(L'Equipe)

Coupe des Confédérations : Süle, Werner, Brandt, Goretzka, faites connaissance avec la nouvelle Allemagne

Partie disputer la Coupe des Confédérations sans la plupart de ses cadres, la Nationalmannschaft présente une nouvelle génération très prometteuse. À vingt-deux ans ou moins, Niklas Süle, Julian Brandt, Timo Werner ou Leon Goretzka (de gauche à droite sur la photo) sont prêts à donner le tournis au football mondial. Présentation avec Gernot Rohr, sélectionneur franco-allemand du Nigeria.

Julian Brandt (21 ans, Bayer Leverkusen) : le joueur

L'ailier du B04, qui vient de fêter ses vingt et un ans, est un phénomène. Sa technique soyeuse, son goût du dribble, sa fluidité balle au(x) pied(s), ses accélérations, son jeu de passes... Tout ce qu'accomplit Julian Brandt sur un terrain va dans le sens du jeu. Avec lui, le danger vient de partout, sur une aile (la gauche, de préférence) comme dans l'axe, que l'action soit collective ou personnelle. Courtisé par le Bayern, il y incarnerait un parfait successeur à Franck Ribéry, même s'il a assuré récemment privilégier sa progression et son temps de jeu en restant à Leverkusen.

L'oeil de Gernot Rohr : «Lui, c'est très, très fort. Rapide, technique, polyvalent, passeur et buteur... Bref, c'est un vrai joueur d'avenir, je pense qu'on le verra s'éclater dans cette Coupe des Confédérations. Il lui manque simplement la maturité et le réalisme devant le but, un sang-froid qu'il obtiendra avec les années, même s'il a déjà beaucoup progressé. Son intelligence de jeu est frappante : il capte très vite les informations, fait les bons choix, anticipe... Il respire le football !»

Niklas Süle (21 ans, Bayern Munich) : le colosse

Puissant, dominant, intimidant. Croiser Niklas Süle et son 1,95m sur un terrain n'est pas franchement une partie de plaisir pour un attaquant. En plus de savoir se servir de son physique imposant (autour de 95kg, selon son rythme de consommation de burgers et de boissons sucrées), le prochain concurrent de Jerome Boateng et Mats Hummels au Bayern a tout du défenseur moderne. Son sens de l'anticipation et sa capacité à casser les lignes grâce à une passe tranchante et verticale font du joueur révélé à Hoffenheim (108 matches de Bundesliga en quatre ans) un des plus grands espoirs de la sélection de Joachim Löw.

L'oeil de Gernot Rohr : «Il est très athlétique, combatif et très bon mentalement. Pour son âge, il affiche déjà une excellente maîtrise. C'est l'avenir à son poste. Sa jeunesse fait qu'il peut parfois paraître trop ''facile'', mais il est plutôt rigoureux dans son jeu. Il va acquérir l'expérience qui va lui permettre de gommer ça. Pour un joueur de son gabarit, son aisance technique est exceptionnelle. Il est capable de très bien contrôler, relancer, par du jeu court ou du jeu long.»

Leon Goretzka (22 ans, Schalke 04) : le régulateur

Longtemps ralentie par différents pépins physiques, l'évolution du joueur né et formé à Bochum s'est accélérée cette saison. Avec Schalke 04, Leon Goretzka a franchi un cap dans l'entrejeu, devenant la véritable plaque tournante de l'équipe. Archétype du milieu de terrain moderne, capable de presser, tacler, passer et marquer, celui qui est tantôt comparé à Paul Scholes, Toni Kroos ou Paul Pogba incarne, avec Julian Weigl, le futur du foot allemand dans l'entrejeu.

L'oeil de Gernot Rohr : «C'est un garçon qui court beaucoup, créatif tout en étant capable d'exercer un bon pressing. Il est polyvalent au milieu, où il y a une forte concurrence en sélection. Il manque peut-être d'impact physique, mais il va se muscler. Ça lui permettra d'avoir encore plus d'abattage, sachant que techniquement il est déjà très doué. Pied gauche, pied droit, jeu de tête, jeu de passes, vision du jeu...»

Timo Werner (21 ans, RB Leipzig) : le successeur

Depuis trois ans et la retraite internationale de la légende Miroslav Klose, la Nationalmannschaft se cherchait un avant-centre d'envergure. Après avoir cédé à la tentation du "faux 9", Joachim Löw a fini par recevoir un joli cadeau : l'éclosion de Timo Werner avec le RB Leipzig. Technique, rapide et doté d'un bon sens du but, l'ancien attaquant du VfB Stuttgart a inscrit vingt et un buts avec le dauphin du Bayern. Hué par une partie du public allemand lors de son entrée en jeu contre Saint-Marin le 10 juin (7-0), car il évolue dans un club que le pays adore détester, Werner maîtrise la recette la plus efficace pour retourner les fans : marquer.

L'oeil de Gernot Rohr : «Il a la vitesse, l'efficacité, la combativité. Il est très utile avec et sans ballon. Dans un domaine où l'Allemagne a besoin de sang neuf, il est très intéressant. D'autant que ce n'est pas uniquement un joueur de surface, il peut amener du danger sur le côté, de derrière. Il a un jeu très moderne, on peut l'utiliser partout. Il est obsédé par le jeu vers l'avant mais pas forcément pour lui-même, surtout pour l'équipe.»

Cédric Chapuis