Soccer Football - World Cup - Group C - France vs Peru - Ekaterinburg Arena, Yekaterinburg, Russia - June 21, 2018 Peru's Luis Advincula in action with France's Blaise Matuidi REUTERS/Jason Cairnduff (Reuters)

Coupe du monde 2018, France-Pérou : aligné ailier gauche par Didier Deschamps, Blaise Matuidi n'a pas convaincu

Titularisé à une position d'ailier gauche inhabituelle pour lui, Blaise Matuidi n'a pas rendu une très bonne copie face au Pérou. Pas certain de revoir Didier Deschamps retenter ce "coup" en équipe de France pendant ce Mondial.

Un petit tour sur le banc contre l’Australie et puis c’est tout. Comme annoncé depuis quelques jours, Blaise Matuidi a bien retrouvé sa place de titulaire face au Pérou. Après une prestation décevante de son équipe contre les Socceroos, Didier Deschamps avait choisi de changer de système. D’un 4-3-3, la France est passée à un 4-2-3-1, un schéma dans lequel Matuidi a trouvé une place inhabituelle : l’aile gauche. Une position qu’il avait déjà occupé en septembre 2016 avec le PSG, Unai Emery l’avait alors aligné ailier gauche lors d’un match de Ligue des champions contre Arsenal (2-2). Pour un résultat convaincant, le temps d’une rencontre, il avait fait le travail demandé, jusqu’à délivrer une passe décisive pour Edinson Cavani. Seulement, c’était une grande première en équipe de France. Et Matuidi a vécu une 69e sélection très difficile, sans jamais parvenir à trouver ses marques dans le couloir gauche.

Un pressing inefficace pour bloquer le duo Advincula-Carrillo

Pourquoi aligner Matuidi à un poste qui n’est pas le sien ? Si la question pouvait se poser avant la rencontre, elle pouvait également avoir une réponse justifiée. Doutant probablement de l’apport défensif du jeune Ousmane Dembélé sur le côté, Deschamps a privilégié l’ancien joueur du PSG pour bloquer les attaques péruviennes. Et surtout perturber la relation entre Luis Advincula et André Carrillo, un des points forts de cette équipe du Pérou. Mais ça n’a pas vraiment marché. Matuidi a vécu un enfer en première période, se montrant incapable de contenir ses vis-à-vis. Ainsi, il a rapidement écopé d’un carton jaune en faisant faute sur Advincula pour stopper sa série de dribbles (16e). Un avertissement qui n’était pas vraiment le bienvenu, tant il était en difficulté défensivement.

C’est simple, en première période, Matuidi n’a jamais semblé pouvoir épauler Lucas Hernandez. Il a beaucoup pressé, il s’est souvent retrouvé près du ballon, mais sans jamais parvenir à le récupérer. Des errements qui auraient pu coûter cher, comme sur une mauvaise relance qui obligeait le défenseur de l’Atlético Madrid à concéder le corner (25e). Matuidi a cédé beaucoup trop de libertés au duo péruvien pendant toute la rencontre, les laissant trop souvent combiner ou accélérer dans son couloir. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Advincula a terminé la partie avec 86 ballons touchés et Carrillo avec 64. Heureusement pour le natif de Toulouse, les centres du second cité n’ont jamais abouti (66e, 74e) et le Pérou n’a pas réussi à faire trembler les filets d’Hugo Lloris. Un clean sheet pas vraiment à mettre au crédit de Matuidi.

Un apport offensif beaucoup trop limité

Ce n’est pas une surprise, Matuidi n’a pas le même profil qu’Ousmane Dembélé ou Thomas Lemar. Forcément, personne n’attend de lui des dribbles chaloupés et des accélérations décisives. Mais le milieu de terrain de la Juventus a les capacités pour se projeter vers l’avant, il l’a déjà montré (9 buts marqués avec les Bleus). Pourtant, il ne l’a quasiment pas fait contre le Pérou. Dans le premier acte, son apport offensif était inexistant, à l’image de l’absence de combinaisons avec Hernandez ou de ses trop rares appels. Au retour des vestiaires, Matuidi a semblé revenir avec de nouvelles intentions. Il a profité d’un bloc français un peu plus haut sur le terrain pour jouer (enfin) dans les trente derniers mètres. Sans beaucoup de succès. À l’approche de la surface côté gauche, il manquait totalement sa passe pour Hernandez (46e), puis, bien trouvé par Kylian Mbappé, il gérait mal sa frappe pour inquiéter le portier péruvien (57e), avant d’effectuer un centre sans grand danger (71e).

Au fil des minutes, Matuidi a semblé fatigué, probablement usé par ses nombreux efforts et ses courses répétées, qui sont à mettre à son crédit. Aucun doute, il est définitivement plus à l’aise dans l’entrejeu, une position axiale qui lui permet d’être utile au pressing et de ne pas se retrouver au duel avec des joueurs de couloir comme Advincula et Carrillo, dont la rapidité et la vivacité lui ont posé de gros problèmes ce jeudi. Pas certain que Deschamps retente l’expérience, surtout après une telle partie de déplaisir pour Matuidi.

Clément Gavard