fellaini (marouane) (MOUNIC ALAIN/L'Equipe)

Ces Marocains qui ont pris leur indépendance

Il y a tout juste 60 ans, le 2 mars 1956, le Maroc devenait indépendant après 44 ans de protectorat français. L'occasion pour FF de revenir sur le parcours de ces joueurs aux racines marocaines qui ont opté pour un autre maillot national que celui des Lions de l'Atlas.

Marouane Fellaini (Belgique)

Marouane Fellaini a longtemps hésité. Mais c’est en 2005 que tout a basculé. Appelé par les U20 du Maroc pour un match de préparation au Mondial de la catégorie d’âge, le défenseur de Manchester United ne joue qu’une vingtaine de minutes. Sa première et dernière apparition sous le maillot des Lions de l’Atlas, puisqu’il ne sera pas retenu pour la Coupe du monde. «Ça l’a vexé», expliquera son père par la suite. Fellaini décide alors de rejoindre les Espoirs belges. Deux ans plus tard, en 2007, l’ancien joueur du Standard de Liège fête sa première sélection en équipe A, dont il est désormais l’un des piliers (64 sélections, 15 buts).

Adil Rami (France)

En 2008, alors qu’il achève sa première véritable saison en Ligue 1 avec Lille, Adil Rami est convoqué en équipe nationale du Maroc, alors dirigée par le Français Henri Michel. Sur les conseils de Claude Puel, son entraîneur, le joueur décline «pour ne pas mettre de barrière éventuelle» entre lui et les Bleus. Quelques mois plus tard, Raymond Domenech le convie en équipe de France, sans toutefois l’aligner. Le défenseur du FC Séville ne fêtera finalement sa première sélection qu’en août 2010, sous Laurent Blanc, après avoir manqué le Mondial 2010 en Afrique du Sud. Rami s’impose alors aux côtés de Philippe Mexès en charnière centrale, jusqu’à l’avènement de nouveaux talents tels Varane, Koscielny, Sakho ou Mangala…

Adil Rami joue avec les Bleus. (MOUNIC/L'Equipe)

Ibrahim Afellay (Pays-Bas)

Entre son pays natal, les Pays-Bas, et son pays d’origine, Ibrahim Afellay ne s’est jamais réellement tâté. L’admiration qu’il vouait au style de jeu néerlandais et à ses diverses stars a très vite orienté son choix ; Philip Cocu, son mentor, et Johan Cruyff, son idole, se chargeant de l’en convaincre un peu plus. L’ancien milieu de terrain du PSV Eindhoven annonce son choix à la télévision nationale en 2007, et fête sa première sélection quelques semaines plus tard, sous la coupe de Marco van Basten. Après une période faste jusqu’en 2011 (44 sélections), les choses se compliquent : sa situation sportive au FC Barcelone, où il joue peu, pousse Van Gaal à se passer de lui pour le Mondial 2014. Mais Guus Hiddink et Danny Blind ont successivement décidé de lui redonner une chance.

Munir El Haddadi (Espagne)

Il n’a jamais «fermé la porte à personne». Munir El Haddadi a toujours affirmé qu’il était prêt à porter le maillot marocain, tout en assurant que c’était «un rêve» de jouer pour l’Espagne, qu’il a finalement choisie, fin 2014. Sa première convocation, à 19 ans seulement, a suscité la polémique, certains ne voyant dans celle-ci qu’un moyen pour la Roja de bloquer le jeune attaquant du FC Barcelone, sans lui donner aucune garantie sur l’avenir. Depuis cette rencontre, face à la Macédoine, où il est entré à la 77e minute, El Haddadi doit se contenter de jouer avec les Espoirs. Mais il l’assure, il ne regrette rien.

El Haddadi n'avait «fermé la porte à personne». (Jose Breton/L'Equipe)

Nacer Chadli (Belgique)

Alors qu’il avait ouvert la porte à la sélection marocaine, Nacer Chadli s’est finalement rétracté. Quelques semaines après avoir participé à un match amical face à l’Irlande du Nord avec les Lions de l’Atlas en 2010, le milieu de terrain de Tottenham, à l’époque à l’AGOVV Apeldoorn, aux Pays-Bas, annonce via son site internet qu’il souhaite arborer la tunique belge. «Le projet des Diables m’intéresse plus. J’ai grandi en Belgique et je me sens belge», se justifie-t-il à l’époque. Depuis, Chadli a enchaîné 30 sélections. Souvent en ayant débuté sur le banc.

Younès Kaboul (France)

Malgré les sollicitations à répétition de la Fédération marocaine et l’indifférence frustrante de Raymond Domenech jusqu’en 2010, Younès Kaboul a opté pour la sélection tricolore. Après avoir évolué dans chacune des équipes de jeunes, des U15 aux Espoirs, l’ancien défenseur de l’AJ Auxerre est appelé chez les A en 2011 après de solides performances avec Tottenham. La forte concurrence à son poste et ses nombreux pépins physiques l’empêcheront de s’y imposer (5 sélections, 1 but).

Adil Rami et Younès Kaboul sous le maillot de l'équipe de France. (RONDEAU/L'Equipe)

Khalid Boulahrouz (Pays-Bas)

Lui aussi aurait pu jouer pour le Maroc, pays d’origine de ses parents où il se rendait en vacances tous les étés. Mais Khalid Boulahrouz a, comme Ibrahim Afellay, préféré revêtir la tunique des Pays-Bas, qu’il avait déjà fréquentés chez les Espoirs. L’ex-défenseur de Chelsea fait ses (timides) débuts en 2004, avant de prendre part à deux Coupes du monde, en 2006 et 2010, où les Oranje atteindront la finale avant de s’incliner contre l’Espagne.

Zakaria Bakkali (Belgique)

Après de multiples hésitations, Zakaria Bakkali a tranché. En faveur de la Belgique. «Un choix logique», celui «du cœur», expliquera-t-il par la suite. Convoité par la sélection marocaine, le talentueux milieu de terrain du PSV Eindhoven s’est finalement laissé convaincre par Marc Wilmots et ses Diables rouges, après moult rebondissements, fin 2013. Le sélectionneur l’avait déjà retenu pour un match amical face à la France trois mois plus tôt, mais, victime d’une élongation, Bakkali avait dû quitter le stage et déclarer forfait, laissant planer le doute sur son avenir international et ses intentions réelles. Depuis, le joueur du Valence CF n’a effectué que deux apparitions en rouge.

Adam Maher (Pays-Bas)

À tout juste 18 ans, Adam Maher n’avait pas caché son envie de disputer l’Euro 2012. C’est d’ailleurs dans ce but précis qu’il avait annoncé, un mois avant le début de la compétition, qu’il avait tranché en faveur des Pays-Bas, au détriment du Maroc. Le milieu de terrain du PSV Eindhoven, vainqueur du Prix Johan Cruyff talent de l’année à cette même période, n’a toutefois figuré que dans la pré-liste de Van Marwijk, le sélectionneur néerlandais. Mahrer ne fêtera finalement la première de ses cinq capes qu’après l’Euro, sous Louis Van Gaal. Sans le convaincre, ni lui, ni ses successeurs.

Adam Maher a lui choisi les Pays-Bas. (VI IMAGES/PRESSE SPORTS/L'Equipe)

Pauline Joseph