27th August 2018 - Premier League - Manchester United v Tottenham Hotspur - Lucas Moura of Spurs celebrates after scoring their 3rd goal - Photo: Simon Stacpoole / Offside. (Simon Stacpoole/OFFSIDE/PRESSE/PRESSE SPORTS)

Comment Lucas a retrouvé le sourire avec Tottenham

Victime d'une concurrence féroce en attaque au PSG, Lucas avait été régulièrement placardisé par Unai Emery. Vendu le 31 janvier 2018 à Tottenham contre un peu plus de 25 millions d'euros, le Brésilien a retrouvé quelques couleurs sous le tricot des Spurs, devenant même l'un des hommes forts de Mauricio Pochettino cette saison.

Les arrivées conjuguées de Neymar, son grand ami, et Kylian Mbappé à l’été 2017 auront eu raison de son aventure à Paris. Après avoir méchamment goûté au banc lors de ses six derniers mois avec le PSG, ne jouant que 71 petites minutes en Championnat, Lucas a retrouvé quelques couleurs dans la capitale anglaise en rejoignant Tottenham. Et surtout, une place de titulaire. Auteur de 10 buts en 30 rencontres cette saison en Premier League, le Brésilien a su gagner la confiance de son coach à force de travail et de remise en question.

Pourtant, au départ, Lucas avait éprouvé de nombreuses difficultés à s’accoutumer à son nouvel écosystème. Six petites apparitions en Premier League, dont seulement deux titularisations, et une autre en Ligue des champions en huitième de finale face à la Juventus : un bilan bien maigre en somme. Pas grand-chose à se mettre sous la dent pour s’épanouir pleinement. Les débuts de l’attaquant sont timides, brouillons et marqués par de trop rares coups de génie. Seule la FA Cup faisait office d’échappatoire pour l’international auriverde, où il aura disputé quatre matches, marqué un pion et délivré trois passes décisives. Une bien pâle copie de ce que le Brésilien offrait durant cinq années aux supporters parisiens. Le point d’orgue d’une saison ratée dans les grandes largeurs. Mais depuis, tout va mieux.

Plus de constance et de consistance

Après avoir passé son été sur son canapé à regarder ses compatriotes se faire éjecter en quart de finale de la Coupe du monde par la Belgique, Lucas, resté gentiment chez lui, a pu se préparer de la meilleure des façons. Et ainsi, attaquer la saison pied au plancher. Résultat, Pochettino a pu compter sur un joueur avisé et bien en forme. Nous sommes le 27 août, Tottenham, sans Hugo Lloris, empêtré dans une affaire de conduite en état d’ivresse, se déplace sur la pelouse de Manchester United. Les Londoniens, à la faveur d’un Lucas des grands soirs, auteur d’un doublé retentissant, s’offrent le scalp des Red Devils (0-3).

Après avoir été aux abois durant toute le saison précédente, Lucas s’offre alors une jolie revanche sur un destin presque tragique. Lui, qui, malgré un passage honnête dans la ville lumière, n’a jamais vraiment mis les supporters parisiens dans sa poche. Et pour cause, trop désordonné par moments et pas toujours très efficace, Lucas aura connu des périodes très creuses sous le tricot du PSG et n’aura pas su exploiter un potentiel pourtant très intéressant. Ce début de saison est alors l’occasion parfaite pour se faire les griffes. Une occasion parfaitement saisie par le gamin. Une préparation intéressante et un début de saison canon durant lequel il inscrit un autre pion face à Fulham lui valent de trôner sur le classement des meilleurs buteurs de Premier League avant la rentrée scolaire, mais surtout, de glaner le trophée de meilleur joueur du mois d’août devant Sadio Mané ou encore Virgil van Djik. Solide.

Ce renouveau lui vaut même de retrouver la sélection. Mais surtout, les éloges de ses potes. «Certains fans se disaient "va-t-il rester ?" Et il est resté, a travaillé dur et a bien fait, il mérite sa place dans l'équipe et c'est ce qui compte», rappelait Harry Kane quelques jours après le festival du Brésilien dans le jardin de Pogba et consorts. Jan Vertonghen, dans les colonnes du London Evening Standard, ne tarissait pas d’éloges sur son coéquipier. «Nous sommes face-à-face à chaque jour à l’entraînement et c’est un vrai cauchemar. Il travaille dur et Il met beaucoup d’implication dans ce qu’il fait. C’est un grand joueur». Mais après ses débuts canons, le Brésilien, sans pour autant perdre sa place dans le onze de départ, a quelque peu baissé le pied. Moins adroit face au but, Lucas continuait malgré tout de voir Pochettino lui renouveler sa confiance. Très travailleur à la perte et déséquilibrant avec le cuir, sans oublier sa polyvalence notable, le joueur s'est offert une place de choix dans la caboche de son boss argentin.

Fin de saison en boulet de canon

Auteur du pion de la qualification en huitièmes de finale en terres catalanes lors de la dernière journée de la phase de poules, c’est finalement Lucas qui aura lancé définitivement l’épopée des siens en Ligue des champions. C’est néanmoins depuis le banc que le Brésilien verra ses partenaires atomiser le Borussia Dortmund en huitièmes de finale. Auparavant, bien que moins inspiré devant les cages adverses après son mois d’août du tonnerre, Lucas avait tout de même planté trois nouveaux buts en Premier League, face à Wolverhampton, Southampton et Bournemouth, mais aussi un autre en Ligue des Champions face au PSV pour conclure son année 2018. Toujours dans les petits papiers de son coach, grâce à cet apport statistique intéressant, Lucas a repris du poil de la bête dès l’entame du mois d’avril après avoir pourtant connu une blessure handicapante au genou en début d’année.

Fin mars, l’ancien champion de France se distinguait sur la pelouse d’Anfield en égalisant à 20 minutes de la fin d’un match de haute intensité face aux hommes de Klopp, finalement perdu dans les toutes dernières secondes en raison d’une erreur de Lloris. Deux semaines plus tard, contre Huddersfield, bon dernier de Premier League, le Brésilien faisait de nouveau parler la poudre, en s’offrant un coup du chapeau bien clinquant, devenant ainsi le premier joueur à faire trembler par trois fois les filets du nouvel écrin flambant neuf des Spurs. Jour de première en somme, puisqu’il inscrivait aussi son premier triplé depuis son installation sur le Vieux Continent en janvier 2013. De quoi recevoir quelques louanges de son coach. Et ce, trois jours avant un quart de finale retour explosif sur la pelouse Manchester City. «Je suis heureux pour Lucas, confiait l’entraîneur argentin. Son triplé va l’aider et lui faire gagner en confiance». Un triplé qui, par ailleurs, propulsait Tottenham sur le podium du Championnat. 

Quelques jours avant cette performance remarquable, en quart de finale aller de C1 face aux Skyblues, Lucas était entré à l’heure de jeu en lieu et place d’Harry Kane, touché à la cheville. Le Brésilien, bien en jambes, s’était montré très remuant et percutant. Cette belle entrée et son triplé tout frais en Premier League lui donnaient l’occasion de débuter le quart de finale retour contre les ouailles de Pep Guardiola et de poursuivre sur sa lancée. Et s’il n’a pas été en réussite, le Brésilien, volontaire et actif sur le pré, pourra se targuer d’avoir participé à la plus belle performance de son club au 21e siècle. Se qualifier pour une demi-finale de Ligue des champions. Rêve que son ancien club, le PSG, n’arrive toujours pas à embrasser. De quoi expédier son spleen parisien définitivement aux oubliettes.

Mehdi Arhab