Soccer Football - World Cup - Group E - Serbia vs Brazil - Spartak Stadium, Moscow, Russia - June 27, 2018 Brazil's Thiago Silva celebrates scoring their second goal REUTERS/Maxim Shemetov (Reuters)

Coupe du monde, Brésil : Thiago Silva, le monstrueux retour

Extrêmement critiqué puis éjecté de la Seleção après la Coupe du monde 2014, Thiago Silva a su se battre pour revenir au sommet. Retour sur un parcours tortueux.

Chaque carrière a ses spécificités, ses aléas, ses hauts et ses bas. Celle de Thiago Silva en sélection du Brésil fait assurément partie des plus complexes. De l’espoir au capitanat, de l’exil à la rédemption, "O Monstro" est passé par tous les statuts sous le maillot auriverde. Et c’est aujourd’hui, à bientôt 34 ans, que le défenseur du Paris Saint-Germain semble rayonner le plus avec la Seleção. Comme beaucoup de Brésiliens, Thiago Silva était déjà sélectionné avant d’arriver en Europe. En 2008, alors qu’il évolue encore à Fluminense, le défenseur de 24 ans fait ses premiers pas sous le maillot de son pays, en remplaçant Juan à la mi-temps d’un match comptant pour les éliminatoires de la Coupe du monde 2010, contre le Venezuela (4-0, le 12 octobre 2008).

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Titulaire pour la première fois un mois plus tard contre le Portugal (6-2), Thiago Silva n’est cependant plus appelé pendant près d’un an. Après un premier retour et quelques matches sur le banc, "O Monstro" se fait définitivement une place de titulaire lors de la saison 2010-2011, portant même parfois le brassard de capitaine. Dans le même temps, au Milan AC, il acquiert la réputation de meilleur défenseur du monde, et devient en 2012 le deuxième joueur le plus cher à son poste, lors de son transfert au PSG pour plus de 40 millions d’euros. Capitaine respecté en club comme en sélection, Thiago Silva impressionne par sa sérénité et son sens de l’anticipation.

Les pleurs et l'exil

La Coupe du monde 2014 est un réel tournant dans sa carrière. À domicile et favoris, ou du moins attendus, les Brésiliens se montrent très émotifs, en particulier leur capitaine. Sur le terrain pourtant, le défenseur parisien répond présent, auteur d’une compétition solide et même d’un but précieux contre la Colombie en quarts de finale (2-1). Cependant, l’image qui reste de lui est son refus de participer à la séance de tirs au but contre le Chili, en huitièmes de finale (1-1, 3-2 aux tab), et ses pleurs à l’issue de celle-ci. Il apparait alors comme un leader fragile, et est tenu comme un des grands responsables de la déroute brésilienne en demi-finales contre l’Allemagne (1-7), alors qu’il n’était même pas sur le terrain, la faute à une suspension.

Déchu du capitanat par le nouveau sélectionneur Dunga, Thiago Silva n’est plus un titulaire indiscutable dans une sélection brésilienne en phase de guérison, et finit même par ne plus être appelé. Une période terrible pour le Parisien, surtout quand il voit ses coéquipiers en club partir en sélection lors des trêves internationales. Dunga assume cette mise à l’écart pour des raisons extra-sportives, mais sa Copa America 2016 désastreuse avec une élimination en phase de poules le pousse vers la sortie.

Retour au sommet

Tite prend alors la tête de la Seleção à l’été 2016, et il ne faut pas longtemps au défenseur pour revenir. Toujours aussi performant avec le PSG, Thiago Silva est de retour en sélection en octobre de la même année, mais reste sur le banc des remplaçants. La charnière centrale brésilienne est alors composée de Miranda et… Marquinhos, son coéquipier en club. Mais le banni de l’ère Dunga ne baisse pas les bras, et reprend sa place de titulaire à quelques mois de la Coupe du Monde russe.

Avant le huitième de finale du Brésil contre le Mexique, ce lundi (16 heures), Thiago Silva a participé aux sept derniers matches de sa sélection, portant le brassard de capitaine, que Tite fait tourner, à deux reprises. Il l'aura encore cette fois. Au cours des 600 minutes qu’il a jouées sur ces sept rencontres, le Brésil n’a encaissé qu’un but, contre la Suisse (1-1) lors du premier match de cette Coupe du monde. Dans une sélection historiquement réputée pour son jeu offensif bien plus que pour sa solidité défensive, ce Brésil-là possède avec sa charnière centrale Thiago Silva-Miranda une des arrière-gardes les plus imperméables de ce Mondial.
Lors du troisième match de poules contre la Serbie (2-0), "O Monstro" a peut-être réalisé sa meilleure performance sous le maillot auriverde. Outre son but, le second du match, il s’est montré intraitable, particulièrement dans sa surface de réparation où il a pris tous les ballons de la tête, apportant une grande sérénité à l’ensemble de son équipe, et ce malgré la sortie sur blessure de Marcelo, autre atout majeur du Brésil.

Alors certes, Thiago Silva n’est peut-être pas le leader naturel le plus impressionnant de la planète football, comparé notamment à un Sergio Ramos, mais il est un capitaine qui communique énormément avec ses coéquipiers et qui leur transmet une grande sérénité, aujourd’hui peut-être plus que jamais. Il pourrait même être devenu le leader que le Brésil n’espérait plus, un leader qui relève un Neymar en pleurs après le match face au Costa Rica (2-0). Quelle image.

Florent Le Marquis