(Fédération de Football des Com/D.R)

Avec les Comores, une CAN à l'accent «aïoli»

C'est fait, les Comores se sont qualifiées pour leur première phase finale de CAN après leur nul contre le Togo à Malouzini (0-0). Un destin qui doit beaucoup au sélectionneur Amir Abdou, en place depuis sept ans. (Crédit photo/FFC)

Mars 2014. France Football m’envoie à Plan-de-Cuques, dans les environs de Marseille, pour y suivre une sélection naissante, les Comores. Quelques jours auparavant, le sélectionneur Amir Abdou, m’a donné le feu vert pour être au plus près du groupe et raconter son fonctionnement. Un groupe, presque une famille, constitué intégralement de joueurs issus de la diaspora, et majoritairement de gamins nés à Marseille et autour, là où la communauté comorienne pèse environ 100 000 personnes.
 
A l’issue d’un stage où l’encadrement a fait preuve d’un professionnalisme et d’une organisation dignes des plus grandes sélections africaines, les «Coelacanthes» emmenés par l’un de leurs leaders, Ibrahim Rachidi, alias «Bouillon», tiennent en échec le Burkina Faso de Charles Kaboré, finaliste de la CAN 2013 (1-1). Je fais connaissance avec Youssef Mchangama, Fouad Bachirou, Nadjim Abdou ou encore Kassim Abdallah.

Amir Abdou, le sélectionneur comorien (Crédit photo/FFC) (FFC/D.R)

La fête à Moroni

25 mars 2021. Deux ans après avoir frôlé la qualification pour la CAN égyptienne, les Comoriens décrochent leur ticket pour la phase finale de la CAN 2021 au Cameroun, reprogrammée en janvier 2022. L’instant est historique, et partout dans l’archipel de l’océan Indien, c’est la fête. A peine un millier de personnes ont été autorisées à suivre le match de la délivrance contre le Togo (0-0), au stade Malouzini, situé sur Ngazidja, la Grande Ile, au sud de la capitale Moroni. De cette génération 2014, il reste encore quelques cadres.
 
Des jeunes sont venus s’y agréger, d’autres comme Ali Ahamada, le gardien de but, ont rejoint rapidement la caravane. La sélection compte un joueur «majeur», son buteur El-Fardou Ben Nabouhane, le goleador de l’Etoile Rouge de Belgrade, où il est une référence respectée. Et Amir Abdou, me demanderez-vous ? Le jeune technicien (49 ans), dont la réputation ne cesse de grandir, dirige depuis quelques mois le club champion de Mauritanie, le FC Nouadhibou, qui a su voir en lui un entraineur d’avenir, en plus d’un meneur d’hommes et d’un tacticien. Une double casquette dont il s’accommode sans jamais se plaindre, bien au contraire !

Les Comores, en cette fin d’hiver, occupent toujours la 130e place du classement FIFA et 36e nation africaine. Mais ce classement ne dit rien de la dynamique qui anime l’équipe. Ce sont bien les insulaires qui, invaincus dans leur groupe (victoires au Togo 1-0, contre le Kenya 2-1, nuls contre l’Egypte 0-0, le Togo 0-0 et le Kenya 1-1), auront le bonheur de disputer une première CAN l’année prochaine et pas le Togo, un ancien mondialiste. Il y a deux ans, d’autres insulaires avaient brillé sur la scène continentale, Madagascar, dont les Barea furent quart de finalistes. Et si, à Yaoundé ou Douala, c’était le tour des Coelacanthes ?

Décomplexés, ceux qui sont vite partis en Egypte, direction Le Caire, pour y disputer la 6e et dernière journée de ces éliminatoires de la CAN, auront sans doute des ambitions à faire valoir. Dans le jeu, c’est une évidence. Parce que les Comores ne sont pas du genre à calculer, quitte à ce que leur générosité - et un brin d’inexpérience – leur joue des tours. Que le Cameroun se prépare, la sélection «aïoli» est en route et prête à «assaisonner» ses adversaires. Avis aux gourmets.
 
Frank Simon