Diego Costa (Atletico Madrid) during a International friendly match between Spain against Switzerland in La Ceramica Stadium, Villarreal, Spain, on 03 June of 2018. *** Local Caption *** (L'Equipe)

Coupe du monde 2018, Espagne : Diego Costa à contre-courant

Pas toujours épargné par l'opinion public en Espagne, Diego Costa reste un atout majeur de la Roja à l'approche de l'aventure mondialiste. La compétition sera l'occasion de conforter sa place en sélection et de prouver que l'Espagne a su varier son jeu.

84e minute, Diego Costa et Iago Aspas tombent dans les bras l’un de l’autre. Le premier vient d’offrir au second le seul et unique but inscrit par l’Espagne face à la Tunisie lors du dernier match de préparation de la Roja avant le Mondial. Au-delà de la victoire qui se dessine, les deux hommes marquent des points au sein d’une sélection qui entretient une relation complexe avec le poste de buteur. Diego Costa, lui, sait qu’il est d’autant plus attendu après les vives critiques qui ont émaillé sa carrière avec le maillot espagnol. Des blessures, un Mondial 2014 traversé comme un fantôme, un style de jeu pas forcément Roja-compatible de prime abord… Le parcours international du Brésilien naturalisé n’a rien d’un long fleuve tranquille.

Souvenirs de la Furia Roja

Au sein de la presse comme de l’opinion public espagnol, Diego Costa n’a jamais joui d’une grande popularité. Il y a quelques jours, le quotidien Marca titrait même sur son site internet : «Il n’y a pas de débat : Aspas est le numéro 9 du Mondial». L’attaquant des Colchoneros pédale encore pour convaincre. Mais après plusieurs périodes d’inactivité avec la sélection et quelques contre-performances remarquées, Costa a su faire parler son mental d’acier pour revenir au meilleur niveau et obtenir son ticket pour le Mondial. «Être attaquant de la sélection représente beaucoup. Ca se passe bien pour moi en ce moment et je sais que les gens m’attendent», déclarait l’intéressé lors des rassemblements du mois de mars. Mais si l’ancien de Chelsea semblait tenir la corde il y a encore quelques semaines, les carte ont été rebattues depuis. Preuve en est, sur ses quatre derniers matches avec l’Espagne, Costa n’a jamais disputé plus de soixante minutes de jeu. Julen Lopetegui, débarqué par la Fédération espagnole cette semaine, tâtonnait encore pour trouver la bonne formule, malgré le fait que le sélectionneur n’a jamais caché sa considération pour l’attaquant. «Je l’ai toujours dit, quand il jouait en compétition et affichait un bon niveau, il devait être de la partie avec nous», avait affirmé le désormais nouvel entraîneur du Real Madrid en mars dernier.

Mais alors pourquoi le débat Diego Costa perdure ? L’attaquant peut pourtant se targuer d’avoir des statistiques honorables avec la sélection (impliqué sur onze buts en vingt capes). Seulement voilà, dans l’imaginaire collectif, le côté bagarreur et les limites techniques de l’intéressé rompent avec la tradition récente d’une Roja toute en possession. A l’image de son job à l’Atlético Madrid, Diego Costa n’hésite pas à aller au duel et recherche souvent la verticalité, que ce soit dans la possession ou dans ses appels de balle. Des caractéristiques qui rappellent davantage la Furia Roja et l’époque où la sélection espagnole pratiquait un football agressif et direct.

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Attaquant de pointe et sélection espagnole ne font pas bon ménage. Depuis David Villa et Fernando Torres, les Ibériques peinent à trouver un buteur qui embrasserait leurs principes de jeu. Alvaro Morata, Paco Alcacer puis Diego Costa n’ont jamais pleinement satisfait. «La formule qui nous définit, le ‘’tiki-taka’’, est oppressive pour les ‘’neuf’’, et c’est pourquoi il y a eu tant de doutes concernant cette fonction ces dernières années, écrivait Alfredo Relano, rédacteur en chef du quotidien espagnol AS. Cela implique la domination, le pressing haut, le monopole du ballon (…) Ca a été le grand jeu de la Roja de ces dernières année, qui était victime de l’attaquant central, inquiet qu’aucun ballon n’arrive dans de bonnes conditions dans sa zone.» Face au besoin urgent d’un nouveau souffle, l’Espagne a fait certains compromis et a intégré à sa sélection des profils différents. Diego Costa est, en quelque sorte, le symbole de ce renouvellement. Cela ne veut pas pour autant dire que le cocktail ne peut pas être réussi. A l'instar de Giroud avec les Bleus, Diego Costa est un atout essentiel dans le football moderne. Il peut aider son équipe à peser sur des blocs bas et compacts et amener sa hargne sur les coups de pied arrêtés. La remise en question, elle, sera perpétuelle. Mais l'attaquant des Colchoneros en a vu d'autres...

«La formule qui nous définit, le ‘'tiki-taka'', est oppressive pour les ‘'neuf'', et c'est pourquoi il y a eu tant de doutes concernant cette fonction ces dernières années»

Antonin Deslandes