balotelli (mario) lautoa (wesley) ocampos (lucas) caleta car (duje) kamara (boubacar) (E. Garnier/L'Equipe)

Avec Duje Caleta-Car et Boubacar Kamara, le futur de la défense marseillaise se conjugue déjà au présent

Si l'OM reste sur trois succès consécutifs, il le doit en grande partie à une solidité défensive retrouvée. Symbole de ce renouveau, la jeune charnière composée de Kamara et Caleta-Car. Une duo qui a tout pour durer.

Nous sommes le 5 février, l’OM accueille Bordeaux pour le compte d’un match en retard dans un Vélodrome à huis clos. Les Marseillais sont en pleine crise, pointant à une triste septième place à neuf points du podium. Ils viennent de s’incliner à domicile face à Lille (1-2) puis en déplacement à Reims (2-1). Balotelli, Gustavo, Payet, Rami, Strootman, Thauvin… La liste des joueurs forfaits est vertigineuse. Rudi Garcia est au pied du mur, son équipe doit s’imposer sous peine d’être sur la sellette. L’entraîneur fait un choix fort en donnant les clés de sa défense aux jeunes Kamara et Caleta-Car au détriment de l’expérimenté Rolando, laissé sur le banc. Le pari s’avère gagnant. Kamara inscrit le seul but de la rencontre tandis que Caleta-Car réalise sa meilleure performance sous les couleurs de l’OM. Rudi Garcia ne s’y trompe pas en conférence de presse après la rencontre : «Ma charnière m’a plu, elle a été performante. L’association des deux a été satisfaisante». Les matches suivants, face à Dijon et Amiens, Rudi Garcia renouvelle sa confiance au tandem pour deux victoires et seulement un but encaissé. Au plus fort de la tempête, les joueurs de 19 et 22 ans ont pris leurs responsabilités pour maintenir le bateau à flot. 

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Dans une saison où le coach marseillais a un mal fou à trouver de la continuité dans le secteur défensif en utilisant dix duos ou trios différents dans des défenses à quatre ou à cinq, la charnière Caleta-Car - Kamara apporte un semblant de garantie depuis trois rencontres. Le minot du club se plaît avec son nouveau partenaire : «Il s’est bien adapté, je parle français avec lui sur le terrain. On se connaît bien à force de s’entraîner». Une impression confirmée par le Croate : «Il m’a fallu du temps pour m’adapter à un nouveau pays, une nouvelle culture. Aujourd’hui, tout est à sa place. Je crois en moi. J’ai confiance», a-t-il assuré dans une interview accordée à La Provence

«Il (Caleta-Car, NDLR) s'est bien adapté, je parle français avec lui sur le terrain. On se connaît bien à force de s'entraîner» (Boubacar Kamara)

L'avenir leur appartient. Le présent aussi ?

Les premiers mois de Caleta-Car à l’OM semblent déjà loin. A Marseille plus qu’ailleurs, on ne laisse jamais ce fameux temps d’adaptation. Alors beaucoup avaient déjà enterré le défenseur en le cataloguant comme un flop à vingt millions d’euros. Il faut dire que ses premières sorties furent un cauchemar. En début de saison à Nimes (défaite 3-1), le finaliste du Mondial a connu un enfer. Pareil un mois plus tard contre Francfort lors de la première journée de Ligue Europe (1-2) avant de sombrer lors de la défaite à Lyon (4-2) en étant expulsé après avoir été dépassé par les événements. Kamara, lui, n’a pas touché le fond comme son compère. Mais il a aussi connu une saison tumultueuse. Après un début de saison convaincant, il a été baladé par Rudi Garcia aux postes de milieu défensif et latéral gauche pour pallier aux absences, lui faisant perdre en régularité, puis sa place de titulaire. 

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Cette mauvaise passe est désormais de l’histoire ancienne. Sur le terrain, Caleta-Car et Kamara sont complémentaires. Le premier est à l’aise dans les duels aériens, dur sur l’homme, tout en ayant un jeu long de qualité. Le second comble la relative lenteur de Caleta-Car avec sa vitesse et sa bonne lecture du jeu. Le duo est promis à un bel avenir. «On peut penser que ça sera la charnière d’avenir de l’Olympique de Marseille», prévoit Rudi Garcia. N’est-elle pas également celle du présent ? Absent depuis plus d’un mois, Adil Rami est de retour. Le Français est un cadre du vestiaire. Il prétend forcément à une place de titulaire. Mais la mérite-t-il ? Rien n’est moins sûr. On a souvent reproché à Rudi Garcia sa frilosité et sa mansuétude envers les joueurs expérimentés. Le technicien a l’occasion de montrer qu’il est un coach audacieux qui s’accommode peu des statuts. Et s'il veut un exemple qui justifie de faire confiance sur le long terme à des jeunes dans un secteur où l’expérience est souvent priviligiée, le coach doit regarder outre-Rhin. Lucien Favre est leader de Bundesliga avec une défense centrale composée de Zagadou (19 ans), Diallo (22 ans) ou encore Akanji (23 ans)…

Mehdi Elouar