d'ulivo (cedric) (M.Francotte/L'Equipe)

Cédric D'Ulivo, un Marseillais parti à l'aventure dans le froid islandais

Formé à l'Olympique de Marseille, Cédric D'Ulivo a fait le choix du «Grand Nord». Laissé libre après quelques années en Belgique, il a rejoint FH Hafnarfjardar en 2017. Avant le match amical entre la France et l'Islande, le latéral droit raconte sa nouvelle vie entre conditions climatiques difficiles et clapping.

«Vous êtes issu du centre de formation de l'OM avec qui vous êtes passé professionnel en 2009. Après un prêt à l'AC Ajaccio, vous prenez la direction de la Belgique en 2012. Finalement, en 2017, vous êtes libre suite à la fin de votre contrat avec l'OH Leuven et vous faites le choix d'aller en Islande. Pourquoi ?
En fait, après mon départ de Belgique, j'ai fait un mois de stage à l'UNFP. On faisait des entraînements et des matches amicaux. Et puis un jour, un agent m'a contacté pour me dire qu'un club cherchait un arrière droit et qu'il jouait les tours préliminaires de la Ligue Europa. Je n'avais rien de spécial sous la main, quelques pistes en D3 mais rien de plus. Ma femme aime beaucoup les pays nordiques. Donc je me suis dit que j'allais tenter l'expérience. Je suis parti sur un coup de tête, je n'ai même pas visité les installations, j'ai signé.

Comment vous êtes-vous acclimaté à ce nouveau pays et à cette nouvelle culture ?
Au début, je me disais : mais qu'est-ce que je vais bien faire là-bas ? Je regardais sur la carte, c'était à côté du Groenland, j'ai eu peur... Mais au final, ce n'est pas si loin, de Paris il faut compter un peu plus de trois heures en avion. Je suis arrivé fin juillet, donc ça allait, il ne restait que deux mois de compétition. La saison va de fin avril à début octobre, après il y a la trêve hivernale. Je me suis acclimaté rapidement, même si c'est vrai que c'est très différent. Il fait plus froid (rires). L'été, il ne fait que 10-12 degrés.

Et pour communiquer ?
Ils parlent tous très bien anglais. Les coaches aussi et puis il y a d'autres étrangers, on est quelques-uns. Les séances se font en anglais aussi.
 

N'avez-vous pas trouvé difficile d'arriver en cours de saison et encore plus s'il ne restait que deux mois ?
Ça peut être difficile à la fin du contrat puisque fin octobre vous pouvez être sans club, vous vous retrouvez un peu dans le pétrin. Personne ne cherche de joueurs à ce moment-là, donc il faut attendre le prochain mercato.

Et alors justement, vous prolongez l'aventure ?
Oui, j'ai prolongé d'un an seulement pour l'instant. Parfois, c'est compliqué mentalement parce que je suis du Sud, et la météo... Mais j'ai ma famille. Je ne reprends pas tout de suite. Normalement, les autres recommencent en novembre mais le coach accepte de me laisser plus de temps vu que je ne suis pas du pays. J'ai trois mois de vacances et je reprends en janvier.

Et votre famille a donc aussi décidé de vous suivre en Islande...
Oui, ma femme et ma fille. Elle va à l'école depuis six mois ici. Elle comprend bien l'Islandais, à cet âge ils apprennent super vite les petits. C'est vrai que parfois, c'est difficile, on ne voit pas toujours le soleil, il y a eu beaucoup de pluie. Mais c'est un très beau pays, il y a plein de choses à faire. La vie est très chère par contre...

«C'est un très beau pays, il y a plein de choses à faire. La vie est très chère par contre...»

À Marseille, Cédric D'Ulivo a notamment côtoyé Didier Deschamps et Guy Stéphan, aujourd'hui à la tête des Bleus. (M.Francotte/L'Equipe)

Comment pourriez-vous décrire le championnat islandais ?
C'est très physique, ils sont grands et costauds et ça court de partout. Techniquement, ils ne sont pas au top, et au niveau de l'intelligence tactique, pareil. Mais ils ne lâchent jamais rien, ils ont un super état d'esprit, ils sont mentalement très forts. Ce sont des bosseurs.

Que pouvez-vous dire à propos des stades et plus globalement sur les installations des clubs ?
J'ai été extrêmement surpris par les installations. Ils ont d'excellentes infrastructures, bien sûr les stades sont couverts, mais chaque club a plusieurs terrains avec tout ce qu'il faut pour s'entraîner. Les trois quarts des clubs jouent sur une pelouse naturelle, le reste en synthétique. Mais les stades sont petits, nous, dans le nôtre, on joue devant deux milles spectateurs maximum. Les affluences sont assez faibles. Par contre, l'équipe nationale joue dans un stade de quinze mille places et il y a toujours plus de dix mille personnes.

Et alors le «clapping» : mythe ou réalité ?
Ils ne le font pas quand on joue mais pendant les matches de l'équipe nationale, tout le monde le fait ! Je dirais deux, trois fois par match même... C'est leur symbole. La première fois que je l'ai vu au stade, c'était vraiment sympa, il y avait une belle ambiance. Quand tu as plus de dix mille personnes qui le font en même temps, c'est impressionnant.»

«Ils viennent au jacuzzi comme s'ils allaient au salon de thé !»

Quand vous êtes arrivé, avez-vous été étonné par quelque chose en particulier ?
Ils adorent la piscine ! Dans la capitale il doit y en avoir sept-huit, mais ce sont de très gros complexes avec des jacuzzis, des saunas... Et les Islandais viennent au jacuzzi comme s'ils allaient au salon de thé ! Je l'ai fait aussi, tu es dehors, il neige et tu te mets dans le jacuzzi. Tu n'as pas froid, l'eau est chaude et les flocons tombent tout autour de toi. C'est génial !

Quand vous comparez la culture française et islandaise, qu'est-ce qui ressort ?
C'est assez étrange mais le pays fait très jeune, on dirait que tout est encore en cours de rénovation. Il y a beaucoup de constructions, la population augmente. Il n'y a pas de chômage, on trouve facilement du boulot. Beaucoup de gens font plusieurs métiers, même les footballeurs, il y en a qui font autre chose à côté.

Sentez-vous une «culture foot» en Islande ?
Le foot est très présent mais les gens supportent une équipe anglaise, ils ne s'attribuent pas vraiment une équipe locale. Ils vont voir un match de temps en temps mais ils sont fascinés par la Premier League. Ils ne vont pas dire : je suis fan de Hafnarfjardar, ils vont rigoler.

Et la Ligue 1 ?
Ils ne connaissent pas beaucoup... Même quand il y avait OM-PSG et que je le regardais, ça ne leur faisait ni chaud ni froid.

«Quand tu as plus de dix mille personnes qui font le clapping en même temps, c'est impressionnant»

Jérémy Docteur