Virgil van Dijk of Holland during the UEFA Nations League A group 1 qualifying match between The Netherlands and Germany at the Johan Cruijff Arena on October 13, 2018 in Amsterdam, The Netherlands (Maurice van Steen/VI IMAGES/PR/PRESSE SPORTS)

Comment Virgil Van Dijk, défenseur de Liverpool et des Pays-Bas, s'est imposé comme un des meilleurs du monde à son poste

Virgil van Dijk, le capitaine néerlandais, a conquis observateurs, supporters et adversaires depuis son arrivée à Liverpool. À tel point que le colosse de vingt-sept ans incarne peut-être, aujourd'hui, ce qui se fait de mieux à son poste.

«Je le déteste. Je déteste l'affronter. Il est trop grand, trop rapide, trop bon balle au pied, il aime le combat, il a une belle chevelure... Et en plus, il sent bon !» Troy Deeney n'est pas franchement le plus peureux ni le plus sentimental des attaquants de Premier League. Alors entendre le capitaine de Watford se laisser aller de la sorte en évoquant Virgil van Dijk sur l'antenne de la BBC en septembre dernier avait quelque chose de révélateur. Trois ans après son arrivée en Angleterre, le défenseur néerlandais a mis le pays à ses pieds. Y compris les attaquants, donc, qu'il soient encore en activité ou non. De Matt Le Tissier («Il est gigantesque et rend les choses tellement faciles») à Chris Sutton («Il n'y a pas de qualité nécessaire à un défenseur qu'il ne possède pas»), en passant par Robbie Fowler («Il est ce que Liverpool réclamait depuis des années, un défenseur doté d'un présence fédératrice, qui parle et organise»), tous sont unanimes au sujet de ''VVD''. Au point de penser que l'ancien joueur de Groningue, du Celtic et de Southampton appartient sans discussion à l'élite mondiale à son poste ?

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«Il a tout, résume Pascal Plancque, ancien adjoint de Claude Puel chez les Saints (2016-17). Chez nous, il était clairement dans une autre dimension, tellement facile qu'on avait parfois l'impression qu'il jouait avec des petits frères... Physiquement, déjà, c'est un monstre, il en impose, et il est très mobile pour son gabarit (1,93 m, 92 kg). Il possède une vraie intelligence de jeu, lit très bien les situations, au duel comme dans l'anticipation. Techniquement, il est très à l'aise, que ce soit dans la relance courte ou le jeu long. Et puis mentalement, il est très sûr de lui et dégage beaucoup de charisme. C'est un vrai compétiteur. Il est armé dans tous les domaines, donc pour moi, il fait déjà partie des références au plus haut niveau.»
Un avis partagé par Kevin Diaz, consultant pour RMC Sport et fin connaisseur du football néerlandais : «Pour moi, Sergio Ramos est au-dessus de tout le monde, mais chez les moins de trente ans, Virgil van Dijk est le meilleur. En plus d'être bien bâti, il a cette capacité à bien relancer, héritée de sa formation aux Pays-Bas. Il est brutal, physique, bon de la tête, mais aussi précis et intelligent dans le jeu. Et puis il a ce leadership naturel... C'est un vrai patron. Même quand son équipe est méconnaissable, comme sur le terrain de l'Étoile Rouge de Belgrade en Ligue des champions (0-2), il fait son match, solide.»

«Il était tellement facile qu'on avait parfois l'impression qu'il jouait avec des petits frères...»

Devenu le défenseur le plus cher de l'histoire en rejoignant Liverpool contre 84 millions d'euros il y a moins d'un an, Van Dijk a assumé sans trembler. Point faible récurrent de l'équipe depuis l'arrivée de Jürgen Klopp, le secteur défensif a même été transformé par l'introduction du joueur de vingt-sept ans : de 1,2, la moyenne de but encaissé par match des Reds est passée à 0,6 depuis le mois de janvier ! Le chiffre impressionne, mais il ne dit pas tout. «Il a aidé l'équipe à progresser défensivement en amenant du calme, notait au printemps dernier un Dejan Lovren transformé par son nouveau coéquipier. Il ne nous a pas fallu beaucoup de temps pour trouver nos repères, et je me sens personnellement plus en confiance avec lui.» «C'est un leader, il possède une vraie présence», complétait Andy Robertson dans The Telegraph début novembre.

Un défenseur complet, sans un seul point faible ?

«Van Dijk dégage une vraie aura sur le terrain, qui s'ajoute à sa présence physique, détaille Rudy Gestede, attaquant de Middlesbrough qui a croisé plusieurs fois la route du colosse ces dernières saisons. Grâce à ses qualités footballistiques, il amène déjà un plus à son équipe, mais il a ce charisme, cette personnalité qui le rendent indispensable. Il est tellement sûr de ses qualités... Il a la panoplie complète. Clairement, il a changé le visage de Liverpool.» Nommé capitaine de sa sélection après tout juste seize capes en mars dernier, le joueur formé à Willem-II a eu un impact comparable sur les Oranje, qui n'ont encaissé que six buts lors des onze dernières apparitions de leur talisman, dont celui de vendredi contre les Bleus (2-0). En clair, Van Dijk a cette capacité à rendre ses partenaires meilleurs, quels qu'ils soient. Logiquement, les superlatifs affluent, et certains osent même se demander si le garçon possède un seul défaut.
 
«Je ne lui vois pas de point faible, tranche Gestede. Il pouvait parfois dégager une certaine auto-suffisance, et se mettre en difficulté tout seul par excès de confiance, mais c'est quelque chose que je ne vois plus depuis qu'il a signé à Liverpool.» «Quand un joueur est à ce point au-dessus du lot, on peut avoir l'impression qu'il dégage une forme de suffisance, d'arrogance, alors que ce n'est pas le cas, rétorque Pascal Plancque. Il est juste tellement facile...» L'intéressé, lui, admettait en avril 2018 au Guardian avoir tout de même gommé un certain excès de facilité au fil de sa progression : «J'ai toujours été calme, parfois même un peu trop, et ça m'a joué des tours dans le passé, pour être honnête.»

Certains de ses partenaires à Southampton ont une vision un peu moins idyllique, née d'un feuilleton à rebondissement à l'été 2017. Après avoir prolongé à prix d'or, Van Dijk avait tenté de forcer la main à ses dirigeants pour rejoindre (déjà) Liverpool, avant de réintégrer le groupe sans une grande envie, puis d'être invité à s'entraîner à part. «Il a ce côté un peu arrogant que peuvent avoir certains joueurs néerlandais, confie un de ses anciens partenaires. Quand tu perds, ce n'est jamais de leur faute. Il lui manquait cette volonté d'aller chercher le moindre détail pour progresser. Il n'allait jamais en salle de musculation, par exemple, et il pouvait parfois avoir un côté "flemmard", même en match. Mais si tu le piques un peu, qu'il se met à 100%, il écrase tout le monde.»

Une personnalité à dompter

Joueur incroyablement complet, Virgil van Dijk possède également une personnalité extrêmement complexe. Elle lui permet d'incarner ce leadership naturel, mais aussi de faire passer clairement certains messages quand les choses ne tournent pas rond. «C'est un très mauvais perdant, donc quand il n'est pas content, il le montre, reprend Plancque. Il peut bouder. Il a besoin de montrer ses sentiments, et parfois, en lui serrant la main le matin, vous sentez que ça ne va pas être une bonne journée... Dans ces cas-là, il est capable de remettre en cause le moindre exercice à l'entraînement, il ne faut pas trop lui casser les bonbons ! Mais c'est un vrai bon mec, qui ne pense pas qu'à sa gueule.»

«Si tu le piques un peu, qu'il se met à 100%, il écrase tout le monde.»

Depuis son arrivée à Liverpool, Virgil van Dijk semble néanmoins avoir effacé certains points d'interrogation. «Il faut souvent arriver dans ce genre de club pour être apprécié à sa juste valeur», estime Pascal Plancque. Gary Neville ne disait pas l'inverse avant le début de la saison au micro de Sky Sports : «À Southampton, je le voyais comme un bon joueur, mais je ne pensais pas qu'il valait 84 millions d'euros, ni qu'il aurait un tel impact sur la défense de Liverpool. C'est un monstre. Il ressemble un peu à Jaap Stam, on dirait qu'il balance ses adversaires en dehors de sa route.» Y compris quand cet adversaire se nomme Kylian Mbappé lors du dernier France - Pays-Bas (2-1, le 9 septembre). Engagé dans un de ces débordements qui ont fait une partie de sa renommée mondiale, l'attaquant français s'est heurté à un mur, au bout d'une action qui a intrigué à peu près tout le monde. Ce soir-là, le Stade de France a découvert Virgil van Dijk.

Cédric Chapuis