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Comment ça marche un Multiplex ? France Football vous emmène dans les coulisses du #MultiLigue1

Institution télévisuelle, le traditionnel multiplex du samedi soir est un rendez-vous de passionnés, fait par des passionnés. FF a suivi en coulisses une soirée de Ligue 1 dans les locaux de beIN Sports et vous dévoile l'envers du décor. (Photos Panoramic)

19h54. L'heure est venue. À une poignée de minutes du coup d'envoi des matches de Ligue 1, Smaïl Bouabdellah affiche son plus beau sourire de la soirée. Une interview de Cavani ? La compo de l'AS Monaco ? Non, beaucoup mieux que ça : c'est l'heure de lancer le #TotalRégal, programme court compilant les plus beaux gestes du week-end précédent. «Ma seule contrainte c'est ça : arriver au premier coup d'envoi en ayant eu le temps de faire le Total Régal», sourit le maître de cérémonie du Multi Ligue 1, pas peu fier d'avoir quasiment déposé une marque : «Plein de joueurs se sont appropriés ce terme-là, plein de gosses aussi... Oui, c'est une fierté !»

Comme tous les samedis ou presque, Smaïl Bouabdellah est accompagné d'Élie Baup, qui prend toujours autant de plaisir à s'éloigner momentanément de ses montagnes pyrénéennes pour partager sa passion et son expertise. «Franchement, le Multi, c'est un super produit ! On est un peu exclu des gros clubs, mais les autres, ceux qui luttent souvent pour leur maintien, on vit vraiment avec eux. Ils sont en confiance avec nous, on a de vrais échanges...» «C'est le meilleur consultant pour parler de jeu, estime Bouabdellah. Plein de mecs viennent nous répondre parce qu'il y a Élie et qu'ils savent qu'ils vont parler foot avec lui.» Entre les deux hommes, la complicité est évidente, à l'antenne comme dans les coulisses. Ça chambre, ça rigole, ça taquine... Et le ballon n'est jamais loin.

À l'antenne comme pendant les coupures pub, l'ambiance est décontractée entre Smaïl Bouabdellah et Élie Baup. (Panoramic)

Pro et ultra-détendu jusqu'à quelques secondes de la prise d'antenne, le duo devient ultra-pro et détendu à 19h00. Ce qui donne à leur émission un ton passionné, proche du public. «Ce n'est pas la pression ni le stress qui nous étouffent, mais on peut être libre et tranquille parce qu'on est rigoureux, et que tous ceux qui travaillent sur le Multi connaissent parfaitement la Ligue 1.» Pour assurer la fluidité le samedi, notamment dans l'avant-match, Smaïl Bouabdellah, Bel-Abbès Bouaissi (le chef d'édition) et leurs équipes préparent minutieusement leur conducteur. Dès le lundi, ils définissent les angles qui seront abordés, avant de valider précisément le vendredi quels seront les invités, les clés tactiques ou les chiffres mis en avant. Le tout dans une ambiance «de bande, d'amoureux de la Ligue 1».

Et en bon chef de bande, le journaliste passé par L'Equipe TV et CFoot montre l'exemple, lui qui revendique son amour pour le Championnat de France : «Je ne dis pas que c'est le meilleur du monde, mais j'ai le droit de dire que c'est mon préféré ! Les gens ont du mal à le comprendre, mais je me régale parce que ce sont des joueurs que je connais, des stades que je connais, des clubs que je connais... Je n'ai rien contre celui qui se régale avec Leganés, Norwich ou le Chievo, chacun aime ce qu'il veut. Mais franchement, celui qui dit que la Ligue 1 n'a pas un bon niveau, il ne la regarde jamais. Et je ne supporte pas ceux qui disent la connaître alors qu'ils ne regardent que Paris, Monaco, Marseille et Lyon.»

Du plateau de présentation aux cabines de commentaires en passant par la régie, une bonne partie de la rédaction de beIN Sports est mobilisée pour faire vivre «le feuilleton Ligue 1» aux abonnés. (Panoramic)

20h00. Les quatre rencontres en simultané viennent de débuter. C'est le moment pour Baup et Bouabdellah de quitter leur pupitre pour se rapprocher des écrans et vivre la première période avec les commentateurs. Et l'ancien coach de Bordeaux, Toulouse, Marseille ou Nantes prend ses dispositions : un petit cahier sur lequel il note une multitude d'infos ou d'analyses... et une écharpe bien enroulée autour du cou. «La clim' ça me tue, je ne supporte pas !» Forcément, son voisin en profite : «Sous ses airs d'homme bourru, Élie est une petite nature...» Six étages plus haut, en régie, Bel-Abbès Bouaissi et son équipe technique jonglent avec les images en direct. «Nous on est à la mine, et on envoie le charbon pour ceux qui sont dans la lumière.» En plus de quelques vannes dans l'oreillette.

Pendant les matches, Élie Baup et Smaïl Bouabdellah se mettent à l'aise pour suivre l'action au plus près. (Panoramic)

En ce samedi très arrosé à Nantes ou Montpellier, une pluie de buts s'abat sur la pauvre défense de Guingamp, dépassée par le champion monégasque (4-0 à la pause). Heureusement, car un seul but a été inscrit sur les trois autres pelouses. Pendant la mi-temps, Smaïl Bouabdellah prépare, recadre, anticipe, rigole, réajuste sa cravate et tente de s'assurer que la nourriture est en route. Il claque aussi la bise à Robert Malm, de passage, puis lui saute dans les bras après un joli petit pont placé par ce dernier sur le photographe présent en plateau. Heureusement pour lui, Élie Baup a fermé les jambes au bon moment... Le moindre moment d'inattention peut coûter cher, et être dévoilé sans scrupule le lundi soir dans l'émission «Le décrassage de Luis»...

«Tous les samedis, il y a François Hollande qui regarde !»

Mais d'abord, place à la seconde période, et à un spectacle de quasiment tous les instants. Entre le présentateur et son chef d'édition, le concours fait rage pour deviner sur quel terrain sera marqué le prochain but. Ce soir-là, le «flair» de Smaïl Bouabdellah est reconnu par le commentateur nantais Thomas Desson après un but tout en grinta d'Emiliano Sala. «OK, je lui accorde le point, mais qu'il avoue qu'il a eu de la chance», peste Bel-Abbès Bouaissi dans un sourire. Au total, avec quatorze buts inscrits en quatre rencontres, le bilan est très positif. «Qui t'offre quatorze buts en quatre-vingt-dix minutes ? Même Cristiano Ronaldo et Lionel Messi n'en sont pas capables», parade celui qui prend autant de plaisir à vivre une rencontre de Ligue des champions en bord-terrain qu'à partager son amour pour la Ligue 1 chaque week-end.

Son rôle n'est pas forcément évident, car le multiplex du samedi soir doit se défaire de certains clichés à la peau dure, des présumés matches en bois à une hypothétique audience confidentielle. «Quand j'entends dire que personne ne regarde le Multi... C'est un mensonge, déjà, et en plus c'est méprisant pour tous les gens qui attendent ces matches-là. Ces gens ont le droit de ne pas être uniquement fan du PSG ou de l'OM, ils kiffent la Ligue 1 tout simplement ! Et puis tous les samedis, il y a François Hollande qui regarde !»

«C'est un programme présidentiel», ajoute malicieusement le directeur de la rédaction de beIN Sports, Florent Houzot. Mais au-delà de la pub offerte il y a quelques semaines par l'ancien président de la République, cette case représente un vrai produit d'appel pour la chaîne : «À partir du moment où il a lieu toutes les semaines, je considère que c'est l'événement le plus important de la grille. L'enjeu, ce n'est pas forcément l'audience, d'autant qu'on n'est pas mesuré quotidiennement, mais plutôt le nombre d'abonnés (plus de 3,5 millions aujourd'hui, ndlr) et leur satisfaction. Le Multi offre une belle valorisation du feuilleton Ligue 1. Le fan de Toulouse, Troyes, Saint-Etienne, Nice ou Bordeaux a la garantie d'avoir son match diffusé chaque semaine. Et avec le service qu'on offre, il sait qu'il ne va rien rater. Il peut compter sur notre expertise, et il sent que nos commentateurs et présentateurs prennent du plaisir.»

23h00. C'est l'heure du clap de fin. Après avoir montré une dernière fois l'ensemble des buts de la soirée (sans oublier ceux du festival parisien à Angers dans l'après-midi) et diffusé les premières réactions d'après-match. L'équipe du Multi Ligue 1 se sépare. Pas pour très longtemps, le tandem Baup-Bouabdellah officiant également le dimanche après-midi. Entre-temps, le nouveau responsable des équipes de jeunes du Racing-Colombes (N3) n'aura pas droit à une grasse mat'. Blessé et forfait pour son match du dimanche matin, il a été réquisitionné pour quelques courses. Et on sent que ça le passionne un tout petit peu moins que le but de Ryad Boudebouz inscrit la veille...

Cédric Chapuis