Confiant comme Wylan Cyprien

17 matches de Championnat sur 18, un nouveau statut de vice-capitaine, 6 buts et 2 passes. Wylan Cyprien va bien, merci pour lui. Un peu moins de deux ans après son retour, celui qui avait été fauché en plein vol alors que son nom commençait à circuler dans les débats inhérents aux listes des Bleus, rejoue enfin à son meilleur niveau. Enfin car l'ancien international Espoirs a parfois trouvé le temps long entre le moment où le ligament antérieur de son genou droit s'est rompu, le 10 mars 2017, et ce retour au premier plan. A tel point qu'il a cet été décidé de prendre le taureau par les cornes et d'anticiper sa reprise, après un retour en dent de scie, lors de la deuxième partie de l'exercice 2018-2019. «C'était un signe fort, raconte un habitué du centre d'entraînement de l'OGC Nice. Il s'agissait d'une demande de sa part et quelque chose qui avait été anticipé avec le staff, à la fin de la saison. Il faut quand même une certaine détermination pour renoncer à un tiers de ses vacances...»

Une résilience qui n'a pas échappé aux supporters azuréens, qui ont pourtant parfois eu du mal à cerner le joueur. «On n'a pas encore réussi à en faire l'un de nos chouchous, à créer une vraie connexion, énonce l'un des fondateurs de La Voix des Niçois. Mais sa volonté est incontestable. Il a traversé pas mal d'épreuves ces derniers temps mais sans jamais se cacher, y compris lorsqu'il était moins bien.» Et c'est là toute l'histoire récente de Cyprien qui se trouve résumée en quelques mots. Car un malentendu semble exister entre l'image que le joueur a parfois tendance à renvoyer - sur les réseaux sociaux, par exemple - et celle qu'il dégage une fois sur le terrain.

« Lorsque Mbappé déclare qu'il veut tout gagner, qui le lui reproche ? »

Notamment lorsqu'il retweete le message d'un fan niçois qui l'invite à quitter le club, quelques jours avant d'inscrire son quatrième but de la saison face à Reims, le vingtième de sa carrière en Ligue 1. «Il a un côté assez froid, voire cynique, sur internet et en conférence de presse qui ne correspond pas à l'image que les Lensois (Cyprien a été formé au RC Lens, NDLR) ont de lui, par exemple, poursuit le membre du média supporter de l'OGCN. Je pense que c'est en tout cas un joueur particulièrement intelligent, suffisamment sensible au monde qui l'entoure pour être réellement touché par les critiques. Là où il est fort, c'est qu'il a l'air de parvenir à transformer ça en source de motivation.»

?Ladite panenka ? pic.twitter.com/MZHamYzwew

— OGC Nice (@ogcnice) December 7, 2019

Daniel Sanchez, qui compte 232 matches avec le Gym, préfère lui en revenir au terrain. Suiveur assidu des performances de son club de cœur, il n'a jamais été décontenancé par le comportement du joueur depuis son arrivée sur la Côte d'Azur. «Je ne connais pas Wylan personnellement, mais aucune de ses déclarations publiques ne m'a encore choqué. La mode est à la communication à outrance, à tel point qu'il faudra peut-être bientôt aller accueillir les supporters au pied de la tribune... Ce que j'observe, c'est un garçon irréprochable lorsqu'il porte le maillot du club. Lorsque Mbappé déclare qu'il souhaite tout gagner, qui le lui reproche ?»

Aussi efficace à la récupération qu'à la finition

Simple confiance en soi, donc. A l'image de cette Panenka tentée et transformée face au FC Metz, début décembre (4-1 au final, doublé de Cyprien). En interne, c'est en tout cas comme ça que l'attitude du numéro 25 semble perçue. Et c'était déjà le cas au centre de formation du RC Lens, là où le jeune Wylan est devenu professionnel. Là également où plusieurs représentants des meilleurs clubs du continent venaient régulièrement lui faire la cour. Le joueur, lui, est convaincu que son travail finira par le mener là où il devrait déjà être. C'est en tout cas ce qu'il a laissé entendre, à l'issue du match nul des siens à Brest (0-0, le 14 décembre). «Les qualités, je sais que je les ai, avait alors lancé le joueur en zone mixte. C'est à moi de garder la tête froide. Si je continue de travailler, je continuerai à être récompensé.»

Déterminé, celui qui a débuté sa formation au Paris FC semble également pouvoir compter sur un mentor de choix en la personne de Patrick Vieira, son entraîneur. «Personnellement, je jouais attaquant donc j'avais forcément plus de facilités à conseiller mes joueurs offensifs, indique Sanchez, devenu coach à l'issue de sa carrière de joueur. Parce que les 30 derniers mètres, je savais ce que c'était. J'imagine que c'est la même chose pour Patrick avec un garçon qui joue dans un registre similaire à celui dans lequel il évoluait.» Tantôt récupérateur au sein d'un 4-3-3, tantôt relayeur dans un 4-2-3-1, le milieu de terrain semble en tout cas avoir retrouvé toutes ses sensations.

Une impression que la lecture du dernier classement des meilleurs joueurs par club (dans les cinq grands Championnats) publié par L'Observatoire du football du Centre International d'Etude du Sport (CIES) confirme. A Nice, Cyprien est ainsi à la fois le joueur le plus efficace à la distribution (88% de passes réussies cette saison en Ligue 1) et à... la finition (4 pénaltys transformés pour autant de tentatives, notamment). Ce qui fait de lui, toujours selon le CIES, le joueur dont les performances ont le plus d'impact sur les résultats de l'OGCN. Et pour Sanchez, c'est tout sauf une surprise. «Je ne peux même pas vous dire dans quel système ou registre Cyprien est, ou pourrait être, le plus performant. Car ce garçon sait tout faire !» Et c'est probablement pour ça qu'on lui en demande tant.

Thymoté Pinon Suivre @ThymPinon