Antoine Griezmann of Atletico de Madrid lamenting during the spanish league, La Liga, football match played between Atletico de Madrid and Valencia CF at Wanda Metropolitano Stadium in Madrid, Spain, on April 24, 2019. *** Local Caption *** (Oscar J. Barroso/AFP7/PRESSE S/PRESSE SPORTS)

Clause, tactique et maté : le transfert d'Antoine Griezmann au FC Barcelone vu d'Espagne

En Espagne, le transfert d'Antoine Griezmann au FC Barcelone agite évidemment toute la presse. Notamment en ce qui concerne le recours de l'Atlético Madrid. FF vous raconte.

«Ce n’est une surprise pour personne.» Ces quelques mots, qui ouvrent le papier d’Inako Diaz-Gerra dans le très sérieux El Mundo, quotidien généraliste espagnol, résument à peu près comment l'Espagne réagit au transfert d’Antoine Griezmann, gros coup auquel tout le monde s’attendait. On ne se demandait plus si, mais quand, et au final ce sont surtout les à-côtés de ce transfert rocambolesque qui font la Une de la presse espagnole ce samedi matin.

Lire :
-Les solutions tactiques du Barça avec Griezmann
-Griezmann, top 5 mondial ?
-Griezmann officiellement au Barça
-Griezmann au Barça : est-ce vraiment judicieux ?
-L'Atlético conteste et réclame 200 millions d'euros
-Griezmann vu par les fans du Barça et de l'Atlético

À la Une : Un arbre qui cache la forêt

Des Unes qui font la part belle à l’attaquant français, évidemment. Côté catalan, on se soulage de voir le bout de ce tunnel : le quotidien Sport, montage d’un Grizi tout sourire en front page, s’enthousiasme : «Il a signé : maintenant, c’est bon !», quand l’autre grand quotidien sportif barcelonais Mundo Deportivo titre «Enfin, Griezmann a signé !». Même son de cloche en Une de la presse locale : le quotidien sportif L’Esportiu, en catalan dans le texte, titre «Acquest cop si» («Cette fois, c’est bon»). Même le quotidien généraliste de la région La Vanguardia réserve un petit bout de sa Une aux bouclettes de Grizi, tout en restant très neutre : «Griezmann au Barça, c’est fait pour 120 millions.»
 
Des gros titres qui en masquent des plus petits. Sur toutes les Unes, la riposte annoncée de l’Atlético Madrid, qui a désiré vouloir réclamer au Barça 80 millions d’euros supplémentaires, donnent un peu de piquant à ce transfert que tout le monde attendait. Le ton change évidemment selon les titres, très partisans en Espagne. «Grotesque», attaque Sport, «Maintenant, l’Atlético fait tout un cirque et réclame 200 millions d’euros», enchérit Mundo Deportivo. Du côté de la capitale, on est évidemment moins virulent. La Une de AS, quotidien sportif plutôt madrilène, est très parlante : on y voit Griezmann franchissant une porte entrouverte sur le Camp Nou, avec en titre «Il a signé, mais…» «La guerre n’est pas finie : l’Atléti exige 200 millions», lit-on en manchette de Marca, autre journal madrilène, qui a décidé de faire son gros titre sur une interview exclusive de Luca Zidane.

Sur internet : La fin d'un «vaudeville» et des questions en pagaille

Bien évidemment, le transfert de Griezmann au FC Barcelone est également à l’honneur sur les sites d’informations en Espagne. Et comme sur les Unes de journaux, on constate un ton très mitigé : de l’autre côté des Pyrénées, personne n’a oublié les multiples rebondissements de ce transfert, et tout particulièrement le fameux documentaire «La décision» diffusé l’été dernier. «Une humiliation qui n’a pas découragé Bartomeu», lit-on sur El Mundo. «Sportivement, l’arrivée de Griezmann est incontestable, mais il y a des blessures à refermer.»
 
Puis le transfert du Français a été décliné, dans toutes les formes possibles. Toutes les questions ont été posées sur son arrivée, la première étant tactique : «Mais où Griezmann pourrait-il jouer avec le Barça ?», s’interroge Mundo Deportivo, qui penche plutôt pour un poste d’ailier gauche au sein d’un 4-3-3, avec Suarez et Messi à ses côtés. Un trio qui effraie déjà : à Madrid, Marca consacre un gros article statistique à la nouvelle "MSG" qui, selon ses estimations, peut viser les 100 buts cumulés pour la saison prochaine. «Les doutes sur comment ils se partageront l’espace en attaque s’estompera de semaine en semaine, mais il est indéniable que le Barça possède un trident très puissant, qui sera très difficile à arrêter pour ses rivaux, en Liga ou en Europe», prévoit Marca. Un trio qu’AS baptise… «Le trident du maté» : «Griezmann partage avec Messi et Luis Suarez la passion pour la boisson traditionnelle sud-américaine. Un bon moyen, peut-être, de s’intégrer au vestiaire.» Tout simplement.

On parle aussi, évidemment, de chiffres. D’argent, bien sûr, outre la bataille autour de sa clause, «Griezmann devient le troisième joueur transféré au Barça pour plus de 100 millions d’euros», note La Vanguardia, alors que Sport relève que la clause libératoire du Français au Barça, fixée à 800 millions d’euros, est «supérieure à celle de Messi». Un autre chiffre interpelle La Vanguardia : «Le 4 août prochain lors du trophée Gamper contre Arsenal, Griezmann (…) tentera de mettre un terme à sa disette au Camp Nou, où il n’a jamais réussi à marquer un but en une douzaine de matches.» Le quotidien catalan s’interroge enfin sur le numéro que portera Griezmann : «Le 7 appartenant à Coutinho, il est probable que le Français soit présenté sans numéro, en attendant que se décante l’avenir du Brésilien.»
 
En Espagne, ce transfert fascine donc autant pour ses à-côtés que pour ce qu’il va impliquer sur le terrain. Le Barça vient certes de recruter l’un des meilleurs joueurs du monde, étincelant meneur de jeu de la France lors du Mondial russe, mais les conditions dans lesquelles se sont déroulées – et se déroulent toujours – ce transfert l’éclipsent. Pour l’éditorialiste Elias Israel, qui signe une tribune dans AS, cette signature après un an de péripéties est «le colophon du vaudeville». «À ce stade, il peut encore y avoir un épisode surprenant à ce feuilleton. Neymar veut aller au Barça, et Messi veut Neymar plus que tout autre. La réalité dépassant la fiction, le scénario aurait été que, maintenant, le PSG demande Antoine Griezmann comme monnaie d’échange pour laisser partir le Brésilien, voulant réunir le front de la sélection française avec Mbappé. Griezmann est très bon, mais ne semble pas être le successeur de Messi. Neymar est celui qui peut y aspirer le mieux.» Resservez-vous un peu de maté, l’été est loin d’être fini.

«Griezmann est très bon, mais ne semble pas être le successeur de Messi. Neymar est celui qui peut y aspirer le mieux.»