Ablaï Baldé sous les couleurs du Paris FC (L'Equipe)

Baldé : «Forcément, je me voyais plus haut»

Il y a dix ans, Ablaï Baldé était sacré meilleur joueur de l'Euro U19 remporté par l'équipe de France des Lloris, Diaby, Cabaye ou Gourcuff. Aujourd'hui, l'attaquant évolue au Paris FC, en National.

La joie d'Ablaï Baldé et ses coéquipiers. (L'Equipe)

Cette semaine, Ablaï Baldé va disputer une rencontre importante, à Paris et avec un maillot bleu sur les épaules. France-Brésil ? Il aurait pu en rêver. Au lieu de ça, l'attaquant de 28 ans se prépare à affronter Luçon, vendredi avec le Paris FC, pour le compte de la 26e journée de National. Pourtant, il y a près de dix ans, il était sacré meilleur joueur de l'Euro U19 remporté par les Bleuets. L'écart est grand, d'autant que ses partenaires de l'époque avaient pour nom Hugo Lloris, Younès Kaboul, Abou Diaby, Yohan Cabaye ou Yoann Gourcuff.

« Dix ans en arrière, je ne me serais pas vu au PFC aujourd'hui, c'est sûr, confie l'intéressé en toute franchise. Mais chacun son destin. J'ai démarré très fort, j'ai connu un gros creux, mais je suis convaincu que je vais retrouver le monde pro. J'ai fait des erreurs, je les ai payées. Après, forcément, à la sortie du Championnat d'Europe, je me voyais plus haut…» On le comprend. Invité surprise de la liste de Jean Gallice (« Quand le staff avait commencé à me superviser, je n'y pensais même pas ! »), Ablaï Baldé avait surfé sur son excellente fin de saison avec Amiens (7 buts en 11 matches de L2).
 
Durant le tournoi, il avait planté quatre fois en cinq rencontres, y compris en finale face à l'Angleterre (3-1), et s'était fait un nom au milieu d'une génération exceptionnelle. « Dès que je suis arrivé à Clairefontaine, j'étais sûr qu'on allait gagner. Même à la mi-temps de la finale (0-1), il n'y avait aucune panique. On était sûrs de nous. Et à la fin, dans le vestiaire, c'était n'importe quoi… On prenait des photos à tout va !» Pas pour faire les malins sur les réseaux sociaux. Tout ça se passe en 2005, rappelons-le.

«Dix ans en arrière, je ne me serais pas vu au PFC aujourd'hui»

«Ce que vit Abou Diaby m'affecte»

De cette jeunesse dorée, le joueur de 29 ans a conservé quelques amitiés : Moussa Sow, Djamel Abdoun, mais aussi Abou Diaby. «A l'époque, c'est celui qui m'avait le plus impressionné, explique-t-il. Yoann Gourcuff aussi était au-dessus, mais Abou, il avait tout. Ce qu'il vit aujourd'hui m'affecte, parce que c'est un mec au top humainement. Je suis admiratif parce qu'il ne lâche pas, il se bat toujours pour revenir. S'il avait été épargné par les blessures, il ferait partie des meilleurs milieux de terrain au monde ! Il sait tout faire : défendre, attaquer, il est technique, il va vite… Tout le monde est unanime là-dessus : Abou, c'est le talent pur.»
 
Si son pote Diaby cherche toujours la sortie du tunnel, Baldé a longtemps cherché sa voie, au point de s'exiler aux Émirats arabes unis (Hatta Club, février-juin 2010) ou en troisième division italienne (Lumezzane, janvier-juin 2012). «En France, on disait que j'avais un caractère bizarre, que j'avais pris la grosse tête… J'en ai eu ras le bol. Et franchement, quand je me suis retrouvé à Dubaï, tout seul, à 23 ans, et que ça se passait mal… Je me suis dit : ''Ça commence à me saouler, je vais arrêter !'' Ça m'a traversé l'esprit, mais jamais je n'aurais eu le cran de le faire.»

Il ne rêve plus des Bleus mais de L2

Aujourd'hui épanoui et proche de la montée en L2 avec le Paris FC («Je suis investi à 200%, c'est ma ville d'origine donc ce projet me tient à coeur»), Ablaï Baldé assure ne jamais avoir éprouvé de «jalousie» quand certains compagnons d'épopée sont devenus internationaux. Le «ça aurait pu être moi», très peu pour lui. «C'est vrai qu'il y a des moments où je me dis que si j'avais fait d'autres choix, ma carrière aurait été différente. Mais j'assume.» Malgré les soubresauts, il est toujours en activité. Trois des champions d'Europe 2005, Olivier N'Siabamfumu, Mohamed Chakouri et Yassin Moutaouakil, ne peuvent pas en dire autant.

Cédric Chapuis