la seconde division et fait partie de l'équipe type aux trophées UNFP. Après un début de carrière mitigé, Andy Delort s'est bien repris et peut envisager un avenir radieux. Mais la situation financière de Tours ne permet pas au club de le conserver. L'attaquant s'engage finalement en deuxième division anglaise avec Wigan, contre la somme de 4M€.

Wigan : 5 mois et puis s'en va (2014-2015)

Son passage en Angleterre tourne au vinaigre. Le coach est très vite limogé et Delort ne prend pas ses repères. «Wigan, ce n'était pas non plus totalement ma décision. Le 31 août, j'étais obligé de signer quelque part, et Tours menaçait de déposer le bilan... J'ai pensé plus aux autres qu'à moi. Mais ça n'est pas un regret, car aujourd'hui le club est en Ligue 2 !», expliquait-il à Ouest France. Son passage en Angleterre est un fiasco, il revient à Tours sous forme de prêt pour quelques mois, et quitte définitivement Wigan afin de rejoindre le Stade Malherbe Caen.

Caen : une belle histoire réduite en miette (2015-2016)

Le Stade Malherbe Caen tente le pari. Et c'est un pari gagnant : Delort s'éclate et marque 12 buts en 36 matches de Championnat. Sa réalisation la plus mémorable reste sa frappe de 25 mètres au Stade Vélodrome, permettant aux Normands de créer l'exploit contre Marseille (0-1). Mais en fin de saison, Andy Delort voit sa cote d'amour baisser radicalement auprès des supporters. Pour cause, l'attaquant est en arrêt maladie et souhaite rejoindre le club mexicain des Tigres. Alors que le public et les observateurs mettent en cause le comportement d'Andy Delort, l'absence interminable du joueur s'explique par de nombreuses visites médicales, dues à un éventuel problème cardiaque. «Du jour au lendemain, mon image change, je passe pour un mercenaire. On est partis voir des spécialistes, les meilleurs en France je pense, on a fait tout ce qu'il fallait», racontait-il à Ouest France. Finalement, «tout allait bien. Je n'avais pas de problème particulier. On a ramené les papiers qui disaient que je pouvais faire mon métier de footballeur professionnel. Ce n'est pas moi qui ai décidé de ne pas aller à l'entraînement, je tenais à le dire. Ça ne s'est pas passé comme ça.» Une histoire sans fin, qui verra finalement Andy Delort s'envoler vers le Mexique.

Tigres : Delort voit sa cote baisser (2016-2017)

En signant chez les Tigres, Andy Delort espère marcher sur les pas d'André-Pierre Gignac. Le club mexicain croit avoir frappé un grand coup en faisant signer l'un des éléments les plus en vue de la ligue 1. Mais l'équipe tourne bien, le coach a son onze de départ et l'ancien Caennais n'est titularisé que trois fois. La présence de Gignac, déterminante dans sa venue, le dessert plus qu'autre chose. Et l'histoire ne dure pas. L'attaquant quitte le club mexicain, où il n'aura pas su s'imposer. En signant à Toulouse, il connaît son huitième club à 25 ans. Une instabilité chronique qui n'aide pas à la régularité.

Toulouse : Delort ne brille pas (2017-?)

Dans la ville rose, ses statistiques sont peu fameuses. L'ancien Caennais marque 10 buts en deux saisons de Ligue 1. Il se fait également remarquer en dehors du terrain de par une hygiène de vie douteuse. La Dépêche du Midi révélait même que le joueur avait été arrêté au volant avec près de 2g d'alcool dans le sang. Un dérapage intervenu quelques jours après le départ de Pascal Dupraz, qui était à l'origine de son transfert en janvier 2017. Entre blessures, exil sur l'aile droite et passages sur le banc, Delort n'aura pas réussi à poursuivre ses excellents débuts sous le maillot toulousain (trois buts lors de ses trois premiers matches). Il a même été pris à partie par certains supporters lors d'une défaite du TFC contre Lille (2-3). A l'intersaison 2018, il est prêté à Montpellier.

Montpellier : retour au source gagnant (2018-?)

À Montpellier, le natif de Sète se sent comme à la maison, à seulement trente minutes de chez lui, en symbiose avec l'esprit de la Paillade. Delort a déjà oublié Toulouse. La preuve, c'est lui qui marque le but du break contre le TFC et le fête avec joie (0-3). Son début de saison est canon, avec déjà sept buts au compteur. Mais encore une fois, des problèmes extérieurs font surface. L'attaquant est interpellé après une course-poursuite en voiture avec la police. Le joueur de 26 ans est passager du véhicule qui lui appartient, et qui roule à allure excessive. Selon Midi Libre, Delort aurait dit aux policiers : «Je m'en bats les c..., je gagne 150 000 euros par mois.» Mais à Montpellier, son image ne se dégrade pas, les supporters apprécient son tempérament et espèrent que sa carrière montpelliéraine puisse continuer.

Erwan Issanchou