Soccer Football - World Cup - Quarter Final - Brazil vs Belgium - Kazan Arena, Kazan, Russia - July 6, 2018 Brazil's Neymar and Belgium's Eden Hazard before the match REUTERS/John Sibley (Reuters)

Coupe du monde, quarts de finale, Brésil-Belgique : Quand Eden Hazard éclipse Neymar

Eden Hazard a remporté son duel à distance face à Neymar lors du succès de la Belgique contre le Brésil en quarts de finale du Mondial (2-1). Le Belge a brillé par son intelligence de jeu et sa simplicité, tandis que le joueur du PSG a déçu après son excellent match contre le Mexique. En manque d'inspiration, il a été incapable de faire vaciller la défense des Diables Rouges.

D’un côté, Neymar (26 ans), l’attaquant du PSG considéré comme le successeur des plus grands joueurs brésiliens. De l’autre, Eden Hazard (27 ans), le capitaine belge qui rêve d’un trophée avec les Diables Rouges. Tous les deux flanqués du numéro 10 dans le dos, les deux joueurs étaient très attendus, surtout après avoir brillé lors du tour précédent, Hazard face au Japon et Neymar contre le Mexique. Une responsabilité énorme pour les deux hommes, celle de faire vibrer tout un pays et d’emmener sa sélection sur le toit du monde. C’était déjà le cas en 2014, alors quatre ans plus tard, avec davantage d’expérience et de maturité - Hazard fêtait ce vendredi sa 90e sélection et Neymar sa 89e -, ce match était le bon moment pour frapper un grand coup et rejoindre le dernier carré. Et dans ce duel à distance, le Belge a pris le dessus sur le Brésilien. De très loin.

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L'intelligence de jeu face à l'obstination

Dans cette rencontre, Hazard a semblé monter en puissance alors que Neymar attaquait fort d’entrée. Sur son côté gauche, le Parisien n’a pas tardé à lancer ses premières accélérations pour prendre la température et créer le danger (3e, 11e, 15e). Le temps pour Thomas Meunier de prendre ses marques face à son coéquipier en club. Car le latéral droit belge a parfaitement contenu le "Ney" pendant toute la rencontre. Le talentueux Brésilien n’a quasiment jamais réussi à prendre le dessus sur lui, si ce n’est en toute fin de match quand il a adressé une passe en retrait parfaite pour Coutinho, dont la frappe était complétement manquée (84e). Du coup, Neymar a eu tendance à abandonner son couloir gauche pour rentrer dans l’axe sur chacune de ses accélérations. Une obstination étrange tant la défense belge et ses trois centraux (Kompany, Vertonghen, Alderweireld) laissaient peu d’espaces dans l’axe. Ainsi, Neymar a eu du mal à faire des différences et à combiner avec les autres joueurs offensifs, et notamment avec Philippe Coutinho.

Si Hazard a touché un peu moins de ballons (63 contre 82), il s’est lui montré beaucoup plus intelligent dans son jeu. Des prises de balles parfaites, des accélérations bien senties et des passes précises. Assez discret en début de match, il a lancé sa partie à la 21e minute avec un magnifique grand pont avant de bien décaler Meunier sur le côté droit. Dans la foulée, il a réussi une superbe ouverture pour Kevin De Bruyne après un bon travail en pivot (26e) mais ce dernier a trop tardé à trouver une solution dans la surface. Par ailleurs, ses dribbles ont tous été réussis (10), tandis que Neymar s’est montré plus discret dans ce domaine (3 réussis sur 4 tentés). Surtout, Hazard a joué simple, sans trop en faire, sans se montrer trop gourmand. Il s’est parfaitement fondu dans le collectif belge, tout l’inverse de Neymar qui s’est trop souvent lancé dans des numéros de soliste, sans succès, et qui n’a pas paru en osmose avec ses coéquipiers.

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Hazard précieux dans la conservation, Neymar en manque d'inspiration

Une prestation très décevante de la part de Neymar, qui avait été très bon contre le Mexique en huitièmes de finale. Face à la Belgique, il n’a pas du tout livré la même prestation. Il a manqué de simplicité, de lucidité dans ses transmissions et il a eu tendance à garder le ballon trop longtemps, quitte à s’enfermer sur son côté ou à se perdre dans la défense belge. En outre, il n’a pas réussi à sonner la révolte brésilienne pour rattraper le retard de deux buts. Cela dit, il aurait quand même pu être le héros de la Seleçao si Thibaut Courtois n’avait pas sorti une parade extraordinaire sur sa frappe enroulée dans les dernières secondes du match (90e+4). Très critiqué pour son comportement depuis le début de la Coupe du monde, Neymar a aussi fait perdre du temps à son équipe en réclamant un penalty - il s’est effondré dans la surface sans que Meunier ne le touche - dans le temps additionnel (90e+1).

De son côté, Hazard a été d’une grande utilité pour la Belgique quand il s'est agi de gérer l’avantage et surtout de ne pas craquer dans les dernières minutes. Le capitaine des Diables Rouges a été excellent dans la conservation du ballon, en parvenant à obtenir des fautes intelligentes et précieuses pour gagner du temps (85e, 90e+3). Il aurait même pu inscrire le troisième but de son équipe en seconde période. Bien démarqué sur le côté gauche et servi par De Bruyne, il a vu sa frappe croisée du pied gauche frôler le poteau d’Alisson (62e). Sans être décisif, Hazard a livré une prestation remarquable et semble enfin s’épanouir en sélection. À l'image de la Belgique, éliminée en quarts de finale en 2014 et 2016, il a montré qu'il avait franchi un cap face au Brésil. Au point de remporter son duel à distance contre un Neymar bien timoré. Prochain rendez-vous pour l'ancien Lillois : la France en demi-finale, une rencontre qui s'annonce très particulière pour lui.

Clément Gavard