(L'Equipe)

Cristiano Ronaldo après son premier Ballon d'Or FF, en 2008 : «Je suis dans l'histoire maintenant»

Pour ce nouvel épisode des grands entretiens qui ont fait l'histoire de FF, retour en 2008 avec Cristiano Ronaldo, qui venait de remporter son tout premier Ballon d'Or France Football.

Nous sommes en décembre 2008, au centre d'entraînement de Carrington. Dans la salle de presse, sir Alex Ferguson, en short, a fait attention à son accent pour répondre aux questions des journalistes français. Et Patrice Evra est venu parler de son copain Cristiano - «Si vous ne lui aviez pas donné le Ballon d'Or, j'arrêtais le foot». Le Ballon d'Or 2008 répond lui aussi aux questions de nos camarades de la télévision. «Le plus beau joueur de United ? C'est moi. Et parmi les autres ? Franchement, ils ne sont pas terribles...» Eclats de rire. Puis le champion portugais rejoint les envoyés spéciaux de FF. Après la célébration de la veille au soir, c'est l'heure pour lui de nous dire, avec un peu de recul, comment il se sent dans une peau nouvelle, celle du Ballon d'Or qu'il est désormais pour toujours.

«Enfant, rêviez-vous du Ballon d'Or ?
Oui, j'y pensais, je connaissais le Ballon d'Or. A l'époque, cela me semblait si loin, si difficile. J'étais tout mince, tout petit. Je jouais avec des grand types, costauds... Je demandais un ballon à chacun de mes anniversaires. Je voulais être un joueur pro. Depuis Andorinha, mon premier club, jusqu'à Manchester, en passant par le Nacional et le Sporting Portugal, j'ai tout fait pour devenir un footballeur professionnel, puis pour gagner le Ballon d'Or. Voilà, c'est fait. C'est un sacré sentiment.

Avez-vous conscience d'être dé­sormais un footballeur à part ?
Oui. Je suis dans l'histoire, maintenant. Ce n'est pas donné à tout le monde. J'ai regardé les DVD sur l'histoire du Ballon d'Or que vous m'avez apporté, je n'ai vu que des grands joueurs, des légendes. Maintenant, je fais partie de cette histoire. A vingt-trois ans, seulement.

Est-ce que quelque chose a déjà changé en vous ?
Bien sûr ! Ma personnalité, ma façon d'être et d'arriver chaque jour au centre d'entraînement n'ont pas changé. Mais à l'intérieur... (il souffle). On ressent quelque chose d'extraordinaire. Pour mes amis proches, pour ma famille, pour moi, c'est une réussite extraordinaire. Quand on travaille, quand on fait les efforts et que l'on est récompensé à la fin, on atteint un sentiment de plénitude.

Ces dernières semaines, étiez-vous convaincu de gagner le trophée ?
Je n'avais aucune certitude. Mais, pour être honnête, j'y ai toujours cru. Quand la saison dernière s'est achevée, je savais que j'étais en très bonne position pour l'emporter.

Quel était votre principal adversaire ?
Tous les joueurs cités dans le classement sont des joueurs de très grande classe, qui peuvent gagner le trophée. C'est extraordinaire de finir devant eux. Je suis le premier ! Cela me rend très heureux. Très fier, aussi. Je suis impatient de toucher enfin ce Ballon d'Or, dimanche.

«Quand on travaille, quand on fait les efforts et que l'on est récompensé à la fin, on atteint un sentiment de plénitude.»

«A Manchester, Je suis devenu un gagneur»

L'année dernière, vous aviez terminé deuxième, devant Messi, et cette année, vous le devancez encore. Cela veut-il dire que vous êtes un tout petit peu meilleur que lui ?
Non, cela ne veut pas dire que je suis meilleur. Cela veut dire que j'ai mieux joué que lui cette année. J'ai mieux joué que n'importe quel joueur cette année. Voilà pourquoi j'ai gagné. Mais Messi a le potentiel pour gagner le Ballon d'Or, évidemment. Torres, aussi. Gagner le trophée, malgré cette concurrence, c'est extraordinaire.

En ce moment, pensez-vous à votre père, décédé en 2005 ?
Mon père me manque. C'est lui qui me manque le plus, aujourd'hui. Je suis sûr que, là où il est, il est l'homme le plus fier au monde. Il pensait toujours que je pourrais gagner ce trophée. Il me disait : “Tu vas gagner le Ballon d'Or.” Peut-être y croyait-il plus que moi ! C'est grâce à lui, grâce à ma mère aussi, et à toute ma famille, que je soulève ce trophée aujourd'hui.

Alex Ferguson occupe-t-il auprès de vous, aujourd'hui, une position presque paternelle ?
Ferguson, c'est le Master. Le Maître. Je suis un grand professionnel, au­jourd'hui, grâce à lui. C'est lui qui m'a pris au Sporting et m'a fait venir à Manchester. C'est un grand homme. Un grand manager. Son palmarès parle pour lui. Mais le plus important, c'est sa personnalité. J'aime travailler avec lui.

Avez-vous avec lui des discussions qui dépassent le cadre du football ?
Je lui dis ce qu'il doit savoir de ma vie privée. Nous sommes dans une relation de confiance. Il me croit quand je lui dis quelque chose, et réciproquement.

En quoi vous a-t-il fait progresser ?
A Manchester, ma concentration a changé. Je suis devenu un gagneur. Ici, on doit tout gagner, toujours. J'ai commencé à ressentir la pression de gagner des matches, des trophées. Et c'est ici, avec Alex Ferguson, que j'ai commencé à croire que je pouvais gagner le Ballon d'Or.

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Que vous a-t-il dit ce mardi matin, lorsque vous êtes arrivé au centre d'entraînement ?
“Félicitations, bien joué, mais il faut continuer, travailler encore plus dur.” Je m'attendais à ça !

Dans votre carrière, d'autres coaches ont-ils été fondamentaux ?
Je sais que j'ai l'opportunité, aujourd'hui, de remercier toutes les personnes qui ont été importantes pour moi. Tout le monde a compté. Mes coaches, depuis Andorinha jusqu'à Manchester. Mes coéquipiers, ma famille, ma mère, mes amis proches. Jorge Mendes, mon agent. Tous m'ont donné confiance en moi. Ils m'ont aidé à récupérer après ma blessure à la cheville, cet été. Tous ces gens me disaient : “Cristiano, tu gagneras un jour le Ballon d'Or.” Mais je ne veux oublier personne. Dimanche, à Paris, je remercierai tout le monde. A la maison, j'ai une liste. Il y a beaucoup de noms dessus. Je ne l'ai montrée à personne, mais je la sortirai dimanche et je n'oublierai personne.

Vous avez réalisé un très bon début d'année 2008, puisque vous totalisiez neuf buts à la fin du mois de janvier. Sentiez-vous déjà, à ce moment-là, que cela serait une grande année ?

Je savais simplement qu'il fallait continuer à travailler, à faire les efforts pour remporter des titres et des récompenses individuelles. On était en bonne position. Mais il y avait encore énormément de travail à accomplir.

Lors de quel match, cette année, avez-vous éprouvé un sentiment de plénitude ?
En finale de la Ligue des champions, contre Chelsea, je me suis senti bien. L'environnement du match était extraordinaire. C'était ma première finale. Il y avait une ambiance et une attente uniques autour de ce match. C'était sans doute le match le plus excitant de l'année. Et cela s'est bien passé.

Ce but en finale vous a sans doute assuré le Ballon d'Or...
Sur le coup, je pensais qu'il nous avait fait gagner la finale ! Mais, quelques minutes plus tard, Lampard a égalisé. Sur le terrain, c'était fantastique. Il y avait une intensité énorme. Chaque ballon comptait. Heureusement, on a fini par l'emporter aux tirs au but. J'ai raté le mien, mais mes coéquipiers ont fait le travail.

Cristiano Ronaldo avec Sir Alex Ferguson, en 2008. (L'Equipe)

Vous avez une étonnante façon de courir, à petits pas, le cou très raide... Vous en rendez-vous compte ?
C'est mon style. J'ai toujours joué comme ça, depuis le début de ma carrière. J'ai toujours fait des passements de jambes, des gestes techniques.

Est-ce que vous essayiez d'imiter quelqu'un lorsque vous étiez enfant ?
Je n'aime pas les imitations. Ce n'est pas ma personnalité. En réalité, je ne dissèque pas vraiment les matches à la télévision. Quand il y a un match, j'ai envie d'y être, de jouer ! Mon frère (Hugo), lui, s'assoit devant la télé et il regarde des matches de 13 heures à 22 heures. Je ne suis pas comme ça.

Vous arrive-t-il de regarder des vidéos de vos propres matches ?
Oui. Pour voir ce que j'ai réussi et ce que j'ai mal fait. Vous apprenez beaucoup comme ça.

Vous avez énormément progressé en quelques mois sur coups francs. Vous en avez même inscrit cinq au cours de la saison 2007-08. Avez-vous développé une technique particulière ?
Je me suis beaucoup entraîné, c'est tout. Quand je marque un coup franc, j'éprouve toujours une sensation spéciale, car je pense au travail accompli à l'entraînement. Il y a un lien direct et c'est valorisant.

Vous avez la réputation d'être un acharné de travail.
Il faut être intelligent dans son travail. Quand on joue le mercredi et le samedi, il faut penser à bien récupérer, c'est le plus important. Mais quand on a le temps, il faut travailler, toujours travailler.

«Tout le monde a compté. Mes coaches, depuis Andorinha jusqu'à Manchester. Mes coéquipiers, ma famille, ma mère, mes amis proches. Jorge Mendes, mon agent.»

«Ce n'est pas facile d'être au sommet en permanence»

Entre cette finale et la demi-finale de la Ligue des champions 2007, perdue contre Milan (3-2, 3-0), vos progrès ont été considérables...
C'est toute l'équipe qui a énormément progressé. Contre Milan, nous étions passés au travers. Nous étions une bonne équipe, mais l'esprit n'était pas le même. On n'avait pas la même maturité, la même sérénité. On a appris de nos défaites.

A titre personnel, c'était sans doute la toute première fois que vous faisiez la différence dans un très grand match...
J'essaie de faire la différence à chaque match, mais ce n'est pas facile d'être au sommet en permanence. C'est encore plus dur dans ces matches-là. Mais les grands joueurs doivent faire gagner les très grands matches.

A quel moment avez-vous commencé à ressentir des douleurs à la cheville droite ?
Peut-être en février. J'ai dit au club que j'avais un souci. C'était comme d'avoir un grain de riz dans la chaussure. J'avais mal en permanence. Quand le temps était mauvais, cela se dégradait. J'ai pensé qu'il fallait que j'arrête de jouer. Mais nous étions bien classés en Championnat, en course en Ligue des champions et l'Euro approchait. Je me suis promis de terminer la saison. Je prenais du Voltarène avant chaque match. A l'Euro, la douleur est devenue insoutenable. Je ne veux pas m'en servir comme une excuse pour avoir raté mon Euro. Mais le handicap était très grand à ce moment-là. Dès que l'Euro s'est achevé, j'ai dû me faire opérer.

Vous n'aviez pas peur que la blessure s'aggrave ?
Mais j'aime trop le foot ! J'avais envie de jouer. Il fallait que je fasse ces sacrifices. Je ne regrette rien.

Vous avez effectué votre retour, à la mi-septembre, après deux mois d'arrêt, bien en avance sur le planning prévu. Comment avez-vous fait ?
Je fais attention à moi, à ce que je mange, à la façon dont je vis. Les gens qui ont travaillé avec moi ont été magnifiques. Le chirurgien, les docteurs, les kinés... C'est pour cela que je suis revenu plus vite. Mais il faut que je bosse encore plus que les autres, car j'ai raté toute la présaison. Je me sens de mieux en mieux. La douleur est très faible désormais. Je pense que ce sera une grande saison.

A la fin de la demi-finale perdue contre la France (0-1), à Munich, Thierry Henry vous avait enlacé un bon moment et vous avait glissé quelque chose à l'oreille. Que vous avait-il dit ?
Je m'en souviens bien. C'était une conversation spéciale. Il m'encourageait, il me disait de continuer. Ma relation avec Thierry a toujours été très bonne, j'adorais le regarder jouer quand il était ici, en Premier League. C'est un joueur fantastique et quelqu'un d'ouvert. Ce soir-là, il a essayé de me consoler. Ça montre que c'est un grand monsieur. J'aimerais bien discuter encore avec lui un de ces jours.

Quelle est votre relation avec la France ?
Ce n'est pas parce que vous êtes là que je dis ça, mais j'ai une grande relation avec la France. A chaque fois que j'ai joué en France, mais aussi quand j'y suis allé pour le plaisir, j'ai regardé les gens et j'ai senti qu'ils me voyaient de manière différente, avec une forme d'affection. Peut-être parce qu'il y a une grande communauté portugaise en France. Je sens que les gens m'apprécient. Louis Saha et Patrice Evra m'ont souvent dit qu'en France les gens m'aimaient.

Maintenant que vous êtes Ballon d'Or, vous pouvez nous le dire : avez-vous déjà plongé sur un terrain ?
Je sais que les gens disent cela ! Vous connaissez Hercule ? Il était costaud, musclé, mais il tombait parfois... Sérieusement, que puis-je contre les gens qui prétendent que je plonge ? Ils ont leur opinion. Moi, j'ai la mienne.

Et quelle est votre opinion ?
Mon opinion, c'est que, non, je ne plonge pas. Quand un défenseur me tacle, que dois-je faire ? Rester debout ? Ce n'est pas possible. Mais je me fiche de ce que les gens disent de moi. Ce n'est pas important.

«Quand je marque un coup franc, j'éprouve toujours une sensation spéciale, car je pense au travail accompli à l'entraînement. Il y a un lien direct et c'est valorisant.»

Le dernier Ballon d'Or issu de la Premier League était Michael Owen, en 2001. Après cela, il a eu beaucoup de blessures. Ça vous fait réfléchir ?
Evidemment, je touche du bois (il frappe du poing sur la table). Je sais que la vie d'un footballeur professionnel est faite de hauts et de bas, qu'on peut être blessé. Mais j'ai déjà eu beaucoup de soucis avec cette cheville, et je n'en veux pas plus. Michael Owen est un super joueur, mais je ne veux pas vivre ce qu'il a traversé après son Ballon d'Or, ça c'est sûr.

La prochaine fois que vous jouerez contre Newcastle, ça vous fera un sujet de discussion ?
Oui, et je lui dirai : “Eh ! Michael, ce truc, ce n'était pas seulement pour toi...” (Rires.)

Pensez-vous déjà au deuxième Ballon d'Or ?
Aujourd'hui, je veux profiter de ce bonheur. Vous ne vous en rendez peut-être pas compte, mais je suis très fier de ça. Vous vous en rendrez peut-être un peu plus compte dimanche, lors de la remise, parce qu'il y aura ma famille, mes amis, et que je serai sans doute très ému. Ma mère va pleurer, et ça sera un moment spécial. Mais oui, je veux continuer à gagner des titres, des récompenses, et un autre Ballon d'Or. Je respecte les autres joueurs, mais je veux encore gagner. C'est mon ambition depuis que j'ai trois ans.

Au fait, Patrice Evra aimerait que vous lui prêtiez le Ballon d'Or pour un mois. C'est faisable ?
Bien sûr, Patrice est mon ami ! Et je sais aussi que je n'ai pas gagné ce Ballon d'Or tout seul.»

« Je me sens rapide, je me sens fort»

Maintenant que vous êtes Ballon d'Or, vous pouvez vous relaxer un peu...
Non, surtout pas ! Il faut que je travaille encore davantage. Je ne me relaxe jamais. J'ai bu un verre de champagne avec vous hier, mais ce matin je me suis réveillé à 8 heures. Je suis arrivé en retard pour l'interview, parce qu'il fallait que je fasse mon travail. Je veux faire autant l'année prochaine, et même plus.

Votre jeu est axé sur la provocation, la vitesse. Va-t-il évoluer dans les années à venir ?
Si mes jambes me permettent de continuer comme ça, je le ferai. Mais, à l'approche de la trentaine, on doit changer son jeu parce que la vitesse n'est plus la même, la puissance non plus. Il y a des exemples de grands joueurs pour qui l'âge a été un atout. Giggs, par exemple, est fantastique. A trente-quatre ans, il court encore comme moi. Figo aussi est toujours là, à trente-cinq ans.

Voyez-vous votre futur au poste d'attaquant axial ou d'ailier ?
Pour être honnête, je ne sais pas. Beaucoup de gens me disent que je vais devenir un bon buteur, bien gros et bien costaud. Mais je n'y crois pas. Je préfère profiter du moment présent, de mes jambes fraîches. Je me sens rapide, je me sens fort. J'aime bien mon style actuel.

Peut-on dire que vous êtes devenu un meilleur joueur, plus complet, plus collectif, après la Coupe du monde 2006 ?
Je comprends ce que vous voulez dire, mais je pense que ma progression est linéaire. Depuis que je suis arrivé à Manchester United, je me suis amélioré chaque année. J'ai toujours réussi quelque chose de plus, saison après saison. Et, bien entendu, je suis un meilleur joueur aujourd'hui que je ne l'étais en 2006. Je suis plus mûr, plus consistant dans mon jeu, j'arrive mieux à déterminer le bon moment pour passer le ballon ou dribbler. Ces choses-là s'apprennent.

La polémique qui a suivi l'incident avec Rooney, en quarts de finale contre l'Angleterre (Cristiano Ronaldo avait réclamé et obtenu l'expulsion de son coéquipier en club), vous a-t-elle rendu plus fort ?
C'est ce que les gens disent. Mais si je devais le refaire, je le referais. Je défendais mes couleurs, mon pays. Ce que j'ai fait ce jour-là est normal. Quand je suis revenu en Angleterre après la Coupe du monde, il y avait tous ces gens qui me huaient. Cela m'a renforcé. C'était comme un test de mon caractère. J'ai beaucoup appris avec cette histoire.

Le fameux quart de finale entre l'Angleterre et le Portugal, en 2006. (Mark Leech/PRESSE SPORTS)

«Je me fiche de ce que les gens disent de moi. Ce n'est pas important.»

«Je ne me laisse pas intimider»

Avez-vous l'impression que certaines équipes vous prennent pour cible ?
Parfois, j'ai l'impression que les défenseurs ne peuvent m'arrêter que par des fautes et qu'ils ne jouent pas le ballon. Qu'ils me visent moi. Mais ce n'est pas le moment pour parler de ça.

Alex Ferguson en a parlé récemment.
Moi, je ne me laisse pas intimider. Si quelqu'un me frappe, je me relève et je pars. Je n'aime pas être victime de fautes à répétition, ce n'est pas bon pour moi, et pas bon pour le football. Mais ce n'est pas grave. Il faut être fort.

Votre image a été brouillée par l'épisode de votre éventuel transfert au Real Madrid, cet été. Que pouvez-vous en dire aujourd'hui ?
(Très ennuyé.) Je n'ai pas trop envie de revenir là-dessus. J'en ai déjà beaucoup parlé. Aujourd'hui, je suis à Manchester, je me sens très bien dans ce club. Je ne veux pas avoir d'autres problèmes avec ça. Depuis deux ou trois mois, on a parlé plus de ça que de football, et je n'ai plus envie d'en parler.

Pensez-vous que les gens vous respecteront plus, en tant qu'homme, maintenant que vous êtes Ballon d'Or ?
Bien sûr que les gens me regardent avec plus de respect aujourd'hui. Mais quand on me critiquait, ça ne me faisait pas grand-chose. Pour moi, c'était un compliment. J'aurais pu répondre : “Je suis jeune, et alors ?” Et puis, pourquoi parler comme cela des jeunes ? Si vous êtes un bon joueur à quinze, seize, dix-sept ans, pourquoi devriez-vous attendre jusqu'à vingt-trois ans pour gagner quelque chose ? Moi, je crois que la haine, pour quoi que ce soit dans la vie, doit être reçue comme un compliment, un encouragement.

Ça ne changera rien, alors ?
Je sais qu'on va me scruter d'encore plus près, que tout ce que je vais dire ou faire maintenant sera interprété. Là, je vous dis que je veux gagner le Ballon d'Or une deuxième fois, je sais qu'il y en aura pour dire : “Pour qui se prend-il, celui-là ?” Mais ça ne compte pas. Je suis prêt à tout ça, je suis un bon gars, je ne vais pas changer de caractère. Je veux rester le même.

«Je respecte les autres joueurs, mais je veux encore gagner. C'est mon ambition depuis que j'ai trois ans.»

Philippe Auclair, Marc Beaugé et Jean-Michel Brochen