DRAME BOUKARY-BASTA DUSAN (L'Equipe)

Boukary Dramé (ex-PSG) : «Les Italiens vont beaucoup aimer Cristiano Ronaldo (Juventus)»

Formé au PSG, le latéral gauche Boukary Dramé, actuellement sans contrat et libre depuis la fin de son passage à la SPAL, pose un regard averti sur la Serie A après sept ans passés en Italie.

«Vous avez passé ces sept dernières années en Italie. La Serie A, c'est si particulier que ça ?
Oui, vraiment. Il y a là-bas un vrai amour du football, du maillot. Les enfants, dès la naissance, on leur inculque cet amour-là.

C'est ce qui vous a le plus frappé dans le football italien ?
Oui. Et le fait que beaucoup de femmes s'y intéressent, par rapport à la France par exemple. En Italie, tout le monde aime le football. Et puis ici, être footballeur est considéré comme un vrai métier, comme s'ils allaient au bureau et qu'ils avaient des dossiers à préparer. Il faut le faire à la perfection. Dans tous les clubs où je suis passé, c'est quasiment la même organisation : tu viens une heure avant, tu fais des massages, des étirements, du travail personnel. Et, après l'entraînement, tu prends encore du temps pour refaire des massages si tu as besoin, tu vas en piscine. Tu peux rester toute la journée au centre. En France, en tout cas ce que j'ai connu, ce n'était vraiment pas pareil. Ensuite, sur le terrain, c'est beaucoup de tactique, le jeu est souvent arrêté avec beaucoup d'explications pour qu'on comprenne ce que veut le coach. Il faut tout enregistrer. Au début, lors de mes premiers mois, c'était compliqué mais ensuite, je me suis adapté et je m'y suis fait. Au niveau de l'implication, c'est beaucoup plus professionnel en fait.

«L'Italie, c'est le bloc, le bloc, le bloc, on avance et on recule ensemble»

Cette mentalité risque de plaire à Cristiano Ronaldo, non ?
C'est un joueur très intelligent, très professionnel, qui aime travailler. Un gars comme lui, ils vont beaucoup, beaucoup, beaucoup l'aimer. Ah, ils aiment les gens qui bossent, qui sont rigoureux. Le football italien, ça lui conviendra très bien.

Même pour l'un des meilleurs joueurs de l'histoire du football, la Serie A reste un Championnat particulier ?
Oui. En Espagne, on ouvre le jeu pour aller marquer. En Italie, on joue pour ne pas prendre de but. Le discours, c'est : «Les mecs, avant tout, on ne prend pas de but». L'état d'esprit est différent. En Angleterre aussi, ça va de l'avant. L'Italie c'est différent. C'est le bloc, le bloc, le bloc, on avance et on recule ensemble.

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L'état d'esprit a évolué quand même. Cette philosophie, c'était peut-être celle de la SPAL la saison passée, non ?
Non. Vraiment, la base c'est ça : le bloc, pour ne pas prendre de but. Même face au dernier, c'est dur, ils peuvent marquer, ils peuvent gagner donc il faut faire attention car tu peux te louper. Après, c'est sûr, une équipe comme la Juve fait le jeu. Tout dépend de l'équipe en face. Mais, il suffit de voir la Juve en Ligue des champions. Face à d'autres très grosses équipes, ce n'est généralement pas elle qui prendra le jeu à son compte. Quoi qu'il arrive, il faut toujours une couverture, une assise défensive.

A la Juve, «ils ont une telle force de caractère qu'ils s'en sortent toujours». Après sept ans passés en Italie, Boukary Dramé sait de quoi il parle. (T. Gromik/L'Equipe)

En sept ans de Serie A, vous avez toujours vu le même club tout en haut. La Juventus est intouchable pour les autres ?
Elle a quand même failli être détrônée à un moment mais ils ont une telle force de caractère qu'ils s'en sortent toujours. Parfois, tu as l'impression qu'ils ont la tête sous l'eau mais non, ils ne lâchent pas. C'est la Juve quoi, voilà, c'est tout. Ils sont là, c'est des chiens, ils ne lâchent rien et avec leur mentalité ils sont toujours là. Les autres clubs, c'est ce qui leur manque parce qu'ils ont aussi de la qualité avec de très bons joueurs.

Quels joueurs vous ont le plus impressionné ?
Mandzukic. On n'en parle pas beaucoup et ce n'est peut-être pas évident à la télé mais, de près, il est vraiment impressionnant. Il participe à tout, au repli défensif, et offensivement il pèse, il marque, il fait tout. Edinson Cavani aussi, pareil. Lui, en plus, avait la chance que son équipe (Naples à l'époque) joue davantage pour lui. Mandzukic se fond dans le collectif, Cavani aussi mais le Napoli jouait quand même beaucoup pour lui. Et puis c'est un grand buteur. Il y a Cuadrado également. Lui c'est un vrai adversaire, il faut être concentré tout le match parce que s'il part, ça y est c'est fini. Il va à 2 000 à l'heure. Asamoah à l'Udinese puis la Juve, c'était quelque chose aussi.

Comment voyez-vous cette saison de Serie A ? Totti pense que la Juve est «hors concours».
Vu comme ils sont partis, on a l'impression que ça va se répéter, comme chaque année. Il a peut-être raison. On attend de voir quand même parce qu'on sait jamais. Mais quand la Juve part comme ça, qu'elle prend la confiance et que tout est au vert, c'est très difficile de l'arrêter. Il ne faut pas se mentir.»

«Mandzukic participe à tout, au repli défensif, et offensivement il pèse, il marque, il fait tout. (...) Il se fond dans le collectif»

Thomas Simon