FAUGERE FRANCK L'EQUIPE (FAUGERE FRANCK/L'EQUIPE)

Coupe du monde 2018 : le grand débrief du Mondial de l'équipe de France

La France est championne du monde et elle sera passée par tous les états. Le génie de Kylian Mbappé, le Winchester FC d'Ousmane Dembélé et la découverte Benjamin Pavard... Voici le débrief de FF consacré au parcours des Bleus.

On n'aurait jamais imaginé ça au soir du 9 juin

Qui aurait pu prédire un tel scénario ? La France championne du monde pour la deuxième fois de son histoire le 15 juillet 2018. Une folie difficilement imaginable après le match nul contre les Etats-Unis (1-1), le 9 juin dernier. Une rencontre sans relief, sans saveur, un peu à l'image des autres matches de préparation. Il y avait des incertitudes autour de Lloris, de la complémentarité entre Umtiti et Varane, de l'influence de Pogba sur le jeu de l'équipe... Puis les doutes ont été balayés au fil des semaines dans cette Coupe du monde. Cette défaite contre la Colombie (2-3) en mars dernier, un revers qui n'augurait rien de bon pour la Russie, est désormais bien loin. Les Bleus ont répondu présent et ils sont maintenant sur le toit du monde. Pour notre plus grand plaisir.

On s'est (encore) dit que la France avait enfanté un génie

Dix-neuf ans, des buts à foison, le prix de meilleur jeune et une Coupe du monde dans son armoire à trophées déjà bien remplie, Kylian Mbappé est verni. Ou plutôt la France, qui peut une nouvelle fois se réjouir d'avoir un tel talent, béni par le destin. S'il n'a pas été extraordinaire à tous les matches, Kylian Mbappé a fait vibrer les supporters tricolores, et semble être entré dans une nouvelle dimension. Un autre palier dans sa carrière, alors que ses prises de balle sont plus que jamais craintes par les défenseurs du monde entier. Et avec ce graal footballistique qu'est la Coupe du monde, on se dit aussi que l'enfant de Bondy a déjà réussi là où nombre de légendes ont échoué. Ses contemporains Messi, Ronaldo ou Neymar peuvent en témoigner.

On a vibré pour l'état d'esprit, moins pour le jeu

Les Belges l'avaient viscéralement pointé du doigt à l'issue de la demi-finale : les Bleus ne font pas du beau football. Et pourtant, difficile d'en vouloir à cette équipe-là et à Didier Deschamps, alors qu'une deuxième étoile s'installe à jamais sur le cœur des tricolores. La phase de poules avait d'abord été presque ennuyeuse, à l'image du match nul 0-0 face au Danemark, voire inquiétante. Et si tout un pays n'a pas forcément vibré pour le beau jeu, les sorties de balle léchées ou les arabesques collectives de son onze, la dramaturgie des derniers matches a mis la majeure partie du pays dans la rue. Et au final, le plus important, c'est que la Coupe du monde rentre à la maison.

On s'est demandé si Deschamps n'était pas dans le top 3 des légendes du football français

Cette victoire, c'est aussi celle de Didier Deschamps. Encore une fois, il a triomphé. Comme s'il était né pour gagner. Depuis les exploits de Zinédine Zidane au Real Madrid, on a beaucoup parlé de l'ancien numéro 10 des Bleus, considéré comme un Dieu vivant au pays. Mais au panthéon du football français, on s'est dit que Deschamps avait bien gagné sa place aux côtés des Zizou et autre Platini. Le sélectionneur des Bleus avait déjà remporté le Mondial et l'Euro en tant que joueur, il a désormais soulevé la Coupe du monde en tant qu'entraîneur. Une performance remarquable, épatante et historique.

On a facilement pardonné à Lloris sa boulette en finale

Heureusement pour le gardien des Bleus, son dribble raté face à Mario Mandzukic n'a pas coûté le titre à l'équipe de France. Mais cette terrible boulette restera pourtant comme une image marquante de cette finale. On préférera cependant retenir les multiples parades aussi spectaculaires que décisives d'Hugo Lloris lors de cette Coupe du monde. Contre l'Australie (2-1), l'Uruguay (2-0) et la Belgique (1-0), le dernier rempart a réalisé de très grandes performances. Il aurait certainement mérité le titre de meilleur gardien du Mondial, finalement remporté par le Belge Thibaut Courtois, mais cette erreur l'a probablement pénalisé. À choisir, nul doute qu'il ait préféré soulever la Coupe du monde avec le brassard de capitaine.

On a été épaté par nos jeunes latéraux

Quels débuts fracassants pour Benjamin Pavard et Lucas Hernandez ! Il y a un an, personne ne pouvait savoir que les deux joueurs seraient titulaires à la Coupe du monde en Russie. Même pas Didier Deschamps. Les deux joueurs sont sortis de nulle part pour s'imposer à des postes où la France manquait de garanties. Une intégration totalement réussie et assez bluffante pour deux garçons âgés de seulement 22 ans. Certes, Pavard n'a pas toujours été rassurant défensivement, mais il nous a tant fait rêver avec son but extraordinaire contre l'Argentine. Toujours invaincu sous le maillot bleu, il vit un véritable conte de fées. Dans un autre registre, on a adoré la rage contagieuse d'Hernandez, vraiment façonné par Diego Simeone. Chapeau messieurs !

On n'a rien compris à la finale de Bleus

On n'a certainement pas assisté à la finale la plus qualitative techniquement. Mais le scénario qui nous a été offert dépasse tout ce que l'on aurait pu imaginer. Les Bleus se sont montrés terriblement fébriles en début de match, et sont rentrés aux vestiaires à la mi-temps en menant au score (2-1) on ne sait pas trop comment. Un tir cadré et deux buts en quarante-cinq minutes, difficile d'avoir plus de réussite. Après le repos, les Bleus ont eu dix minutes de grâce, emmenés par Kylian Mbappé, et ont assommé les Croates (4-1). Hugo Lloris a alors décidé de relancer le match en tentant un crochet aussi surréaliste que raté face à Mario Mandzukic (4-2). Un match rocambolesque, terminé par une cérémonie sous les trombes d'eau de Moscou. Parce que rien ne devait se passer comme prévu.

On aurait aimé que Giroud en marque un

L'ombre de Stéphane Guivarc'h a plané au-dessus de lui lors des derniers jours de la compétition. À l'instar de l'avant-centre des champions du monde 1998, Olivier Giroud n'a pas trouvé le chemin des filets au cours de cette Coupe du monde. Comment ne pas être triste pour le meilleur buteur des Bleus en activité ? Giroud aura certainement a tout jamais ce petit goût inachevé dans la bouche. On retiendra toutefois son énorme travail tout au long du Mondial, lui qui a pesé sur les défenses adverses et défendu sans relâche.

On a estimé que le but de Pavard était un tournant

Les critiques sur le jeu proposé et les émotions non transmises ont fusé après le premier tour. Contre l'Argentine de Lionel Messi, l'équipe de France est menée et provisoirement éliminée quand Benjamin Pavard, sorti de nulle part, décoche une frappe en pleine lucarne, en demi-volée, pour égaliser. D'une sélection critiquée pour son manque de panache, on est passé en une fraction de seconde à une sélection générant de la ferveur pour tout un pays. Ce but du latéral droit a été suivi d'un festival de Kylian Mbappé et d'une fin de Mondial maîtrisée. Pas sûr que la suite aurait ressemblé à cela si la frappe de Pavard avait terminé sa course dans les nuages de Russie.

On a félicité l'enceinte de Kimpembe pour la cohésion du groupe

C'était la grande histoire d'amour de cette équipe de France. Entre Presnel Kimpembe et son enceinte, le fluide est visiblement bien passé, et a permis de mettre de l'ambiance dans un vestiaire qui ne manquait pas de boute-en-train. Des musiques de tout genre et tout style pour le défenseur du Paris Saint-Germain et une playlist partagée via les réseaux sociaux par les suiveurs des Bleus. L'ambiance était donc au beau fixe dans ce groupe de 23, même si on n'en oubliera pas l'absentéisme de celle-ci lors du voyage retour après France-Belgique. La faute à Antoine Griezmann, qui avait laissé la meilleure amie des Bleus et de Kimpembe à l'hôtel.

Bonus : on s'est dit que Dembélé allait pouvoir se consacrer au Winchester FC

Après les efforts, le réconfort. Place à des vacances bien méritées pour les Bleus. Et on a déjà une petite idée sur l'avenir à court terme d'Ousmane Dembélé. Si l'attaquant du Barça ne nous a pas forcément fait rêver sur le terrain en Russie (quatre apparitions, une titularisation), il nous a bien fait rire avec son Winchester FC. Sur les vidéos diffusées par la FFF, l'ancien Rennais a présenté son projet sur Football Manager, le jeu où chacun peut endosser le costume d'entraîneur. Son objectif : monter en Premier League et donner une «ambiance sud-américaine» à son club. On a aimé cette insouciance, cette fraîcheur et on a surtout envie de savoir si son projet va aboutir. Aux dernières nouvelles, Dembélé avait mené son Winchester FC en Championship. La suite au prochain épisode.

Florent Le Marquis , Antoine Bourlon  et Clément Gavard