(L'Equipe)

Buts, carton rouge, Zidane et le coup de boule : pourquoi Marco Materazzi fait partie des 100 joueurs qui ont marqué l'histoire de la Coupe du monde

26 avril - 14 juin : dans exactement 49 jours, débutera le Mondial 2018 en Russie. Jusqu'au coup d'envoi, FF vous livre, par ordre alphabétique, sa liste des 100 joueurs qui ont marqué l'histoire de la Coupe du monde. Cinquante-deuxième épisode avec Marco Materazzi.

Son histoire avec la Coupe du monde

Marco Materazzi a dû attendre d'avoir 27 ans pour connaître sa première sélection avec la Nazionale. C’était en 2001, et il évoluait alors à Pérouse. Après avoir rejoint l’Inter Milan, il fait partie des 23 joueurs italiens de Trapattoni amenés à s’envoler pour la Corée du Sud et le Japon pour le Mondial 2002. Le défenseur central vit alors sa première aventure en Coupe du monde. Avec un statut de remplaçant autour des Cannavaro, Nesta, Maldini ou Panucci. Il fait une petite apparition, remplaçant Nesta face à la Croatie (24e). Il réalise d’ailleurs un match assez catastrophique, puisqu’il est impliqué sur les buts d’Olic et Rapaic (défaite 1-2).

Du banc, il assiste à l’humiliante défaite en huitièmes face à la Corée du Sud et le but en or d’Ahn Jung-Hwan. C’est bien sûr en 2006 qu’il atteindra le sommet. Sur le banc face au Ghana et aux États-Unis, il ouvre le score face à la République tchèque lors du troisième match de poules. En huitièmes, face à l’Australie, il est expulsé pour un tacle sur Bresciano qui partait au but (51e).

Il doit attendre la demi-finale face au pays organisateur, l’Allemagne, pour revenir dans le onze. Sans être étincelant, il tient la baraque grâce notamment au roc Cannavaro à ses côtés en défense (2-0 a.p.). Le tout, avant une finale entrée dans l’histoire.

Le moment marquant

Une finale de Coupe du monde qui hante encore beaucoup de joueurs et de supporters français. Mais une finale qui porte l’empreinte de Materazzi, qui a quasiment tout réussi. Ou presque. Car c’est bien lui qui déséquilibre Malouda et qui offre un penalty à la France pour la panenka légendaire de Zidane (0-1, 7e). Mais Materazzi se rattrape très vite avec ce coup de tête au-dessus de Vieira (1-1, 19e). En prolongation, un léger accrochage et quelques mots adressés à son adversaire font disjoncter Zidane, qui lui assène un coup de tête. Lors de la fatidique séance de tirs au but, il ne tremble pas et trompe Barthez avant de voir Trezeguet fracasser la barre de Buffon puis Grosso envoyer la Nazionale sur le toit du monde.

Le chiffre : 0

Comme le nombre de défaite de l'Italie en Coupe du monde lorsque Marco Materazzi a été titulaire dans cette compétition. Cela lui est arrivé quatre fois, en 2006, pour quatre victoires. Son bilan général dans l’histoire du Mondial : cinq apparitions, deux buts, un carton rouge. Et surtout un trophée de champion du monde.

L'archive de FF

Le 14 juillet 2006, cinq jours après la finale, FF écrit : «Depuis la finale de Berlin, son patronyme est répété à l’infini : Materazzi par ci, Materazzi par là, et tout le monde s’est demandé ce qu’il a bien pu dire à Zinédine Zidane pour que ce dernier lui assène un violent coup de tête. Toutes les versions ont été évoquées, religion, considérations familiales, en passant par quelques allusions aux récentes enquêtes sur le dopage en Espagne. "Nous nous sommes chauffés sur le terrain, a juste déclaré Materazzi. Il m’a chambré et je l’ai insulté. Mais rien de plus que ce que l’on peut entendre des milliers de fois sur un terrain. Une insulte à sa mère ? Vous plaisantez : j’ai perdu la mienne à quinze ans, alors je ne me serais jamais permis." On pourrait ajouter que Materazzi n’est pas toujours très fréquentable sur les pelouses. Référence à des phrases maladroites et surtout à certaines interventions très dures, notamment sur Ibrahimovic ou Chevtchenko, voire à une échauffourée avec Cirillo, défenseur de Sienne, dans les couloirs de San Siro, d’où ce dernier était reparti avec un bel œil au beurre noir. "Matrix", son surnom, a cette réputation de dur, de joueur sans peur. Un jour, à quelques minutes d’un derby milanais, il s’en va défier du regard la tribune des Ultras rossoneri. Inutile d’ajouter que les tifosi de l’Inter en ont fait l’une de leurs idoles. Toute l’Italie, aussi, avec la fantastique épopée de la Nazionale au Mondial 2006. Il faut dire que le rendement du joueur originaire des Pouilles, il est né à Lecce le 19 août 1973, a été exceptionnel et intense : appelé en cours de jeu face aux Tchèques à remplacer Nesta, blessé, il marque de la tête après quelques minutes, puis se fera expulser contre l’Australie. Materazzi marque à nouveau de la tête en finale, permettant à l’Italie de revenir à la hauteur des Bleus, puis réalise son propre tir au but. Impressionnant.»

Timothé Crépin