Soccer Football - World Cup - Brazil Press Conference - Brazil Training Camp, Sochi, Russia - June 19, 2018 Brazil's Philippe Coutinho during the press conference REUTERS/Hannah McKay (Reuters)

Coupe du monde : Et si c'était Coutinho, le vrai patron du Brésil ?

Buteur et auteur d'une solide performance contre la Suisse (1-1), Philippe Coutinho s'avance comme l'une des valeurs sûres de la Seleçao alors que Neymar n'est toujours pas à 100%. Au point d'en être le véritable leader ?

Pour le premier match de la Seleçao en Russie, face à la Nati, toute la planète football avait les yeux braqués sur la superstar, Neymar. Face à des Suisses décomplexés, le Parisien a tenté, dribblé (peut-être trop) et a été victime de fautes à répétition de ses adversaires, n’ayant pas réussi à faire la décision pour les quintuples champions du monde. Celle-ci a été faite en première période par son coéquipier Philippe Coutinho, d’une merveille de frappe excentrée aux 20 mètres dont il a le secret. Si les supporters auriverdes attendaient le joueur du PSG pour illuminer le jeu du Brésil, c’est finalement celui du Barça qui a endossé ce rôle, performant également par ses passes lumineuses et ses accélérations. Un apport à ne certainement pas minimiser...

Constant depuis 2014

Positionné à gauche du milieu de terrain au sein du 4-3-3 de l’ancien entraîneur des Corinthians, l’ancien Red de Liverpool a une nouvelle fois excellement orienté le jeu des siens tout en désorientant celui de l’adversaire. Et en marquant donc ce sublime but dans les cages de Yann Sommer. Ce dernier s'est d'ailleurs exclamé après la rencontre : «C’est un but de ouf, franchement, c’est un très, très joli but. Normalement je me lève et j’applaudis pour un but comme ça. Il l’a très bien fait.» À chaque fois qu’il a touché le cuir, Coutinho a accéléré le jeu, que ce soit dans une position de meneur qu’il a occupé parfois ou sur le côté gauche qu’il affectionnait à Liverpool.

Surtout il a été le seul à proposer quelque chose pour débloquer le verrou suisse, Tite n’hésitant pas à délaisser son 4-3-3 pour choisir un 4-2-3-1 où le Blaugrana s’est vu confier les clés du jeu. Si le match nul a moins mis en valeur sa prestation, elle reste dans la lignée de ce qu’il a proposé depuis six mois en Catalogne, où il était arrivé contre l’incroyable somme de 120M€ (+40M€ de bonus, deuxième plus gros transfert de l‘histoire). Auteur de 10 buts et 6 passes décisives toutes compétitions confondues avec le Barça, ses très bonnes copies avec le Brésil sont même récurrentes depuis le Mondial 2014. Non sélectionné dans les 23 par Luiz Felipe Scolari en 2014, sa révélation chez les Reds lui a permis de devenir un pion essentiel du dispositif de Dunga (2014-2016), puis de Tite. Il est même le milieu de terrain le plus utilisé - avec Paulinho - depuis la prise en charge de ce dernier, lors des éliminatoires.

Dans la lignée de ses bonnes prestations avec le Barça.

Sa polyvalence technique parle pour lui

Tite l’a plusieurs fois répété, il compte sur le joueur passé à l’Inter (2008-2013), avec Neymar, pour former une attaque redoutable en Russie. Les attentions des adversaires du Brésil envers la pépite formée à Santos ont eu comme effet de libérer Coutinho, désormais un peu moins ciblé et plus libre dans son orchestration du jeu. Hormis sa vitesse d’accélération et ses passes millimétrées, Philippe Coutinho constitue un atout de choix pour le Brésil, Tite pouvant l’incorporer dans ses différents schémas tactiques aperçus pendant les qualifications. Utiliser le Catalan en milieu offensif, central, ou ailier, le sélectionneur de 57 ans a l’embarras du choix. Même à gauche dans un 4-4-2 à plat ou dans un 4-3-3, Coutinho peut utiliser ses qualités de débordement, de vitesse et de dribbles pour alerter ses attaquants et Neymar, qui se replace dès lors dans l’axe de l’attaque auriverde aux côtés de Gabriel Jesus.

Si Tite opte pour un 4-2-3-1, comme lors de la deuxième période face aux Suisses, Coutinho délaisse dans ce cas Casemiro ou Fernandinho et un peu de stabilité défensive au profit d’un style beaucoup plus flamboyant, et donc plus conforme au talent affirmé du n°11 auriverde. Fred, le milieu récupérateur de la Seleçao, confirme même que cette organisation semble la plus appropriée à son coéquipier. «Si on utilise ce schéma, alors Philippe se trouve sur la même ligne que Neymar, et lorsque ces deux-là sont côte à côte, ça fait des étincelles. On a besoin qu’ils soient dans ces conditions-là, on retrouve le vrai style du Brésil, fait de passes courtes, de dédoublements et de dribbles. Un vrai football offensif», a-t-il confié la semaine dernière à ESPN Brazil. En attendant Tite, continue d'instaurer son 4-3-3, et en attendant Neymar à 100% de ses capacités au sein de cette équipe, c’est le Barcelonais qui en est le véritable métronome.

Joffrey Pointlane