giroud (olivier) (P.Lahalle/L'Equipe)

Coupe du monde, finale France-Croatie : pourquoi Giroud est essentiel au jeu des Bleus

Même s'il n'a pas réussi à trouver le chemin des filets depuis le début de la Coupe du monde, Olivier Giroud s'est montré très utile dans le système de Didier Deschamps. Tel un soldat, l'attaquant multiplie les efforts sur le terrain et permet aux autres joueurs offensifs de briller.

Souvenez-vous le 16 juin dernier, date de l’entrée en lice de l’équipe de France à la Coupe du monde. Un premier match contre l’Australie et les premiers choix forts de Didier Deschamps dans le onze de départ. Exit Olivier Giroud, place au trio composé d’Antoine Griezmann, Kylian Mbappé et Ousmane Dembélé en attaque. Un pari surprenant mais alléchant, tant le potentiel des trois nommés est immense. Et pourtant, les Bleus ont déçu dans une rencontre ennuyeuse en se créant trop peu d’occasions. «Ce qui symbolise le plus l’apport d’Olivier, c’est ce match contre l’Australie, juge René Girard, son entraîneur à Montpellier entre 2010 et 2012. Il n’a pas joué et ça a été très compliqué dans le jeu. Tout le monde réclamait le trio de feux follets et on pouvait penser que leur vitesse allait faire la différence contre une équipe athlétique. Mais avec Olivier, ça fixe davantage et ça bouge autour de lui.» Son entrée en jeu à la 70e minute à la place de Griezmann avait d’ailleurs changé le jeu des Bleus, Giroud s’était même montré décisif sur le second but, avec une belle remise pour Paul Pogba. Depuis, il a retrouvé sa place de titulaire à la pointe de l’attaque, pour ne plus la quitter jusqu’ici.

Le soldat Giroud

Depuis ce premier match débuté sur le banc, Giroud a disputé quasiment l’intégralité des rencontres. Titulaire à chaque fois, il a seulement laissé sa place à la 85e minute contre la Belgique - à Steven Nzonzi pour renforcer le milieu de terrain -, preuve que Deschamps compte beaucoup sur son numéro 9. Pas forcément pour marquer des buts, même si c’est aussi son job. Car Giroud symbolise surtout parfaitement cette équipe : un état d’esprit irréprochable, une attitude de guerrier et un sens du sacrifice. «On est très content de sa Coupe du monde, il fait énormément offensivement et défensivement, a commenté Blaise Matuidi en conférence de presse. Il y a peut-être de la frustration mais le plus important, c’est qu’il aide l’équipe à gagner. Les critiques ne sont pas justifiées car il fait un gros travail.» Le joueur de la Juventus n’a pas vraiment tort. S’il n’a toujours pas marqué en Russie, Giroud est très précieux dans le jeu des Bleus.

Dans un rôle de pivot sur lequel les autres peuvent s’appuyer, il utilise beaucoup sa puissance physique (1m92, 90 kilos) pour fatiguer les défenses adverses. Les deux derniers matches sont parfaits pour illustrer son travail colossal. Sa présence physique a fait du mal à l’Uruguay en quarts de finale (7 duels aériens gagnés). Dans une rencontre qui s’annonçait comme un immense combat, il a parfaitement répondu présent en remplissant une tâche certes ingrate mais terriblement nécessaire. Bis repetita contre la Belgique. Giroud a joué très bas, parfois comme un milieu défensif, pour empêcher les Belges de développer leur jeu. «Avec Antoine, on a fait un travail de sape sur les deux milieux défensifs pour les empêcher d’être trouvés par leurs défenseurs», a détaillé Giroud au micro de la FFF après la victoire. Avant de souligner «l’état d’esprit» et «la solidarité» de l’équipe, des termes récurrents dans la bouche des joueurs français depuis le début de l’aventure.

Une générosité à double tranchant

En plus de son jeu de fixation en attaque, Giroud peut donc aussi défendre selon les consignes. L’ancien Montpelliérain se met au service de l’équipe, que ce soit à la récupération ou au pressing. Et il offre aussi des espaces, des libertés à ses compères Kylian Mbappé et Antoine Griezmann. «C’est un garçon indispensable au système de jeu. Il fait briller les autres autour de lui, des garçons comme Griezmann ou Mbappé profitent de ses efforts, analyse René Girard. Olivier il monopolise, il fixe, il est présent et laisse les autres s’économiser. C’est un peu le travail de l’ombre mais c’est important.» Une vraie complémentarité entre ces joueurs aux profils différents.

Seulement, un numéro 9 est aussi et surtout jugé sur son nombre de buts marqués. Et Giroud n’a jamais fait trembler les filets depuis le début du Mondial. Muet depuis son but contre l’Irlande en match de préparation - sa 31 réalisation en sélection qui a fait de lui le quatrième meilleur buteur de l'histoire des Bleus -, le joueur de Chelsea est parfois décrié et son inefficacité commence à être comparée à celle de Stéphane Guivarc’h en 1998. «Il dépense beaucoup d’énergie en revenant défendre sur tous les coups de pied arrêtés, explique René Girard. Par moment, sa générosité le prive certainement de lucidité mais c’est au service de l’équipe. Qui peut lui reprocher ça ?» Personne, surtout si la France décroche sa deuxième étoile, même si un but en finale pourrait définitivement soulager Giroud. Et lui permettre d’être enfin reconnu à sa juste valeur.

Clément Gavard