Réginal Goreux (L'Equipe)

Copa America, Réginal Goreux : «Haïti, ça rentre dedans, c'est du costaud !»

Tout au long de la Copa America Centenario, Réginal Goreux tiendra un carnet de bord pour nous parler de son équipe nationale, Haïti, et des rencontres de la compétition. Premier épisode : les présentations et le match face au Pérou (dimanche 1h30).

«Je me présente tout d’abord à vous qui ne me connaissez pas tous. Je suis Réginal Goreux, joueur du Standard de Liège et de l’équipe nationale d’Haïti. Je peux jouer en défense, mais aussi au milieu de terrain. Pour ceux qui ne le savent pas, j’ai remporté deux Championnats de Belgique, deux fois la Coupe mais aussi deux Supercoupes. Une belle fierté car le Standard, c’est mon club de cœur. En 2012, j’avais dû quitter les Rouches pour une mésentente avec le président de l’époque et je suis parti m’exiler en Russie avant de revenir à mes premières amours en début de saison dernière. Je suis né de parents haïtiens et moi aussi, j’ai vu le jour à Saint-Michel-de-l’Attalaye sur mon île.

«Le foot, une véritable bulle d'oxygène dans la pauvreté des gens»

Pour tout vous dire, j’ai évolué jusqu’en U21 avec les Diables Rouges. En 2011, à l’âge de 24 ans, j’ai pris la décision de jouer pour mon pays natal. Depuis mes 18 ans, la sélection me proposait de faire un choix mais je n’avais jamais répondu positivement jusque-là. Ce fut un moment important dans ma vie. Quand je suis retourné en Haïti, j’ai eu un pincement au cœur pour mes premiers matches. Nos supporters sont des fanatiques ici et le football est pour eux une véritable bulle d’oxygène dans la pauvreté. La vie n’est pas facile pour certains.

«On ne fait plus rire»

Depuis quelques années, on vit de très belles choses. La sélection se construit doucement mais sûrement et on commence à prendre de l’importance dans la zone Caraïbes. On ne fait plus rire les gens. On sort d’un quart de finale en Gold Cup en 2015 et on se dit que la Copa America va nous permettre de progresser encore et de nous frotter au très haut niveau. Pour notre première rencontre, ce sera le Pérou. Un match capital car en gagnant, même si on a le Brésil et l’Équateur dans le groupe, il suffira sûrement d’un petit point pour se qualifier. On y croit dur comme fer. Depuis des jours, on s’entraîne aux États-Unis afin que tout le monde puisse s’ajuster aux autres tactiquement, mais aussi physiquement. Pour notre dernier match, on perd contre la Colombie 3-1 en amical, mais l’arbitrage ne nous a pas aidés avec un rouge dès la 40e minute. C’est rageant, on aurait pu accrocher au moins un nul.

«Notre passé esclavagiste nous donne la gnaque»

Notre sélection en quelques mots ? Il y a un peu tous les profils. Je ne vous présente pas les Placide, Genevois, Jeff Louis ou Jean-Eudes Maurice que vous connaissez en France. Notre point fort : un impact physique très important. Haïti, ça rentre dedans, c’est du costaud. Notre passé esclavagiste nous donne la gnaque. On ne s’est pas donné d’objectifs précis mais on espère en surprendre plus d’un, à commencer par vous. A très vite sur les pelouses de la Copa. Réginal.»
 
Johan Tabau