pavard (benjamin) (P.Lahalle/L'Equipe)

Benjamin Pavard, le grand écart

Champion du monde et héros de l'été, le jeune défenseur des Bleus est aujourd'hui dernier de Bundesliga avec le VfB Stuttgart. Une situation paradoxale, difficile à vivre même si en Allemagne personne ne semble lui en vouloir.

«Benjamin Pavard, Benjamin Pavard, Je crois pas que vous connaissez, Il sort de nulle part.» Ça, c’était avant ; avant la «frappe de bâtard» qui a changé le destin des Bleus face à l’Argentine ; avant le sacre de Russie. La chanson est sur toutes les lèvres et Pavard un des héros de juillet, sans doute l’un des plus inattendus. Oui, qui connaissait ce jeune défenseur de 21 ans, convoqué pour la première fois en novembre 2017 par Deschamps, lui qui avait quitté à l’été 2016 le placard lillois dans lequel il se morfondait pour Stuttgart en D2 allemande ? Qui s’attendait à ce qu’il figure parmi les 23 du Mondial ? Qui le voyait titulaire, sauveur de la nation face à la bande à Messi et aujourd’hui chanté dans toutes les cours de récré ?

Trois mois plus tard, l’atterrissage est violent : le VfB est dernier de Bundesliga et Pavard enchaîne les performances moyennes, voire médiocres, aussi bien en club qu’en sélection. Didier Deschamps n’a pourtant pas hésité à le rappeler pour la double confrontation face aux Pays-Bas et l’Uruguay et le soutient - «Il n’était pas le meilleur latéral droit du Mondial, il n’est pas devenu le plus mauvais» - tout en mettant un bémol - «La concurrence n’est pas la même à tous les postes»-. Pavard ne serait-il que le tube de l’été ? FF est allé enquêter du côté de Stuttgart ou sa cote est toujours au plus haut malgré les mauvaises performances du VfB.

Là-bas aussi la Pavardmania s’est propagée durant l’été. Il y a eu de la fierté de compter un champion du monde au sein du club, le troisième seulement après Buchwald en 90 et Dunga en 94. De la reconnaissance aussi pour celui qui a choisi de rester au moins une saison supplémentaire alors qu’il attisait la convoitise de cadors comme le Bayern. «On avait prévu qu’il subisse un contrecoup après ce qu’il a vécu, reconnaît Michal Reschke, le directeur sportif du VfB. Ce qui ne l’était pas, c’était le démarrage compliqué de l’équipe.» Les glorieux anciens du club que sont Guido Buchwald ou Karl-Heinz Förster ne sont pas non plus étonnés, pas plus qu’ils ne s’inquiètent trop pour le jeune champion du monde dont ils pensent qu’il peut sortir grandi et plus mature d’une telle expérience. Benjamin Pavard, lui, a mis de côté toutes les sollicitations et se réfugie dans le travail pour retrouver la fraîcheur qui était sa force.

«On avait prévu qu'il subisse un contrecoup après ce qu'il a vécu. Ce qui ne l'était pas, c'était le démarrage compliqué de l'équipe.»

Patrick Sowden

Pavard, le grand écart, un dossier de cinq pages à retrouver dans le FF en kiosque mardi ou ici en version numérique dès lundi.