Soccer Football - World Cup - Semi Final - Croatia v England - Luzhniki Stadium, Moscow, Russia - July 11, 2018 Croatia's Luka Modric in action REUTERS/Kai Pfaffenbach (Reuters)

Coupe du monde, Croatie-Angleterre : Luka Modric, le QI et les kilomètres

On peut le dire, Luka Modric est un mutant. Le capitaine de la sélection aux damiers a encore permis à la Croatie de se qualifier au bout du suspense (2-1, a.p.), même s'il semble marquer le coup.

Vivement les vacances pour Luka Modric ! Car si la Croatie se qualifie grâce à sa force mentale, sa capacité de réaction et un coup de pouce du destin ce mercredi face à l’Angleterre (2-1, a.p.), le capitaine de la sélection aux damiers a paru lessivé. Ce qui ne l’a pourtant pas empêché d’être au-dessus de la mêlée techniquement, certes, mais il suffisait de voir le rictus du petit Mozart croate à sa sortie, à la 118e minute, pour comprendre ce qu’il venait de vivre et que l’acide lactique avait envahi ses jambes depuis bien longtemps.

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Avant cela, tout avait pourtant mal commencé pour le milieu de terrain du Real Madrid. Une faute sur Dele Alli devant la surface, à la 5e minute, qui offrait à Kieran Trippier l’occasion d’envoyer le ballon en pleine lucarne et de permettre à l’Angleterre d’ouvrir le score. Pas vraiment dans son match, alors qu’il avait commencé quasiment comme numéro 10 et reculait petit à petit, Luka Modric ne touchait que six petits ballons lors du premier quart d’heure. Ses coéquipiers ne trouvaient jamais les lignes de passe pour servir leur métronome, alors qu’il fut bien le seul à éclairer le jeu balle au pied. De son changement d’aile impeccable pour Ivan Perisic (19e) à son extérieur, toujours pour le numéro 4 croate, à la 105+1e, "Lukita" a souvent été le dynamiteur d'une équipe longtemps stérile et a créé nombre de décalages uniquement par sa passe.

On aurait aimé le voir plus haut et dans des zones variées

Toujours capable d’éclairs de génie et d’inspirations somptueuses, Luka Modric a pourtant eu du mal, en première comme en deuxième période, à rayonner comme il en a l’habitude. La faute, peut-être, à son positionnement sur le terrain. Souvent trop bas, rarement haut et toujours dans l’axe droit du terrain (voir heatmap ci-dessous), c’est sûrement par fatigue qu’il s’est moins projeté, alors qu’il a d’incroyables qualités pour offrir la dernière passe.

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Et sans rien enlever à la performance de Brozovic, un 6 type Casemiro - comme il en profite au Real - aurait pu être d’une grande aide au 10 croate, qu’on a vu rester bas pour assurer l’équilibre à la perte de balle et permettre au onze de ne pas se découvrir. Luka Modric aura au final navigué entre le moins bon, le normal et parfois le très bon, alors que son match n’a pas grand-chose à voir avec les délicieuses partitions qu’il avait livrées jusqu’alors. Même si, à l’évidence, la Croatie aurait eu un toute autre visage sans le roi Luka au milieu de terrain.

Source www.whoscored.com.

Don de soi à l'extrême

Finale de Ligue des champions, une utilisation à outrance et trois prolongations dans les jambes, Luka Modric avait de quoi être fatigué. Pourtant, il fait toujours preuve d’une incroyable forme physique, même si le poids des kilomètres commence à se faire sentir. On lui demanderait bien sa recette secrète, alors qu’une action de la 102e minute incarne à merveille ce don de soi. Après une passe étrangement ratée, Luka Modric revenait pour tacler dans les pieds de son adversaire direct et envoyait le ballon en touche. Rien de très significatif, mais peu de monde aurait mis du sien à ce moment-là. Allongé sur le sol à la 104e minute, mains sur les genoux à quelques reprises, on a vu le prince de Zadar en manque d’oxygène, même si les sprints à haute intensité ne semblent pas être un problème pour lui. On connaissait le Modric capable d’éliminer, d’orienter, de jouer tête levée, et on l’a encore vu ce soir, mais c’est bien un guerrier que l’on a vu briller dans la nuit de Moscou. Une même ville qui pourrait en faire le favori du Ballon d’Or FF ce dimanche face à la France.

Antoine Bourlon