Soccer Football - World Cup - Quarter Final - Uruguay vs France - Nizhny Novgorod Stadium, Nizhny Novgorod, Russia - July 6, 2018 Uruguay's Diego Godin in action with France's Antoine Griezmann REUTERS/Jason Cairnduff (Reuters)

Coupe du monde, quarts : face à l'Uruguay, Antoine Griezmann comme à l'Atlético

S'il a fait preuve d'un déchet technique important, notamment en première période, Antoine Griezmann a été impliqué sur les deux buts français et a abattu un travail défensif remarquable. Un match de Colchonero, en somme.

Antoine Griezmann se plaît à être là où on ne l'attend pas. Quitte à agacer. Une nouvelle fois, l'attaquant - qui n'en était pas vraiment un ce vendredi - a dû faire pester, notamment en première période durant laquelle il a perdu un nombre considérable de ballons. Et pour cause : Griezmann, dans la tradition de l'Atlético Madrid, a fait le choix de descendre très bas pour aider ses coéquipiers à se sortir du pressing uruguayen. Sa zone d'activité s'est cantonnée au deuxième tiers du terrain, ce qui l'a dans un premier temps mis en difficulté. Griezmann a tenté - et manqué - de nombreuses passes en première intention lors du premier acte, avant de comprendre qu'il était préférable de temporiser, quitte à se priver de quelques contre-attaques. Il aura fallu attendre la demi-heure de jeu pour le voir conserver le cuir sur un double contact et aérer le jeu sur l'aile (28e), et prendre le relais avec son body language, incitant ses coéquipiers à conserver la possession.

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La zone d'activité de Griezmann ressemble davantage à celle d'un meneur de jeu qu'un attaquant de pointe.

Offensivement transparent mais décisif

Forcément, cette propension à descendre bas sur le terrain a eu une conséquence fâcheuse : la surface uruguayenne était désertée. D'autant qu'Olivier Giroud, afin de faire sortir la paire Godin-Gimenez, n'hésitait pas à dézoner. Stupeur après la demi-heure de jeu : l'ancien attaquant d'Arsenal aspirait la défense uruguayenne aux 30 mètres, et lançait Mbappé sur l'aile droite. Le centre parfait du joueur du PSG ne trouvait personne, Griezmann se trouvant à vingt bons mètres de l'action. Là encore, la zone d'activité du Colchonero en atteste : il ne s'est quasiment jamais retrouvé dans la surface de réparation (il n'a touché que deux ballons dans les 16 mètres adverses). Une particularité qui caractérise son Mondial jusqu'ici, lui qui s'est très peu trouvé à la finition des occasions françaises.

Chose plus inhabituelle encore, il a fait plusieurs mauvais choix sur les quelques attaques rapides des Bleus, comme sur cette phase où il oublie l'appel intérieur de Mbappé pour se heurter à Gimenez (45e). Paradoxalement, avec son talent et une once de chance, l'attaquant est impliqué sur les deux buts français : il a littéralement déposé le ballon sur la tête de Varane pour le premier but (0-1, 40e) puis a vu Muslera se trouer sur une frappe sèche aux 20 mètres pour doubler la mise (0-2, 61e).

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L'école Colchonero

En revanche, sa position basse lui a permis d'abattre un travail défensif exceptionnel, notamment en deuxième période lorsqu'il a fallu gérer l'avantage au score. Dès le retour des vestiaires, il a ainsi effectué une course de 20 mètres pour presser Muslera et aurait pu s'offrir un autre but en contrant la relance du portier uruguayen, décidément peu en verve (47e). Surtout, Griezmann s'est positionné de façon à couper les premières relances de la défense de la Celeste et empêcher un éventuel rush de Diego Godin, comme ce dernier a l'habitude de le faire. Son pressing défensif, dans le dos des milieux de terrain, tout comme sa compensation sur l'aile droite de Kylian Mbappé, a sauvé les Bleus de plusieurs situations chaudes. En tout, le Colchonero a tenté neuf tacles et en a réussi cinq, plus que tout autre joueur sur le terrain. Un vrai match d'attaquant sud-américain, quoi qu'en dise Luis Suarez...

Les tacles tentés par Antoine Griezmann face à l'Uruguay, quasiment tous dans sa moitié de terrain et sur le côté de Kylian Mbappé.

Antonin Deslandes