Soccer Football - Women's World Cup - Semi Final - United States Training - Groupama OL Training Center, Lyon, France - July 1, 2019 Megan Rapinoe of the U.S. during training REUTERS/Bernadett Szabo (Reuters)

Comment les États-Unis jugent Megan Rapinoe, qui a déclaré ne pas aller à la Maison Blanche en cas de victoire ?

«Créative», «critique», «impitoyable», la presse américaine ne manque pas d'adjectif pour qualifier Megan Rapinoe. Auteure de deux doublés sur ses deux derniers matches de Coupe du monde, ainsi que d'actions politiques et polémiques durant le tournoi, l'ailière de 33 ans investit tant le champ footballistique que politique des États-Unis.

«Forte personnalité, activiste sociale, championne de l'égalité de salaire, refus de chanter l’hymne nationale, critique de la présidence et star impitoyable et créative de football aux cheveux de lavande.» Voilà tout ce que représente Megan Rapinoe selon le New York Times. Et voilà pourquoi elle ne passe pas inaperçue dans cette Coupe du monde où elle performe sur et en dehors du terrain.
 
Car c’est dans les médias et sur les réseaux sociaux que l’ailière de Seattle profite de cet évènement international pour porter haut et fort son combat féministe et social contre les institutions footballistiques américaines et contre le gouvernement Trump. «Elle se tient silencieuse pour protester pendant l'hymne national (...). Elle a ajouté qu’elle ne se rendrait pas à la Maison Blanche si les États-Unis remportaient sa quatrième Coupe du monde féminine et a encouragé ses coéquipières à ne pas s’y rendre non plus», résume le New York Times. En pleine lumière, ses prises de position et ses contestations ne datent pourtant pas d’hier. «En tant que footballeuse professionnelle, Megan a été la première athlète blanche à s'agenouiller pour protester contre l'inégalité raciale», complète le média sportif américain ESPN. C’était lors d'États-Unis - Pays-Bas, le 18 septembre 2016.

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Refus de se rendre à la Maison Blanche

Ses revendications sont multiples : obtenir une égalité des salaires entre les joueuses et les joueurs, défendre les droits des LGBTQ, en finir avec les violences policières contre les Afro-Américains, contester la politique menée par l’administration Trump notamment contre les minorités... Dès l’école primaire, la native de Redding «était dure et exprimait déjà ses opinions», relate ESPN. Mais dernièrement, son franc-parler et son avis tranché ont créé la polémique en Amérique du Nord. «Rapinoe s’est retrouvée dans une controverse après qu’une vidéo, où elle disait ne pas vouloir se rendre à la Maison Blanche avec un juron, a été publiée», peut-on lire dans les colonnes du Seattle Times. «Je n’irai pas dans la putain de Maison Blanche», déclare t-elle dans cette vidéo publiée pendant la Coupe du monde par le magazine Eight by Eight. Ce qui a provoqué une tentative de recadrage autoritaire de Donald Trump sur Twitter : «Megan ne doit jamais manquer de respect envers notre pays, la Maison Blanche ou notre drapeau, d’autant plus que beaucoup a été fait pour elle et son équipe.»

Football et politique font bon ménage

La championne du monde 2015 s’est donc retrouvée dans le collimateur d’une frange de la population américaine. Pas dans celui du New York Times qui témoigne de la forte connivence historique entre football et politique : «Il y a ceux qui font des reproches à Rapinoe, arguant que le sport et la politique ne devraient pas se mélanger, mais les deux ont toujours été inextricables. Pour le meilleur ou pour le pire, il n'y a guère de plus grandes scènes qu'un événement sportif international pour faire une déclaration politique.»
 
Brandir le poing sans peur contre ses dirigeants et son pays n’empêche surtout pas l’Américaine de 33 ans de se battre corps et âme sur les pelouses françaises et sous le maillot étasunien. «Elle porte le maillot d'une nation divisée mais joue pour une équipe qui ne l'est pas», juge le New York Times. Au contraire, son audace et son esprit critique la subliment sur le terrain, selon sa coach Jill Ellis : «On peut avoir toutes les tactiques du monde, mais cette confiance en soi est essentielle.» Pour preuve, Megan Rapinoe a inscrit les deux buts de la victoire contre l’Espagne (2-1) et un nouveau doublé contre la France, vendredi dernier, en quart de finale (1-2), portant son total à cinq réalisations depuis le début de la compétition.

«La détermination de Rapinoe donne le ton aux États-Unis»

C’est d’ailleurs contre la France que l'ancienne Lyonnaise lors de la saison 2013-2014 a réalisé son match référence, à l’expérience et au talent : «Alors que les championnes du monde en titre pouvaient perdre leur statut de puissance dominante dans ce sport, personne ne semblait mieux préparé à l'urgence du moment que l'attaquante américain Megan Rapinoe», analysait le New York Times après la victoire des USA contre les Françaises, vendredi dernier (1-2). Dans les vestiaires également, son aura donne confiance et transcende son équipe. «La détermination de Megan Rapinoe donne le ton aux États-Unis dans cette Coupe du monde (...) C'est un groupe fort dirigé par des leaders matures. Ils se font confiance, et les commentaires de Rapinoe n’ont pas changé la donne», écrit dans ses pages le Los Angeles Times. Son rôle dans cette Coupe du monde est indéniable. Que ce soit sur ou en dehors des terrains, selon le New York Times : «L’Angleterre devra faire face à Rapinoe, qui a marqué cinq buts en cinq matches de Coupe du monde et qui a traversé ce tournoi avec une personnalité libre en dehors des stades et une volonté sans pitié une fois dessus.» Avant la première demi-finale ce mardi soir, les Anglaises sont prévenues.

Augustin Audouin