Mario Mandzukic (Juventus) contre l'Inter Milan (L'Equipe)

Avec les nouveaux positionnements de Pjanic, Mandzukic et Cuadrado, la nouvelle Juve est arrivée

Depuis trois semaines, Massimiliano Allegri a modifié son système de jeu (4-2-3-1 au lieu du 3-5-2 habituel) et redistribué certains rôles. Et ça marche. Bilan de la séquence actuelle ? Quatre matches et quatre victoires, la dernière en date dimanche contre l'Inter (1-0).

C'est en se réveillant un beau matin, trois jours après la défaite du 15 janvier sur le terrain de la Fiorentina (1-2), que Massimiliano Allegri a décidé de changer de schéma de jeu, de mettre de côté son 3-5-2 habituel et de rééquilibrer différemment son équipe. Accessoirement aussi, de trouver une solution qui lui permette de pouvoir aligner en même temps Cuadrado, Pjanic, Dybala, Higuain et Mandzukic, de lui offrir de meilleures armes offensives, donc, tout en lui garantissant aussi une meilleure maîtrise technique, l'assise défensive indispensable, l'intensité voulue et l'agressivité nécessaire au milieu.
 
Il a donc redistribué certains rôles, notamment ceux de Pjanic (plus bas dans le coeur du jeu) et Mandzukic (désormais excentré côté gauche), modifié certaines associations («L'idée, c'est de faire jouer les joueurs au poste qui convient le mieux à leurs caractéristiques») et depuis, la Juve vient d'aligner quatre victoires : 2-0 contre la Lazio, 2-1 contre Milan (en quart de finale de la Coupe), 2-0 à Sassuolo et 1-0, dimanche dernier, contre l'Inter, sa 28ème victoire consécutive à domicile en Serie A.
 
Même si le champion en titre a changé deux fois d'organisation en fin de match pour tenir le résultat et répondre au coaching adverse (passage au 4-3-3 à la 71ème avec un milieu Marchisio-Pjanic-Khedira et une attaque Dybala-Higuain-Mandzukic, puis au 3-5-2 à la 85ème avec une défense Rugani-Bonucci-Chiellini, un milieu Dani Alves-Marchisio-Pjanic-Khedira-Alex Sandro et la paire Higuain-Mandzukic devant), sa nouvelle logique paraît convaincante. «Ce n'est peut-être pas notre schéma définitif, prévient néanmoins Allegri. Une saison est faite de moments et tout est toujours une question d'attitude collective et individuelle

Lorsqu'elle cherche à récupérer le ballon et à se projeter de nouveau vers l'avant, la Juve s'appuye désormais sur un 4-2-3-1 avec le duo Pjanic-Khedira dans le coeur du jeu. (L'Equipe)

Pjanic en meneur reculé

Miralem Pjanic n'est pas le nouveau Andrea Pirlo, celui qui illuminait le jeu de la Juve par ses passes longues, ses diagonales et son intuition géniale pour casser les lignes. Celui aussi qui faisait basculer parfois son destin sur coup de pied arrêté. Mais dans une position plus basse désormais, à laquelle Luciano Spalletti l'avait déjà installé la saison passée à la Roma, et où il peut à la fois travailler à la récupération avec Sami Khedira et à la construction, mieux utiliser son registre de passes face au jeu, mais aussi bien ressortir les ballons et se projeter vers l'avant quand Khedira reste en protection de l'axe, le Bosniaque s'est montré, jusqu'ici, très performant. Une certitude ? Après avoir perdu à la fois en puissance et en qualité technique depuis les départs d'Arturo Vidal (Bayern) et Paul Pogba (Manchester United), il était temps que la Juve trouve une solution plus satisfaisante dans le coeur du jeu. Maintenant, lorsque le leader de Serie A a terminé le match avec un milieu à trois Marchisio-Pjanic-Khedira, ce n'était pas mal non plus...

Pour trouver rapidement une solution dans la profondeur et éliminer d'un seul coup six joueurs de l'Inter, Pjanic est bien mieux dans une position plus basse avec tout le jeu devant lui. (L'Equipe)

Mandzukic pour équilibrer le côté gauche

Franchement, on n'imaginait pas Mario Mandzukic, lui l'attaquant axial, être aussi à l'aise sur un côté, du moins sur la durée, et capable de travailler autant et aussi efficacement dans le couloir gauche. A la récupération et dans la projection, mais surtout à la perte, où sa discipline dans le replacement, sa disponibilité pour offrir des solutions et son volume de courses sont surprenants. Depuis quatre matches, il n'a pas marqué et il n'a délivré qu'une seule passe décisive (pour Dybala contre la Lazio le 22 janvier), mais dans ses déplacements, dans les duels et le jeu aérien, comme par sa capacité à venir à l'intérieur pour épauler Gonzalo Higuain lorsque Paulo Dybala décroche, sa coordination avec le reste de l'équipe offre des pistes très intéressantes. «On le considère souvent comme un joueur avant tout physique, dit Allegri. Mais c'est oublier sa qualité technique et sa capacité à répéter les efforts. Il n'a décidément pas le même moteur que les autres... Je dirais même qu'il rajeunit.»

A la perte, le bloc de la Juve ressemble souvent à un 4-4-2 avec deux lignes de quatre très proches. Sur cette action menée par l'Inter, côté gauche, le replacement de Mandzukic à l'opposé est parfait. (L'Equipe)

Cuadrado pour percuter dans le couloir droit

Avant le changement de système, le bilan de Juan Cuadrado était le suivant cette saison, toutes compétitions : 19 matches, 1 but et 3 passes décisives. Depuis ? L'attaquant droit colombien vole : 4 matches, 1 but (celui qui a offert la victoire contre l'Inter dimanche dernier) et 2 passes décisives (une pour Dybala contre la Lazio, l'autre pour Higuain contre Milan). Et pourtant, dans cette configuration de jeu-là, il doit travailler davantage défensivement, comme un vrai milieu, et venir assurer les compensations et la couverture quand le latéral droit (Lichtsteiner ou Dani Alves) prend l'espace et la profondeur. Une fois intégré ça, c'est ensuite sa vitesse, sa capacité à provoquer et à éliminer en un contre un, sa qualité de centre, de dribble et de frappe, qui font actuellement la différence. Soit quand il percute et déborde. Soit lorsqu'il vient accélérer à l'intérieur du jeu et laisse le côté à Dybala ou à son latéral. Face au 3-4-2-1 de l'Inter, il s'est souvent régalé ainsi pour venir jouer entre les lignes et posé des problèmes à son adversaire direct, Danilo D'Ambrosio.

A la récupération, Cuadrado offre tout de suite de la profondeur à Pjanic pour profiter de l'espace laissé libre par la montée de D'Ambrosio et prendre à revers le 3-4-2-1 de l'Inter. (L'Equipe)

Patrick Urbini