Soccer Football - World Cup - Final - France v Croatia - Luzhniki Stadium, Moscow, Russia - July 15, 2018 Croatia's Luka Modric looks dejected after the match REUTERS/Dylan Martinez (Reuters)

Coupe du monde, finale France-Croatie : Luka Modric, un rêve brisé

Après quatre Ligue des champions, Luka Modric ne gagnera pas sa première Coupe du monde. Le capitaine de la Croatie a pourtant beaucoup essayé face aux Bleus (4-2) ce dimanche, profitant des largesses tricolores.

C'était son rêve de gosse, après tant et tant de difficultés, de gloires et de travail. Pourtant, Luka Modric ne sera sans doute jamais champion du monde. Capitaine génial de la Croatie, le milieu de terrain de 32 ans a tout vécu dans ce Mondial. Les victoires écrasantes des poules, face au Nigéria, à l'Argentine et dans une moindre mesure l'Islande, puis les trois séances de tirs au but et enfin cette finale, face à une équipe de France on ne peut plus réaliste et peut-être un brin chanceuse. Le plan de Zladtko Dalic était pourtant huilé pour contrarier le bloc compact des tricolores, et permettre à Luka Modric de briller dans une zone réputée charpentée, entre N'Golo Kanté, Blaise Matuidi, Lucas Hernandez et les retours défensifs d'Antoine Griezmann. C'est là, néanmoins, que Luka Modric a réussi à se faire une place (voir heatmap plus bas). On avait vu De Bruyne et Messi parfaitement bien entourés, Modric a quant à lui réussi à s'extirper du marquage et de la vigilance, touchant 89 ballons au total.

À l'aise dans un no man's land

Le titre de meilleur joueur du Mondial ne consolera certainement pas Luka Modric, effondré au coup de sifflet final. Un trophée mérité, alors qu'il a encore livré un match de haute facture, et notamment en première mi-temps. Tandis qu'il profitait de l'immense domination des siens dans les duels, le côté droit croate interagissait bien dans son jeu de position. Un coup plus haut, plus bas, collé à la ligne de touche (à la 20e minute, par exemple) ou plus axial, "Lukita" semait le doute dans les esprits français, bougés par l'engagement de la sélection aux damiers et par leur inquiétante imprécision (44% de passes réussies dans le premier acte).

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Modric effectuait aussi son habituel travail de sape sans le ballon, au pressing dès la 2e minute sur Samuel Umtiti ou Ngolo Kanté huit minutes plus tard. Il participait donc grandement à la pression constante de son équipe, malgré les deux buts tricolores signés Manduzkic contre son camp puis Griezmann sur penalty, alors que sa patte sur coups de pied arrêtés aurait pu être le bourreau des ouailles de Deschamps. Et comment passer à côté de ses ouvertures, ses extérieurs du pied et sa faculté à voir le jeu avant les autres ? La Croatie mettait du rythme, de l'intensité, mais c'est aussi par le biais de ses deux "regista" Modric et Rakitic que les hommes de Dalic jouaient haut, direct, et profitaient des décalages lumineux de leur paire pour attaquer les côtés, et surtout celui de Benjamin Pavard, dépassé en première mi-temps avant d'offrir de très bonnes 45 dernières minutes. Des passes courtes, longues ou entre les lignes que les Bleus facilitaient, alors que le pied de Luka Modric se trouvait loin de tout défenseur. Que pouvait rêver de mieux l'enfant de Zadar que des espaces, dont les qualités balle au pied sont connues de tous ?

Trop facilement face au jeu

Les Bleus le savaient d'avance, il serait l'élément clé de la Croatie. Et si on pensait le plan préparé à l'avance, Luka Modric a encore montré que rien n'est écrit avec un tel talent. Et parmi toutes les situations qu'il fallait éviter, voir Luka Modric face au jeu et proche de la surface était le plus dangereu. On l'y a pourtant vu bien trop souvent, tandis que Kanté, noté 4 par FF, a moins rayonné qu'à l'accoutumée. Modric, lui, après une première mi-temps réussie, a continué d'être la clé de voûte du jeu de son équipe.

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Encore très présent en fin de match, alors qu'Hugo Lloris avait remis la Croatie dans le bain après son unique erreur du tournoi, le numéro 10 de la sélection aux damiers jouait dans les petits espaces, à l'image de son action à la 80e minute. Pourtant, et on ne pourra s'empêcher de le penser, la défaite et les quatre buts encaissés enlèvent énormément à la performance du petit génie du Real Madrid, noté 7 par France Football et homme du match côté croate aux côtés d'Ivan Perisic. Pas décisif statistiquement, il aura pourtant pesé sur ce match, et la dramaturgie ne lui aura finalement pas permis de rentrer dans l'histoire en devenant le premier capitaine croate à gagner la compétition. Et si le Mondial de Modric est réussi, il pourra peut-être gagner une récompense convoitée : le Ballon d'Or France Football. Il en est devenu un très sérieux candidat.

Antoine Bourlon