22.10.2019, Etihad Stadium, Manchester, ENG, UEFA CL, Manchester City vs Atalanta BC, Gruppe C, im Bild Benjamin Mendy of Manchester City // Benjamin Mendy of Manchester City during the UEFA Champions League group C match between Manchester City and Atalanta BC at the Etihad Stadium in Manchester, England on 2019/10/22. EXPA Pictures © 2019, PhotoCredit: EXPA/ Focus Images/ Matt Wilkinson *****ATTENTION - for AUT, GER, FRA, ITA, SUI, POL, CRO, SLO only***** (Matt Wilkinson/Focus Images/EX/PRESSE SPORTS)

Benjamin Mendy (Manchester City) : l'âge de raison ?

Escorté d'une flatteuse réputation lors de son arrivée à Manchester, le latéral gauche des Citizens n'a pas encore eu l'occasion de confirmer toutes les promesses outre-Manche. La faute à de trop nombreuses blessures. À vingt-cinq ans et alors qu'il s'apprête à retrouver les Bleus, l'ancien de Monaco est à un tournant de sa carrière.

Il y a deux images qui collent à la peau de Benjamin Mendy, ces derniers temps. Celle d'un garçon continuellement joyeux, d'abord, ambianceur de vestiaire s'il en est. Et celle d'un joueur fragile, ensuite, depuis que le ligament croisé antérieur de son genou droit s'est rompu, fin septembre 2017. «Certains oublieraient presque qu'il s'agit d'un super joueur de football et c'est dommage, lance Jean-Michel Badiane, consultant Premier League pour RMC Sports. Car il s'agit d'un garçon qui, lorsqu'il est en pleine possession de ses moyens, apporte énormément à une équipe. Dans plein de registres différents, pas seulement par des aller-retours sur son côté.»

Ce sentiment m'a tellement manqué. J'espère que plus personne ne mettra en doute mon amour pour ce jeu. Je donnerai toujours tout pour mon équipe et ceux qui croient en moi (et les blagues sur mes blessures ne sont plus originales). Merci pour le soutien.

«C'est un joueur très costaud, il est jeune» (Pep Guardiola à l'été 2017)

À l'été 2017, Pep Guardiola ne s'y est pas trompé. Convaincu par la saison 2016-2017 du gaucher sur le Rocher, ponctuée de 11 (!) passes décisives, d'un titre de Champion de France et d'une demi-finale de Ligue des champions, le Catalan avait demandé à ses dirigeants de tout mettre en œuvre pour s'attacher ses services. Après que City ait raflé la mise pour 57 millions d'euros, le manager n'avait pas masqué sa satisfaction. «C'est un joueur très costaud, il est jeune, c'est pour cela qu'il a fallu payer un peu plus, il est là pour les cinq à sept années à venir, estimait-il à l'époque. C'est une grande source de satisfaction qu'il ait décidé de nous rejoindre. Nous aimerions qu'il joue pour nous comme il a joué les deux dernières saisons à Marseille et Monaco.»

Du mieux depuis le début de l'automne

Oui mais voilà, depuis son arrivée chez les Skyblues, le natif de Longjumeau n'a disputé que 20 rencontres de Premier League. Et s'il a laissé entrevoir l'étendue de son talent par séquences (6 passes décisives en Championnat, notamment), le champion du monde suscite désormais plus d'interrogations que de commentaires élogieux outre-Manche. D'autant plus que le début de saison a donné du grain à moudre aux sceptiques. À nouveau en délicatesse avec un genou (l'autre), il a manqué six des onze premières journées de Championnat disputées par City.
Mais les plus optimistes ne manqueront pas de souligner que cela va mieux pour le Frenchie depuis début octobre. Titulaire lors de six des neuf dernières sorties des Citizens, le gaucher semble même (enfin) sur la bonne voie. C'est en tout cas l'avis de Jean-Michel Badiane, qui a eu l'occasion de l'observer de près lors de deux rencontres de Premier League cette saison. «Il m'a fait bonne impression. Tout n'est pas simple lorsque vous revenez de plusieurs pépins physiques car vous avez toujours le sentiment de bricoler un peu avec votre corps. Mais je l'ai trouvé bien, notamment sur le plan athlétique. Pour le reste, vous ne perdez pas vos qualités, même après une longue absence. Et Benjamin, il en a beaucoup...»

«Ben, c'est un peu Obélix»

Franck Passi a très vite eu l'occasion de s'en rendre compte, lors des premières séances d'entraînement marseillaises de l'international tricolore, à l'été 2013. «Dès qu'il est arrivé à l'OM, on a compris que l'on avait affaire à un phénomène, se remémore l'ancien adjoint de Marcelo Bielsa. En plus de sa vitesse et de sa capacité à aller vers l'avant, il terminait déjà très bien les actions. Il a une qualité de centre et de passe exceptionnelle.»

«Tombé dans la potion magique étant petit» (Franck Passi à propos de Benjamin Mendy)

Voilà pour les souvenirs. Concernant le futur de son ancien protégé, l'ancien milieu de terrain émet malgré tout une petite réserve. «Ben, c'est un peu Obélix : il est tombé dans la potion magique étant petit. C'est ça, son problème. Pour ce type de garçon, le plus dur c'est de comprendre qu'il faut continuer de bosser, quotidiennement. Tout va dépendre de l'état d'esprit qui l'animera dans les prochaines semaines.»

«Une qualité technique exceptionnelle»

Car si l'on s'en tient au terrain, Benjamin Mendy n'a que peu d'équivalent. Puissant, capable de bien défendre, l'ancien olympien se distingue aussi et surtout par une «qualité technique exceptionnelle», dixit Jean-Michel Badiane. Des facilités avec le ballon qui ont conduit Pep Guardiola à l'utiliser au cœur du jeu, par séquences. Sans que le latéral n'éprouve la moindre difficulté à assumer ce nouveau rôle. En témoigne son pourcentage de passes réussies (rarement en deçà de 85%) depuis qu'il a traversé la Manche. À cette précision dans le jeu s'ajoute une propension à dévorer les espaces et à distiller des bons centres qui fait dire à l'ancien défenseur du Paris Saint-Germain que celui qui compte vingt sélections n'en est qu'au début de son histoire chez les Bleus. «Il va finir par s'imposer en équipe de France, estime Badiane. On n'a encore rien vu...»

Franck Passi partage l'avis de l'ancien Parisien mais renvoie prudemment à l'extra-sportif. «Encore une fois, ça va dépendre de comment il sera dans sa vie personnelle. Lucas Hernandez (qui manquera le prochain rassemblement sur blessure, NDLR) est très fort, notamment défensivement et dans l'attitude. Mais offensivement, Benjamin est un ovni. Il n'y a que très peu de joueurs de son niveau à ce poste. Tout dépendra donc de ce qu'il veut faire. C'est lui qui va décider. En tout cas, ça passera par une exigence accrue sur le plan du travail invisible.»

Vacances studieuses

Cet été, après un «nettoyage» de son ménisque, le numéro 22 s'est astreint à des soins quotidiens et à des séances physiques très intenses dans l'espoir de retrouver son meilleur niveau. Le tout durant deux mois, du côté de Barcelone, puis à Manchester, lorsque ses coéquipiers étaient en sélection. Concilio e labore*, tant pis pour les vacances. Bien lui en a pris puisque ses efforts n'ont pas échappé à Didier Deschamps, qui a décidé de le rappeler pour les deux prochains matchs des Bleus. En faisant sienne la maxime de sa ville d'adoption, Benjamin Mendy vient peut-être de donner une nouvelle tournure à sa carrière.

Thym Pinon

* «Par sagesse et travail», devise de la ville de Manchester.

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