lloris (hugo) (F.Seguin/L'Equipe)

Bleus : Après Hugo Lloris (équipe de France), le déluge ?

Derrière l'indéboulonnable Hugo Lloris, aucun gardien n'offre - pour le moment - de vraies garanties en équipe de France. Le point avec le Suisse Thierry Barnerat, instructeur FIFA et spécialiste du poste de gardien de but.

«On entend souvent parler d’anticipation pour les gardiens alors que, la plupart du temps, il faut parler de spéculation. C’est grandement différent. Sur sa lecture du jeu, dans sa capacité à lire l’attaquant et son intention, savoir dans quel espace il est et à s’orienter correctement par rapport aux situations, Hugo Lloris est exceptionnel, dans les trois meilleurs au monde, si ce n’est le meilleur. Le seul bémol c’est qu’il n’a pas de pied droit. Sinon c’est le top du top. Même s’il a des choses à nettoyer, comme on dit, Alphonse Areola a un temps d’avance et tout d’un grand : la taille, l’envergure, la présence, la technique, la lecture, la gestion du un contre un, la connaissance du rythme de l’action et le déclenchement. C’est fondamental. Et puis, s’il doit encore améliorer sa qualité d’appuis pour la poussée en bas, il a une super explosivité, sur les côtés, en hauteur et à mi-hauteur. Il a tout pour être le successeur. Après, c’est flou. Mike Maignan, il faut faire attention, c’est tout nouveau, c’est jeune. Le petit qui va venir, ça peut être Alban Lafont, qui est plus ou moins agile dans les espaces, qui a un sacré potentiel, mais je ne sais pas s’il est au bon endroit, maintenant. Il n’est pas une phase simple, sur le plan psychologique.

J’ai un immense respect pour le football français et son niveau de formation, qui est extraordinaire. Mais pour les gardiens de but, cela fait 20 ans que ça n’a pas changé, que je vois les mêmes exercices, avec des cerceaux, des piquets, qu’on est que sur la réaction, y aller à fond, avancer, toucher un poteau et sprinter à fond de l’autre côté comme des fous… Ce n’est pas foot, il n’y a aucune réalité match. Les gardiens français ne sont pas moins bons que les autres mais il y a un problème de méthodologie, qui n’a pas évolué. La base de travail, ça doit être : du jeu à l’action, et de l’action à l’entraînement. C’est-à-dire qu’il faut créer une action de jeu et en faire son entraînement. Et puis il faut savoir s’orienter dans le but, construire les repères cognitifs, les repères dans l’espace et donner le rythme à l’action. En France, on a des gardiens très explosifs qui ont un développement athlétique énorme mais qui ont zéro développement technico-tactique et qui sont faux dans l’espace.» - T.S.

«Les gardiens français ne sont pas moins bons que les autres mais il y a un problème de méthodologie, qui n'a pas évolué.»

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